12 Si l'on proclame que Christ est ressuscité des
morts, comment certains d'entre vous disent-ils qu'il n'y a pas de résurrection
des morts?
13 S'il n'y a pas de résurrection
des morts, Christ non plus n'est pas ressuscité,
14 et si Christ n'est pas
ressuscité, notre prédication est vide, et vide aussi votre foi.
15 Il se trouve même que nous
sommes de faux témoins de Dieu, car nous avons porté un contre-témoignage en
affirmant que Dieu a ressuscité le Christ alors qu'il ne l'a pas ressuscité,
s'il est vrai que les morts ne ressuscitent pas.
16 Si les morts ne ressuscitent
pas, Christ non plus n'est pas ressuscité.
17 Et si Christ n'est pas
ressuscité, votre foi est illusoire, vous êtes encore dans vos péchés.
18 Dès lors, même ceux qui sont
morts en Christ sont perdus.
19 Si nous avons mis notre
espérance en Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre
de tous les hommes.
20 Mais non; Christ est ressuscité
des morts, prémices de ceux qui sont morts.
Prédication :
Je voudrais me souvenir avec vous d’une longue énumération que Paul fait des apparitions du Christ après sa résurrection. C’est dans la première aux Corinthiens, au quinzième chapitre. « …il a été ressuscité le troisième jour, conformément aux Écritures, et il est apparu à Pierre, (…) à plus de cinq cent frères en même temps, dont la plupart vivent encore maintenant, tandis que certains parmi eux sont morts… », c’est juste avant les versets que nous avons lus à l’instant.
Et nous allons retenir ceci : lorsque Paul écrit aux Corinthiens, vers l’an 55, il existe encore des témoins vivants de ces apparitions – Paul en est un, le dernier, le moindre, comme il le dira de lui-même.
En face de gens qui pourraient dire le oui et le non, il y en a qui peuvent dire je l’ai vu de mes yeux. Sans d’ailleurs en retirer forcément une autorité particulière.
La situation des hommes de ce temps diffère de la nôtre : car pour nous les apparitions du Ressuscité relèvent de l’acte de foi, de la réflexion et de l’interprétation. C’est un peu comme Dieu, nul ne l’a jamais vu, mais Jésus nous l’a fait connaître, transformé en Christ ressuscité, nul ne l’a jamais vu, mais Paul nous l’a fait connaitre (pour les évangiles, qui viennent après Paul, il faut dire autre chose, ce qui pourrait être l’occasion d’un autre sermon).
Notre situation donc, est d’être devant notre texte, devant aussi les confessions de foi de notre Eglise, et de chercher une signification à tout ça, c'est-à-dire, le plus difficile, à la résurrection.
Dans ma situation, et c’était le milieu des années 70, j’entendais assez souvent, pendant la prédication, le mot kérygme. Lorsque des mots de ce genre apparaissent dans la bouche des prédicateurs, c’est qu’il y a un sujet universitaire qui, pertinent ou pas, infiltre pendant quelques temps le langage de la prédication. Kérygme, on ne l’entend plus du tout aujourd’hui. Suivant les périodes, on entendit parler du courage d’être, des ellipses à deux foyer – toutes les ellipses ont deux foyers, du savoir être, et j’en passe. Ces mots ayant une sorte de fonction d’autorité conclusive. Ils achèvent la réflexion, ils finissent la discussion.
Kérygme, ça vient d’un verbe grec qui signifie proclamer. Ça n’est pas la longue réflexion de l’étude ni le côté construit de la prédication et de la confession de foi, c’est plutôt un cri, une phrase, c’est incisif, et bref. C’est une exclamation.
Quel est donc le kérygme de la foi chrétienne ?
La question de la résurrection des morts n’était probablement pas une question réservée aux chrétiens. Par exemple, après la mort de l’Empereur Néron (68), il y eut des gens, justement en Grèce et plus à l’est encore, des gens pour proclamer sa résurrection, il y eut de véritables mythologies de la résurrection de Néron. Mais c’était un empereur, et nous pouvons penser que des gens plus simples que des empereurs ont été pleurés, et espérés ressuscités par leurs survivants. En ce temps-là donc, les morts ressuscitent. Quand et comment, nous n’avons pas de précisions, sauf que ce peut être d’une manière visible : ils apparaissent. Et il y a là quelque chose de massif, de certain, quoique la chose soit discutée par d’autres.
Christ est ressuscité, tel est le kérygme de la foi chrétienne. Il y en a qui contestent. Le motif de la résurrection du Christ est, pour Paul, que tous les humains ressuscitent. La démonstration est très simple, par l’absurde. Si donc les morts ressuscitent, vu que Christ est homme, mort, il ressuscite. C’est ultra simplissime. Reste juste à s’expliquer sur le fait que, s’agissant des morts, au temps de Paul, en notre temps, nous n’en avons jamais rencontré qui soient sortis de leurs cercueils. Paul se sort de cette ornière en affirmation que Jésus est ressuscité des morts, premier de tous les morts à être ressuscité, tous les autres morts devant ressusciter dans un certain futur.
Mais toute cette démonstration par l’absurde est pour elle-même sans véritable intérêt. Car il s’agit du kérygme de la foi chrétienne, et pas d’une leçon de chose. La proclamation la plus centrale, le cœur battant de la foi chrétienne, ne souffre aucun effort de démonstration, elle est d’une autre nature. Elle se proclame et elle se voit. Et même lorsque tous les témoins des apparitions du Christ ressuscité ont disparu, la proclamation demeure. Elle demeure, par la parole des témoins et des témoins des témoins, elle demeure aussi dans le texte qui la soutient lorsqu’elle est lue et qu’elle devient résurrection.
Le kérygme donc, la proclamation centrale de la foi chrétienne, met en route une espérance là où il semble qu’il n’y ait pourtant aucune espérance possible.
Ce peut être dans la vie de communautés fatiguées. Ce peut être dans la vie des endeuillés. Et apparaît alors quelque chose à quoi s’attachent une nouvelle ouverture et un nouvel élan.
Et Paul vient donc là proclamer qu’au cœur de la foi chrétienne il y a la proclamation que Christ est ressuscité et que cette proclamation nourrit une espérance qui ne peut pas faillir. Amen