dimanche 28 octobre 2018

La pitié, l'Evangile, la Réformation (Marc 10,46-52)

Joyce Fienberg, 75 ans
Richard Gottfried, 65 ans
Rose Mallinger, 97 ans
Jerry Rabinowitz, 66 ans
les frères Cecil et David Rosenthal, 59 et 54 ans
les époux Sylvan et Bernice Simon, 86 et 84 ans
Daniel Stein, 71 ans
Melvin Wax, 88 ans
Irving Younger, 69 ans

Pittsburg, 27 octobre 2018

Marc 10

46 Ils arrivent à Jéricho. Comme Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une assez grande foule, l'aveugle Bartimée, fils de Timée, était assis au bord du chemin en train de mendier.
47 Apprenant que c'était Jésus de Nazareth, il se mit à crier: «Fils de David, Jésus, aie pitié de moi!»
48 Beaucoup le rabrouaient pour qu'il se taise, mais lui criait de plus belle: «Fils de David, aie pitié de moi!»
49 Jésus s'arrêta et dit: «Appelez-le.» On appelle l'aveugle, on lui dit: «Confiance, lève-toi, il t'appelle.»
50 Rejetant son manteau, il se leva d'un bond et il vint vers Jésus.
51 S'adressant à lui, Jésus dit: «Que veux-tu que je fasse pour toi?» L'aveugle lui répondit: «Rabbouni, que je retrouve la vue!»
52 Jésus dit: «Va, ta foi t'a sauvé.» Aussitôt il retrouva la vue et il suivait Jésus sur le chemin.

Prédication :

Aie pitié de moi ! C’est le cri réitéré de l’aveugle Bartimée. Sans tarder, nous nous demandons ce que réclame l’aveugle Bartimée. Réponse : il réclame que Jésus ait pitié de lui. Qu’est-ce que la pitié ? Définition du Grand Robert : « Sentiment altruiste qui porte à éprouver une émotion pénible au spectacle des souffrances d’autrui et à souhaiter qu’elle soient soulagées. » Cette définition va nous guider dans notre méditation.
Quelles sont les souffrances de Bartimée ?

Commençons  par ce que signale le texte, l’aveugle Bartimée était assis au bord du chemin, en train de mendier. L’aveugle est un mendiant. Ses souffrances sont les souffrances de tout mendiant. Si la pitié des passants est au rendez-vous, peut-être que le mendiant aura-t-il de quoi manger, sinon, il devra jeûner. Notons que le passant qui donne au mendiant ne se contente pas de souhaiter que les souffrances du mendiant soient soulagées, il agit concrètement pour qu’elles le soient. Cet acte est au-delà de ce que le Robert nous dit de la pitié, qui est un sentiment. Comment appelle-t-on l’action qui relève – parfois – de ce sentiment ? Une action responsable (avec Bonhoeffer). Bartimée est donc un mendiant qui, si nous le prenons au mot, tâche de susciter la pitié du passant annoncé, Jésus de Nazareth. Première souffrance de Bartimée : la souffrance de tout mendiant.
Bartimée donc crie. Et les gens le rabrouent pour qu’il se taise. C’est la seconde souffrance de l’aveugle. On le traite avec brusquerie, avec violence. Pourquoi ? Ils étaient en chemin vers Jérusalem et l’épisode que nous méditons est le dernier qui vient avant le commencement de la Passion. En route vers Jérusalem c’est, vraisemblablement, pour ceux qui accompagnent Jésus, l’affaire la plus importante de l’année – et peut-être de leur vie. Si l’appellation Fils de David est ici employée, c’est qu’il y a une affaire de messianité, et que les gens pensent que l’homme en route vers Jérusalem est celui qui va renouveler toutes choses. Les gens pensent cela et nous ne sommes personne pour pouvoir les blâmer. Mais nous pouvons remarquer que le sentiment enthousiaste de l’imminence du Salut semble bien asphyxier la pitié de ceux qui accompagnent Jésus. La seconde souffrance de Bartimée est ainsi le rejet violent dont il est l’objet de la part de la foule.
Mais Bartimée crie, et crie de plus belle. Les souffrances qui sont les siennes n’entament pas sa détermination : «  Fils de David, aie pitié de moi ! » Dans le texte, cette répétition nous signale au moins une chose : jusqu’ici, personne n’a eu pitié de l’aveugle Bartimée ; personne n’a éprouvé une émotion pénible au spectacle de ses souffrances ni n’a souhaité qu’elles soient soulagées. Et Jésus ? Va-t-il éprouver de la pitié pour l’aveugle Bartimée ? Nous sommes faits témoins de ses paroles et de ses actes. Jésus a dû éprouver une émotion pénible en entendant les cris mêlés de l’aveugle et de la foule, il a dû éprouver une émotion pénible aussi au vu du comportement si versatile de ceux qui l’accompagnaient. La troisième souffrance de Bartimée a dû être de s’entendre dire « Courage, il t’appelle ! » par les mêmes voix, tout aussi fortes, désireuses d’être bien entendues par tous, ces mêmes voix qui, un instant plus-tôt, lui intimaient de se taire…
Jésus a souhaité que les souffrances de l’aveugle soient soulagées, et il les a soulagées selon ce qui était en son pouvoir, en s’arrêtant sur le chemin, en le faisant appeler, en interrogeant sa volonté, puis en le guérissant. En somme, Jésus, conformément à ce qui était attendu de lui, a eu pitié de l’aveugle et l’a donc guéri.

Mais en faisant cela, à ce moment précis du récit et précisément de cette manière, Jésus ne guérit pas simplement en passant un aveugle de plus.
Cet épisode de guérison est le dernier avant le commencement de la Passion. En route pour Jérusalem, en route pour la Gloire et pour la pleine manifestation de la grandeur du Fils de l’homme, il demeure important manifestement à Jésus – à Marc l’évangéliste – voire prioritaire – d’éprouver de la pitié et d’agir de manière responsable. Ce qui signifie que le service du prochain n’est pas une option de l’Evangile, il en est une constante, un pilier. C’est que l’Evangile est concret, il doit l’être, toujours, même et surtout lorsque de grands bouleversements théologiques sont en cours. L’imminence de la fin des temps ne doit jamais faire oublier la permanence de la misère. Et quand bien même il ne resterait à l’humanité entière qu’une ou deux heures à vivre, il serait encore temps de soigner un blessé, de nourrir un affamé ou de consoler un enfant. Il serait encore temps de se mettre au service de celles et ceux qui souffrent.
Ce que fait Jésus. Que veux-tu que je fasse pour toi, demande aussi Jésus à l’aveugle. En interrogeant la volonté de l’aveugle, il déclare qu’il se met à son service, à sa disposition. Comme il le fait aussi dans l’épisode précédent. Comme il s’était mis au service de Jacques et Jean, Jésus se met à cet instant au service de Bartimée. En mettant toute sa puissance au service d’un homme qui n’a rien à lui donner, Jésus agit ainsi ici de manière totalement gratuite, comme un serviteur, ou mieux, comme un esclave – quelqu’un qui n’agit que selon la volonté de son maître et qui n’en attend ni compliment ni gratification….
Avec pour conséquence que l’ex-aveugle Bartimée le suit ensuite sur le chemin. Quel chemin ? Celui de la Passion, chemin qui verra toutes les observations de notre méditation être portées à leur paroxysme. Et Bartimée, jusqu’où ira-t-il ? Nous ne le savons pas. Il est l’homme pour lequel Jésus aura franchi l’une des dernières marches de cet abaissement dans lequel se réalise en pleine vérité tout le drame de l’Evangile. Que reste-t-il donc en quoi Jésus ne s’est pas encore abaissé ? L’entrée triomphale dans Jérusalem, le partage du dernier repas, le don final de soi, et la mort des esclaves, la Croix, plus le silence final des femmes auxquelles la résurrection est annoncée par l’ange, mais qui, effrayées, s’enfuient et ne disent rien à personne.

Et maintenant ? Le titre de l’évangile de Marc est « Commencement de l’Evangile de Jésus Christ Fils de Dieu. » Donc tout le récit après le titre, n’est que le commencement. Et la suite, alors ? Il appartient au lecteur de l’écrire, avec sa vie, sa parole et son sang. 

Comme nous fêtons la Réformation, que nous avons parlé abondamment de Luther l’année dernière, et qu’il ne faut pas donner à Luther plus d’importance que l’importance colossale qu’il a eue, nous allons nommer quelques autres personnalités notables.
Luther, Brenz (le corps du Seigneur est partout depuis son Ascension) Osiander (Königsberg) ;
Melanchthon ;
            Müntzer ;
            Knox ;
Zwingli (Zürich)(le corps du Seigneur n’est nulle part sur terre depuis son Ascension), Oecolampade (Bâle) ;
Zell (à Strasbourg avant Bucer), Bucer (Strasbourg), Hedion (Strasbourg)
Capiton (Strasbourg), Sturm (Strasbourg) ;
            Bullinger (Zürich), Calvin (Genève), Farel, Bèze (Genève), Castellion ; Viret ;
            Grebel, Manz, Simons…

            Que leurs noms ne soient pas oubliés.
            Et puissions-nous après eux continuer l’Evangile. Amen

dimanche 21 octobre 2018

Le Messie serviteur (Marc 10,32-45)


Marc 10
32 Ils étaient en chemin et montaient à Jérusalem, Jésus marchait devant eux. Ils étaient effrayés, et ceux qui suivaient avaient peur. Prenant de nouveau les Douze avec lui, il se mit à leur dire ce qui allait lui arriver:
33 «Voici que nous montons à Jérusalem et le Fils de l'homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes; ils le condamneront à mort et le livreront aux païens,
34 ils se moqueront de lui, ils cracheront sur lui, ils le flagelleront, ils le tueront et, trois jours après, il ressuscitera.»
35 Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s'approchent de Jésus et lui disent: «Maître, nous voudrions que tu fasses pour nous ce que nous allons te demander.»
36 Il leur dit: «Que voulez-vous que je fasse pour vous?»
37 Ils lui dirent: «Accorde-nous de siéger dans ta gloire l'un à ta droite et l'autre à ta gauche.»
38 Jésus leur dit: «Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, ou être baptisés du baptême dont je vais être baptisé?»
39 Ils lui dirent: «Nous le pouvons.» Jésus leur dit: «La coupe que je vais boire, vous la boirez, et du baptême dont je vais être baptisé, vous serez baptisés.
40 Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, il ne m'appartient pas de l'accorder: ce sera donné à ceux pour qui cela est préparé.»
41 Les dix autres, qui avaient entendu, se mirent à s'indigner contre Jacques et Jean.
42 Jésus les appela et leur dit: «Vous le savez, ceux qu'on regarde comme les chefs des nations les tiennent sous leur pouvoir et les grands sous leur domination.
43 Il n'en est pas ainsi parmi vous. Au contraire, si quelqu'un veut être grand parmi vous, qu'il soit votre serviteur.
44 Et si quelqu'un veut être le premier parmi vous, qu'il soit l'esclave de tous.
45 Car le Fils de l'homme est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude.»
Prédication :
            Car le Fils de l’homme est venu non pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude.
           
            Je voudrais, pour commenter ce verset, faire d’abord quelques remarques sur les cultes, les fidèles et les Dieux du Proche Orient ancien. Je dis bien les cultes, les fidèles et les Dieux, car il ne faut pas penser trop hâtivement que ‘les Hébreux’ ont toujours été extraordinairement originaux dans leurs habitudes cultuelles. Par exemple, l’architecture de leurs temples n’avait rien de particulier, et leurs manières de sacrifier des animaux n’étaient pas très différentes de celles des peuples voisins. Il n’est même pas certain que la lutte contre l’idolâtrie et le détournement de la religion ait été une spécialité des Hébreux. Nous n’avons pas vraiment de raison de penser que les gens d’Israël étaient foncièrement moins sots que leurs avoisinants, ni que leurs avoisinants n’étaient pas autant qu’Israël menacés par des dérives autocratiques et idolâtres.
Ce qui a différencié – mais tardivement – Israël des autres peuples sémites qui se partageaient l’ancienne Palestine, c’est d’avoir eu l’idée que son Dieu ne pouvait pas être représenté, qu’il avait un nom imprononçable, et qu’il avait une manière totalement singulière de mêler son destin à celui de son peuple. Cette idée, neuve entre toutes, n’a pas reçu l’assentiment de tous. Et même aujourd’hui, parmi les foules qui se disent chrétiennes, il n’est pas certain que tous reçoivent et accueillent une certaine idée – celle du messie esclave – que nous allons tâcher de préciser maintenant.

            Donnons encore quelques indications générales sur les Dieux. Les Dieux sont des puissances qui ordonnent qu’on les serve, qui vous procurent prospérité et longévité pourvu que vous accomplissiez le service qu’elles désirent. Ce service pouvait anciennement être rendu dans de nombreux lieux de culte, qui connaissaient à peu près tous le même rituel. La centralisation à Jérusalem (sous le roi Josias, 2 Rois 22) de tous les lieux de cultes ne changea pas grand-chose : il faut servir Dieu de la bonne manière ; un Dieu bien servi est un Dieu content, et un Dieu content est un Dieu qui sait remercier ses fidèles. Dieu aime être servi.
            En cas de guerre, en cas de péril majeur, mais surtout en cas de siège, l’exigence des Dieux assiégés peut devenir extrême. Le sacrifice que réclament alors les Dieux pour que l’ennemi cesse de vous assiéger, c’est le sacrifice du premier né du roi. Vous savez, pour être lecteurs notamment du 22ème chapitre de la Genèse, que le Dieu d’Abraham abhorre ce genre de sacrifice, et qu’il l’exige le sacrifice d’Isaac juste pour mettre à l’épreuve la foi du patriarche. Mais vous n’êtres pas naïfs, c’est Elohim qui parle au début du texte et IHVH à la fin. Il y a une hésitation sur Dieu et sur ce qu’il demande. Vous savez aussi que Jephté promit inconsidérément à Dieu, puis dût lui sacrifier sa fille unique (Juges 11,28 ss.). Vous savez que le roi Achaz fit passer ses propres fils par le feu (2 Chroniques 28) et que le roi de Moab (2 Rois 3,26 ss.), assiégé dans sa cité, vint égorger sur la muraille son fils le prince héritier, ce qui provoqua un tel écœurement chez les assiégeants qu’ils levèrent le siège. Bref, IHVH a peut-être horreur des sacrifices humains, mais ces sacrifices exercent sur certains auteurs bibliques une bien étrange fascination.
            Toutes ces remarques parlent des Dieux proche-orientaux et de leurs adorateurs. Le peuple hébreu que nous connaissons n’échappe guère à ces remarques. Ces remarques, nous allons maintenant les résumer : …car les dieux existent non pour servir mais pour être servis, et ils exigent le sacrifice de vies innocentes comme rançon des peuples qui les adorent.

            Cette dernière phrase doit vous rappeler quelque chose. Elle vous rappelle très précisément Marc 10:45 : …car le Fils de l’homme est venu non pour être servi mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. En mettant ces deux phrases en vis-à-vis, nous voyons qu’elles sont très exactement le contraire l’une de l’autre. Ainsi, sous la plume de l’évangéliste Marc, sous nos yeux, en une seule phrase, il y a la proposition d’un retournement absolu de la perspective religieuse.
Dans toute perspective religieuse, il y a le paysage théologique (Dieu, il est comment ?) et le paysage anthropologique (l’adorateur de Dieu, il est comment ?) Tel Dieu, tel adorateur ! Ou, tel adorateur, tel Dieu… Il est difficile, dans une réflexion comme celle que nous menons, de décider par avance si ce sont les hommes qui font Dieu à leur image, ou si c’est Dieu qui fait les hommes à son image. Les lecteurs du philosophe américain Alfred North Whitehead se souviennent souvent de ceci : « Il est aussi vrai de dire que c’est Dieu qui fait l’homme que de dire que c’est l’homme qui fait Dieu. » Je me souviens aussi d’avoir, au cours d’une rencontre universitaire, après la lecture de plusieurs textes de théologiens américains, avoir remarqué que le Dieu que ces auteurs, tous américains, mettaient en scène dans leurs textes avait toujours l’allure d’un business man à succès dont les fidèles étaient des associés…
Tel adorateur, tel Dieu. Et en Marc 10 ? Il y a deux paysages possibles : des disciples qui se préoccupent d’être le plus grand, le plus balaise, le mieux récompensé, serviteurs d’un Dieu boutiquier, exigeant, lointain, et invulnérable ; dans l’autre paysage, il y a un Dieu qui s’approche, qui enseigne, qui se donne, sera atteint et même détruit ; quels sont – ou quels devraient être – les adorateurs de ce Dieu ? C’est simplement écrit (v.43 et 44) : « Si quelqu’un veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur. Et si quelqu’un veut être le premier parmi vous, qu’il soit l’esclave de tous. » Parole du Fils de l’homme – autant dire, sans se faire de nœuds au cerveau – parole de Dieu. Qui veut de cette parole, de cette discipline et de ce Dieu ?

            Qui veut de cela ? Le texte que nous méditons maintenant est l’avant dernier épisode de l’évangile de Marc avant la Passion. Il est complété par un récit de guérison – celui de l’aveugle Bartimée, que nous méditerons en fin de semaine prochaine pour le culte de la Réformation. Mais disons tout de suite que, dans ce texte, c’est Jésus qui se fait serviteur, si ce n’est esclave, de l’aveugle Bartimée en lui demandant : « Que veux-tu que je te fasse ? »
            Si nous voulons aujourd’hui, répondre à la question « Qui veut de cela ? », il nous faut remonter de quelques lignes dans le texte biblique, et constater que les disciples de Jésus ne sont guère à leur place dans la perspective religieuse que leur maître leur propose. Ils se querellent entre eux pour savoir qui est le plus grand, ils chassent des gens venus vers leur Maître avec des enfants, ils demandent des rétributions spéciales, se querellent de nouveau, etc. Ils ont peur, nous dit-on. Les disciples de Jésus ont peur et ils se raccrochent à ce qu’ils ont l’habitude de savoir. Mais ils constatent, en entendant parler leur Maître, que tout s’écroule. D’où leur violence…
Aurions-nous fait mieux, avons-nous fait mieux ? Ne répondons pas trop vite, ni positivement, ni négativement. Puissions-nous croire au Fils de l’homme, « car le fils de l’homme est venu non pour être servi mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. »
Puissions-nous vivre dans la perspective ouverte par cette déclaration. Qu’Il nous soit en aide. Amen

dimanche 14 octobre 2018

L'impossible détachement (Marc 10,17-30)


Marc 10
17 Et comme il sortait sur la route, un homme accourut, et, se jetant à genoux devant lui, il lui demanda: Bon maître, que ferai-je afin que j'hérite de la vie éternelle?
18 Et Jésus lui dit: Pourquoi m'appelles-tu bon? Nul n'est bon, sinon un seul, Dieu.
19 Tu sais les commandements: Ne commets point adultère; ne tue point; ne dérobe point; ne dis point de faux témoignage: ne fais tort à personne; honore ton père et ta mère.
20 Et répondant, il lui dit: Maître, j'ai gardé toutes ces choses dès ma jeunesse.
21 Et Jésus, l'ayant regardé, l'aima, et lui dit: Une chose te manque: va, vends tout ce que tu as et donne aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel, et viens, suis-moi.
22 Et lui, affligé de cette parole, s'en alla tout triste, car il avait de grands biens.
23 Et Jésus, ayant regardé tout à l'entour, dit à ses disciples: Combien difficilement ceux qui ont des biens entreront-ils dans le règne de Dieu!
24 Et les disciples s'étonnèrent de ses paroles; et Jésus, répondant encore, leur dit: Enfants, combien il est difficile d'entrer dans le règne de Dieu!
25 Il est plus facile qu'un chameau passe par un trou d'aiguille, qu'un riche n'entre dans le règne de Dieu.
26 Et ils furent excessivement surpris, disant entre eux: Mais qui peut être sauvé?
27 Et Jésus, les ayant regardés, dit: Pour les hommes, cela est impossible, mais non pas pour Dieu; car toutes choses sont possibles pour Dieu.
28 Pierre se mit à lui dire: Voici, nous avons tout quitté et nous t'avons suivi.
29 Jésus, répondant, dit: En vérité, je vous dis: il n'y a personne qui ait quitté maison, ou frères, ou sœurs, ou père, ou mère, ou femme, ou enfants, ou champs, pour l'amour de moi et pour l'amour de l'évangile,
30 qui n'en reçoive maintenant, en ce temps-ci, cent fois autant, maisons, et frères, et sœurs, et mères, et enfants, et champs, avec des persécutions, et dans le siècle qui vient, la vie éternelle.
Prédication :
            Je ne peux pas méditer ce texte sans que, à un moment de la méditation, me revienne à l’esprit quelques phrases d’un opéra français – Francis Poulenc – Le dialogue des carmélites. L’histoire se passe en pleine période révolutionnaire. Blanche de la Force, jeune femme de la noblesse, aspire à devenir Carmélite, au moment où les révolutionnaires aspirent à supprimer les Ordres religieux : retour consenti à l’état laïc, ou une condamnation à la mort sur l’échafaud.
            L’extrait auquel je pense est celui qui rapporte la première rencontre de la jeune postulante Blanche de la Force et de la très vieille Prieure du Couvent des Carmélites.

BLANCHE
Il doit être doux, ma Mère, de se sentir si avancée dans la voie du détachement qu’on ne saurait plus retourner en arrière.
LA PRIEURE
Ma pauvre enfant, l’habitude finit par détacher de tout. Mais à quoi bon, pour une religieuse, être détachée de tout, si elle n’est pas détachée de soi-même, c’est-à-dire de son propre détachement ?

            Etre détachée de soi-même, c'est-à-dire de son propre détachement, c'est-à-dire détachée même du fait d’être une Carmélite. C’est l’expression d’une forme extrême de l’engagement, forme dans laquelle l’engagement lui-même est engagé, c'est-à-dire remis entre les mains des hommes, et entre les mains de Dieu.
Dans le Dialogue des Carmélites, les religieuses feront le vœu du martyre. Elles continueront à prier et à porter l’habit, contre l’ordre des révolutionnaires, et quoi qu’il doive en découler. Blanche sera la dernière à monter à l’échafaud.
En agissant ainsi, les religieuses ont-elles suivi la suggestion de leur vieille Prieure en étant détachées d’elles-mêmes, c'est-à-dire de leur propre détachement ? Nous laissons la question en suspens. Et nous revenons à notre texte biblique, où il va être question justement d’engagement, et de détachement. 

L’homme qui s’approche de Jésus est, c’est le moins qu’on puisse dire, engagé… Il sait les commandements et les garde. Il a gardé, c'est-à-dire respecté, tous les commandements éthiques du Décalogue pendant toute sa vie. Ce n’est déjà pas rien, et c’est même énorme. Cet homme est irréprochable, et pressent pourtant que quelque chose lui manque. C’est pourquoi Jésus l'aime, et le prend au sérieux. Le prenant au sérieux, Jésus lui dit ce qui lui manque encore. Vous avez lu ce qu’il manque encore à cet homme et comment il réagit.
« Et (l’homme), affligé par cette parole, s’en alla tout triste car il avait de grands biens. » C’est une gentille traduction. En voici une autre possible pour la même phrase : « Heurté par cette parole, l’homme s’en alla outré, parce qu’il avait de grands biens. » Il y a de la colère rentrée dans cette traduction, comme si l’homme n’avait pas osé crier à la face de Jésus : « Mais qu’est-ce que tu veux de plus, à la fin ? »

L’homme était riche, nous avons l’habitude de le considérer comme tel. Mais en scrutant un peu finement le texte, versets 22 et 23, nous tombons sur une précision quant aux richesses que possédait cet homme. Il avait de grands biens, est-il écrit, et nous imaginons de l’argent, des propriétés, toutes sortes de choses qui ont une valeur matérielle. Mais le texte suggère en plus une autre chose. L’homme avait de la fortune, soit, mais, dans la langue grecque sa fortune est qualifiée d’incessible. C’est le sens du dernier mot du verset 22, et ce même mot est repris tout de suite au verset 23. Et voici un verset 23 légèrement corrigé : « Combien difficilement ceux qui auront des richesses incessibles entreront-ils dans le règne de Dieu. »
Que sont ces richesses incessibles ? Elles peuvent être matérielles : et ne les cédera jamais à personne. Mais ces richesses peuvent aussi être immatérielles : elles sont alors ce sur quoi l’on ne cédera jamais. Dans le texte que nous avons sous les yeux, nous avons un exemple flagrant de richesse immatérielle incessible, incessible pour l’homme qui vient interroger Jésus, et incessible aussi – à ce moment-là – pour les disciples de Jésus.
De quoi s’agit-il ? De l’idée que pour hériter de la vie éternelle, il faut avoir fait telle et telle et telle chose… Certitude incessible pour l’homme qui interroge Jésus. Certitude incessibles aussi pour les disciples de Jésus qui, entendant leur maître, en déduise que personne ne peut être sauvé. Certitude incessible, une seconde fois pour les disciples, qui mettent en avant qu’ils ont, eux – et pas l’homme – tout quitté et suivi leur maître. Il y a même une gradation régulière dans ce texte. Pour l’homme qui est venu vers Jésus, il est impossible de se détacher, tout court, trop alourdi qu’il est par ses biens et ses convictions. Pour les disciples de Jésus, il y a un détachement des biens qui peut aller jusqu’à un réel détachement de tous leurs biens, mais pas de leur certitude. En mettant en avant qu’ils ont vraiment tout quitté, ils montrent bien qu’ils se sont détachés de tout, mais pas de leur propre détachement.

Et pour nous autres ? C’est, somme toutes, assez simple. Et nous pensons qu’il ne s’agit au fond que de passer d’une théologie des œuvres à une théologie de la grâce. C’est sans doute vrai. Mais il nous faut pourtant prendre bien garde, dans toute cette affaire, de ne pas trop mettre en avant notre connaissance d’un salut par pure grâce… C’est une belle doctrine et une chaude conviction que ce salut par pure grâce. Mais le mettre en avant comme une richesse ou un bien propre manifesterait derechef que ce salut est pour nous une richesse immatérielle incessible. Nous serions donc peut-être bien détachés de l’idée d’une rétribution, mais pas encore détachés de notre propre détachement.

Mais jusqu’à quel point pouvons-nous, et devons-nous, prolonger cette réflexion ? Jusqu’à quel point devons-nous interroger nos convictions les plus profondes ? Il me semble jusqu’au point où nous prend cette sorte de vertige qui nous fait déclarer, à l’instar des disciples : « Mais qui peut être sauvé ? » Et comprenons bien cette question : « Mais qui pourrait par ses propres œuvres être sauvé ? » Comprenons que nous devons à cette étape poser cette question en désespérant d’une quelconque réponse et que nous ne pouvons que déposer cette question au pied du maître dans l’espérance d’un commencement de réponse.
Impossible aux hommes, mais non pas pour Dieu… Attention ! Une fois encore ceci ne peut pas être une réponse tonitruante, mais bien plutôt un murmure, une discrète espérance, un presque rien, un soupçon de foi.

Ce soupçon de foi, nous le remettons à notre Seigneur, en le priant de nous donner juste confiance en Lui. Amen

dimanche 7 octobre 2018

Ce que Dieu a uni (Marc 10,1-16)


Marc 10
1 Partant de là, Jésus va dans le territoire de la Judée, au-delà du Jourdain. De nouveau, les foules se rassemblent autour de lui et il les enseigne une fois de plus, selon son habitude. 2 Des Pharisiens s'avancèrent et, pour le tenter, ils lui demandaient s'il est permis à un homme de renvoyer sa femme. 3 Il leur répondit: «Qu'est-ce que Moïse vous a prescrit?» 4 Ils dirent: «Moïse a permis d'écrire une lettre de désengagement et de renvoyer sa femme.» 5 Jésus leur dit: «C'est à cause de la dureté de votre cœur qu'il a écrit pour vous ce commandement. 6 Mais au commencement du monde, Dieu les fit mâle et femelle; 7 c'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère et s'attachera à sa femme, 8 et les deux ne feront qu'une seule chair. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. 9 Alors, ce que Dieu a uni,  que l’homme ne le sépare pas.» 10 À la maison, les disciples l'interrogeaient de nouveau sur ce sujet. 11 Il leur dit: «Si quelqu'un renvoie sa femme et en prend une autre, il est adultère à l'égard de la première; 12 et si la femme renvoie son mari et en prend un autre, elle est adultère.» 13 Des gens lui amenèrent des enfants pour qu'il les touche, mais les disciples les rabrouèrent. 14 En voyant cela, Jésus s'indigna et leur dit: «Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le Royaume de Dieu est à ceux qui sont comme eux. 15 En vérité, je vous le déclare, qui n'accueille pas le Royaume de Dieu comme un enfant n'y entrera pas.» 16 Et il les embrassa et les bénit en leur imposant les mains.
Prédication :
            Et voici, « ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas. » Nous pouvons nous croire à une cérémonie de mariage et, à un moment précis du rituel, l’officiant dit cette phrase. Nous pensons tout naturellement que cette phrase s’adresse au couple qui est là devant, ainsi qu’à toute l’assemblée qui est témoin de l’engagement permanent et définitif des époux. Et c’est sur la base d’un enseignement du Christ citant lui-même la Genèse qu’est fondée et établie l’indissolubilité du lien conjugal – langage plutôt catholique romain – ou que sont établis les liens sacrés du mariage – langage plutôt protestant. Dans les deux cas, Dieu lui-même les a unis et ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! Mais cette affirmation « ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas »  est un rien étrange.

            Tout d’abord, on peut se demander si Dieu les a unis au cours de cette cérémonie, et si oui, à quel moment de la cérémonie. Et si non à quel autre moment de leur vie. Quand donc Dieu les unit-il ? On trouve toutes sortes d’affirmations. Dont l’une selon laquelle Dieu les unit lors de leur première union physique ayant lieu après la cérémonie. Une autre que c’est l’échange des consentements qui est le dernier moment précédent l’action de Dieu. Une autre encore affirme que c’est le geste et la parole de l’officiant qui font ce que Dieu fait. Mais quel geste, quelle parole ? Dieu a-t-il besoin de nos cérémonies et de nos règles pour faire ce qu’il a par ailleurs commandé et promis ? Dieu a-t-il besoin de nos cérémonies et de nos règles pour savoir qui il observe et qui il bénit ? Ne pensez pas que seules les autres Eglises sont visées ici par mes traits. Notre Eglise, dans son formulaire de bénédiction nuptiale, demande à Dieu dans la prière de se souvenir « des couples qui ont placé leur union sous (sa) bénédiction »… seulement ces couples-là, et pas les autres couples ? Voici qui est bien étrange…
            Poursuivons. Si Dieu est Dieu, et si c’est bien lui qui a uni ce couple, comment les humains pourraient-ils défaire ce que Dieu a fait ? Dieu aurait-il imparfaitement uni, de sorte que ça pourrait se défaire ? Et si ça se défait, est-ce la faute de Dieu ? Il aurait laissé faire, depuis le début, sachant que ça irait au désastre ? On vous dira plutôt que Dieu dans sa grandeur et sa souveraine bonté laisse les humains libres. Ce qui permet, si ça rate, de maintenir bien haut la souveraineté de Dieu, et d’en mettre une couche sur la culpabilité des humains : s’ils avaient respectés la volonté de Dieu, on n’en serait pas là !

            En fait, l’interprétation de ce verset est le terrain d’activité de toutes sortes de personnages autorisés, toutes confessions chrétiennes confondues, dont les doctrines sont facilement accessibles en ligne, et dont le style peut être qualifié de frénétique. A ceux qui voudraient s’intéresser à la diversité qui existe autour de l’interprétation de ce verset, je promets un voyage dans un pays qui énonce toutes sortes de commandements, prône toutes sortes de vertus et qui ne connaît pas la miséricorde. Pourquoi tant de certitudes et pourquoi tant de dureté de cœur ?
            Revenons à ce verset qui se trouve être à peu près au milieu de l’extrait que nous méditons. « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas. » Qu’entendons-nous dans ce verset ? Très instinctivement, nous entendons qu’il y avait un homme, et une femme, ça fait deux, qu’ils ont été unis par Dieu lui-même, ça fait UN, UN étant l’un des noms de Dieu, ce qui fait de leur union un espace aussi sacré que le cœur du Temple de Jérusalem lui-même ; en conséquence de quoi il est interdit aux humains d’attenter en quelque manière que ce soit à cette union sacrée. On ne touche pas au couple religieusement constitué, en aucune manière, ni par séduction de l’un ou de l’autre, ni par aucune voie juridique. Ils sont devenus UN, et ne redeviendront jamais deux. Et cette unité, ils doivent pour toujours la respecter, ils le doivent à Dieu et ils le doivent à la communauté. Si donc ils se séparent, la communauté peut légitimement prononcer sur eux une sanction de renvoi. Ou si, après s’être séparés pour quelque raison reconnue ‘valable’, ils contractent une autre union, la communauté peut prononcer sur eux une sanction de mise à l’écart…
            Ceci porte très haut l’état de mariage, n’est-ce pas ? Mais est-ce que ça ne le porte pas un peu trop haut ? Reprenons le même verset : « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas », et ajoutons juste un tout petit quelque chose à ce verset, une toute petite question : « …de quoi ? ». Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas… de quoi ?
   

            Dans le texte que nous méditons, il y a le couplet sur le mariage et la répudiation, et il y a aussi le couplet sur les enfants. Pour quelle raison les disciples de Jésus chassent-ils ces gens qui apportent leurs enfants ? Parce qu’on ne dérange pas le Fils de Dieu pour des enfants ? Possible. Pourtant, quel est le premier verset de l’évangile de Marc ? Commencement de l’évangile de Jésus (un homme) Christ (un titre) Fils de Dieu. En revenant une fois encore au premier verset de l’évangile de Marc, nous voyons en peu de mots qu’en Jésus, homme et Dieu sont unis ; le récit du baptême dans le même évangile nous enseigne que c’est Dieu lui-même qui a uni l’homme et Dieu. Or que font les disciples de Jésus en chassant ces gens qui apportent leurs enfants ? Ils séparent ce que Dieu a uni. Mais pourquoi font-ils cela ? Et nous pouvons oser répondre qu’ils le font parce qu’ils sont une trop haute idée d’eux-mêmes.
Les disciples de Jésus sont des êtres humains et en eux aussi, Dieu par le Christ s’est uni à l’humanité. Mais eux, ici, sont tout bouffis de leur importance supposée, et ils entendent bien séparer Jésus du reste de l’humanité, tout autant qu’ils veulent se séparer aussi eux-mêmes de cette humanité de misère que représentent ces enfants et les gens qui les apportent… Les disciples veulent bien séparer ce que Dieu a uni. Il y a là de quoi provoquer l’indignation de Jésus... qui va toucher, embrasser, bénir, comme un proche, comme un parent. Il va refaire UN ce que ses disciples avait séparé.
            Mais comment ? Nous commettrions une erreur d’interprétation en pensant que Jésus déclare que ces enfants sont sacrés, et que l’état d’enfance est par excellence l’état béatifique. Observons plutôt que Jésus les accueille, c'est-à-dire se met à leur hauteur. Alors ce n’est pas l’état des enfants qui compte, mais le mouvement de Jésus vers les enfants, pour le dire plus clairement, ce qui compte là, c’est l’engagement de Jésus pour ces enfants, ce qu’il fait pour être à leur portée. A un enfant qui n’est même pas en âge de marcher ou de parler, on ne fait pas un cours de doctrine, on le serre contre soi, on le câline. Ce que fait Jésus. Il n’y a rien de sacré dans ce geste.
L’union de Dieu et de l’homme en Christ n’a pas pour but de diviniser certains humains, mais d’humaniser tous les humains. Cette union, et mieux vaudrait dire cette unification, n’a pas pour but de sacraliser le siècle, mais de séculariser le sacré ; cette union n’est pas différente de l’Alliance que Dieu passe avec son peuple, et passe avec toute l’humanité. L’engagement de Dieu dans l’Alliance est si fort, si absolu, que c’est à la croix qu’il est pleinement manifesté et parachevé. 

            Faut-il maintenant revenir sur la question des couples ? Jésus, nous le savons, se sert souvent de thèmes apparemment éloignés de son sujet pour amener des prises de positions inattendues. Ici, Jésus parle des couples… non pas pour communiquer aux humains la sainte doctrine du saint mariage, mais pour parler de l’Alliance. Le couple est une parabole de l’Alliance, et l’Alliance que veut le Fils de Dieu est une alliance entre personnes égales. Jésus parle aussi des petits enfants, autre parabole de l’Alliance, pour signifier qu’il veut une Alliance d’accueil, et de protection, des plus petits.
Il semble que les disciples n’aient pas vraiment saisi ; ils rompent l’Alliance, et c’est la vieille histoire qui continue. Mais il semble aussi que Jésus s’obstine. Jésus s’obstine car Dieu s’obstine, depuis le commencement, alors que les humains s’obstinent dans leur dureté de cœur. Nous ne pensons pas que les cœurs des humains soient si durs qu’ils ne puissent finir par comprendre.
Non, nos cœurs ne sont pas si durs. Veuille notre Seigneur les sonder, les pénétrer et, là où cela est nécessaire, les transformer. Amen