Deutéronome 4
32 Interroge donc les jours du début, ceux d'avant
toi, depuis le jour où Dieu créa l'humanité sur la terre, interroge d'un bout à
l'autre du monde: Est-il rien arrivé d'aussi grand? A-t-on rien entendu de
pareil?
33 Est-il arrivé à un peuple d'entendre comme toi la
voix d'un dieu parlant du milieu du feu, et de rester en vie?
34 Ou bien est-ce qu'un dieu a tenté de venir
prendre pour lui une nation au milieu d'une autre par des épreuves, des signes
et des prodiges, par des combats, par sa main forte et son bras étendu, par de
grandes terreurs, à la manière de tout ce que le SEIGNEUR votre Dieu a fait
pour vous en Égypte sous tes yeux?
35 À toi, il t'a été donné de voir, pour que tu
saches que c'est le SEIGNEUR qui est Dieu: il n'y en a pas d'autre que lui.
36 Du ciel, il t'a fait entendre sa voix pour faire
ton éducation; sur la terre, il t'a fait voir son grand feu, et du milieu du
feu tu as entendu ses paroles.
37 Parce qu'il aimait tes pères, il a choisi leur
descendance après eux et il t'a fait sortir d'Égypte devant lui par sa grande
force,
38 pour déposséder devant toi des nations plus
grandes et plus puissantes que toi, pour te faire entrer dans leur pays et te
le donner comme patrimoine, ce qui arrive aujourd'hui.
39 Reconnais-le aujourd'hui, et réfléchis: c'est le
SEIGNEUR qui est Dieu, en haut dans le ciel et en bas sur la terre; il n'y en a
pas d'autre.
40 Garde ses lois et ses commandements que je te donne
aujourd'hui pour ton bonheur et celui de tes fils après toi, afin que tu
prolonges tes jours sur la terre que le SEIGNEUR ton Dieu te donne, tous les
jours.
Romains
8
14 En effet, ceux-là sont fils de Dieu qui sont
conduits par l'Esprit de Dieu:
15 vous n'avez pas reçu un esprit qui vous rende
esclaves et vous ramène à la peur, mais un Esprit qui fait de vous des fils
adoptifs et par lequel nous crions: Abba, Père.
16 Cet Esprit lui-même atteste à notre esprit que
nous sommes enfants de Dieu.
17 Enfants, et donc héritiers: héritiers de Dieu,
cohéritiers de Christ, puisque, ayant part à ses souffrances, nous aurons part
aussi à sa gloire.
Matthieu 28
16 Quant aux onze disciples, ils se rendirent en
Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre.
17 Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais
quelques-uns eurent des doutes.
18 Jésus s'approcha d'eux et leur adressa ces
paroles: «Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre.
19 Allez donc: de toutes les nations faites des
disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit,
20 leur apprenant à garder tout ce que je vous ai
prescrit. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps.»
Prédication :
Mens, 31 mai 2015 (dimanche de la Trinité)
Ces trois
lectures, proposées par le lectionnaire Dimanches
et fêtes, sont bien choisies pour évoquer d’abord le Père, puis le Saint
Esprit, et enfin le Fils, lequel Fils, à la toute fin de l’évangile selon
Matthieu, institue le baptême et
institue avec ce baptême la formule trinitaire « Au nom du Père, du
Fils et du Saint Esprit ». Le dimanche qui suit la Pentecôte est le
dimanche de la Trinité.
La Trinité
n’est pas une fête que les protestants que nous sommes célèbrent avec une
ferveur particulière. Elle pourrait même passer inaperçue dans la liste de
lecture que nous fournit la Fédération protestante de France… les textes
proposés sont bien ceux que liront nos sœurs et frères catholiques, mais la
mention Trinité ne figure pas en marge…
On le sait,
les protestants que nous sommes émettent quelques réserves s’agissant de la
Trinité, mot qui ne figure pas explicitement dans la Bible. Mais les protestants que nous sommes ne
peuvent pas ignorer que pour bien des chrétiens Dieu est (au plein sens du
verbe être) Père, Fils et Saint Esprit, une seule essence en trois personnes… A-t-on
pourtant tout dit de Dieu, de sa nature, de son activité, lorsqu’on a dit qu’il
est Trinité ? Nous allons laisser de côté maintenant cette question ;
ce n’est pas le moment d’un travail sur la doctrine et sur la nature des
doctrines.
Trois
textes nous sont proposés, et ils vont servir à une méditation sur ce que nous
allons appeler la triple filiation du chrétien, notre triple filiation.
Dans un
premier temps, nous ferons une sorte de description élogieuse de ces
filiations. Dans un second temps, nous émettrons des réserves sur chacune des
ces filiations. Puis nous parlerons d’espérance
Premier
temps, trois courts éloges.
Première
filiation, la filiation du Père, ou des pères. Nous ne sommes pas les premiers
à croire. Nous recueillons dans la reconnaissance l’héritage, le témoignage, de
la tradition. Le texte biblique nous est donné. Interroge les jours du début,
dit le Deutéronome ! La mémoire nous est donnée. Nous sont données aussi
la forme de nos cérémonies et la manière d’organiser nos Eglises... Nous ne
sommes pas les premiers. Le chemin a été tracé pour nous. Honneur à nos pères,
et grâces soient rendues à Dieu.
Seconde
filiation, la filiation du Fils, c'est-à-dire celle qu’on doit aux frères, et
sœurs, qui sont nos contemporains. Dans la logique de cette prédication, le
Fils n’est pas seulement le Fils du Père au sens où la tradition parle de lui.
Il est le contemporain, le frère, celui qui partage notre condition, qui nous
enseigne et que nous enseignons. Aujourd’hui, nous ne sommes pas tout seul. L’un
doute, l’autre parle avec lui. La foi s’élabore, se construit, dans le
dialogue, dans la rencontre, de nos contemporains. Ma sœur, mon frère, apportent
à ma vie et à ma foi. En quelque manière ils m’engendrent. Qu’ils en soient
remerciés, et que Dieu soit loué.
Troisième
filiation, celle de l’Esprit. L’héritage des pères et le partage entre les
frères ne doivent pas laisser oublier que chaque personne peut être inspirée,
créative. L’Esprit peut bien s’adresser à chacun, à chacune, engendrer en lui
la foi. L’Esprit atteste intimement à chacun qu’il est enfant de Dieu.
Deuxième
temps, Nous reprenons chacune de ces trois filiations. Et nous allons méditer
sur les limites.
Filiation
du Père, des pères, et de la tradition… Ainsi ont fait nos pères dans la foi et
nous leur devons beaucoup. Mais, parce que nos pères ont fait ce qu’ils ont
fait, devons-nous faire tout comme eux ? La filiation de par la tradition
est une filiation qui, si l’on ne considère qu’elle, conduit tout dans
l’impasse du traditionalisme qui dit : aujourd’hui doit être comme hier.
Et l’on voit des Eglises s’étioler, se rigidifier, s’accrocher désespérément à
la forme des anciennes cérémonies, à de vieux bâtiments, à de vieilles
histoires. On les voit peut-être disparaître, mais en tout cas on les voit terriblement
s’isoler.
Filiation
du Fils, engendrement entre contemporains… Nous devons infiniment à nos
contemporains, sœurs et frères dans la vie et dans la foi, mais cette
filiation, Lorsqu’on choisit trop bien les gens avec qui l’on partage, conduit
tout à une forme close de la foi, une forme dans laquelle la connivence d’un
groupe tient lieu de vérité. Plus personne alors n’apporte rien à personne parce que tous disent la même chose,
croient la même chose... L’on voit ainsi parfois des groupes se refermer sur
eux-mêmes, s’uniformiser, rejeter tout ce qui singularise, puis se stériliser.
Filiation
de l’Esprit, personnelle et intime… Nous avons peut-être en mémoire des
exemples terribles de personnes qui, au nom de leur inspiration toute
personnelle, au nom de l’Esprit, ont récusé leurs contemporains, récusé la
tradition, et mené leur propre vie au désastre. Parfois même ce désastre a-t-il
été tristement contagieux… Quoi qu’il en soit, l’on se dessèche assurément à se
dire engendré uniquement par l’Esprit, en se tenant de plus tout à fait seul.
Au point où
nous en sommes, nous nous rendons compte que nous ne pouvons pas faire un éloge
trop exclusif de nos filiations. Mais nous ne pouvons pas non plus récuser ces
filiations.
Nous n’en avons pas d’autres… Il
nous faut donc les maintenir, les reconnaître, les éprouver, et les tenir
toujours en dialogue.
Par
exemple, lorsque Calvin parle du témoignage intérieur du Saint Esprit,
c'est-à-dire de la filiation intime, il en parle dans un lien étroit avec la
lecture de la Bible. L’Ecriture ne devient parole de Dieu en nous que par le
témoignage intérieur du Saint Esprit. La première et la troisième de nos
filiations sont ici en dialogue. Et le nous qu’il utilise indique pleinement la
présence de contemporains.
Autre exemple, lorsque Paul parle
aux Romains de l’Esprit d’adoption qui parle à notre esprit, ça n’est pas pour
que chacun dise arrogamment « Je suis, moi, enfant de Dieu », mais
pour que cela soit dit ensemble et réciproquement par un groupe de personnes.
Ainsi conjugue-t-il explicitement la troisième et la seconde des filiations.
Puisse l’Esprit souffler en
chacun de nous au cours de ce culte. Cette simple phrase met en dialogue la
tradition dont le culte est porteur, les sœurs et frères qui sont présents dans
l’assemblée, et l’Esprit que nous espérons pour tous.
Aujourd’hui, c’est le dimanche de
la Trinité et au début de cette prédication nous avons annoncé qu’il serait
question d’abord d’éloge, puis de
réserves, puis d’espérance.
Quelle est notre espérance, après
ce que nous venons de dire ? Les grands textes et nos traditions sont là
devant nous et offerts : nous ne sommes pas les premiers à vivre, à croire
et à espérer. Nos contemporains sont là, pour nous défier, pour nous
soutenir : nous ne sommes pas seuls à vivre, à espérer et à croire. Et
nous sommes là, chacune, chacun, avec sa vie, avec sa propre histoire,
mystérieusement et réellement accompagnés.
Amen
Oui, je remets ceci... Pendant que nous causons "bénir", pendant que nous parlons Trinité, pendant que des partis changent de nom, Daesh exécute 217 personnes en 9 jours à Palmyre.