Voici quelques méditations et prières, ainsi que la prédication du culte de Noël que j'ai célébré cette année. A mes lecteurs, un peu tardivement, il est vrai, je souhaite un joyeux Noël, et une heureuse fin d'année.
Que le Seigneur nous bénisse et nous garde
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Attendre.
Qu’attendent-ils,
ceux qui regardent la pluie tomber, bien au sec dans leurs maisons ?
Qu’attendent-ils,
ceux qui attendent qu’une main anonyme leur donne une petite pièce ?
Qu’attendent-ils,
les enfants, le matin – ou le soir – de Noël ?
Et les bergers du
Sahel qui, pendant trois ans, ne voient pas tomber la pluie ?
Qu’attendent-ils,
ceux que les dictatures enferment dans les camps ?
Dans une prison,
oublié, un détenu attend comme chaque jour le passage d’un rat qui est, depuis
longtemps, son seul compagnon et avec lequel il partage quelques miettes de
pain.
Les fils d’Israël,
pendant leur long exil, qu’attendaient-ils ?
Qu’attendent-ils, ce
matin, les assiégés de Kobané ?
Et ceux qui étaient
traqués dans les marais du Rwanda ?
Sur le bord du
chemin, nu, blessé et en plein soleil, un homme attaqué par des brigands attend
du secours.
Untel attend un
emploi, tel autre une promotion, tel autre encore attend, tranquillement, sa
mise à le retraire et un autre, anxieusement, son licenciement.
Cette jeune femme
attend le retour de son mari qui est soldat.
Un insomniaque
attend le petit matin et Marie attend un enfant.
Ils attendent.
Attendre : se
tenir en un lieu où quelqu’un doit venir, une chose arriver ou se produire, et
y rester jusqu’à cet événement.
Combien de temps
avant l’arrivée du bonheur, de la liberté, ou du Messie ?
Comment se
manifestera-t-il ? Alors, qu’attendre ?
Attendre, parfois
même s’il n’y a peut-être rien à attendre.
Et toi, qu’est-ce
que tu attends ?
CHANT 351 D’un arbre séculaire
Lecture biblique : Luc 2
1 Or, en ce temps-là,
parut un décret de César Auguste pour faire recenser le monde entier.
2 Ce premier recensement eut lieu à l'époque où
Quirinius était gouverneur de Syrie.
3 Tous allaient se faire recenser, chacun dans sa
propre ville;
4 Joseph aussi monta de la ville de Nazareth en
Galilée à la ville de David qui s'appelle Bethléem en Judée, parce qu'il était
de la famille et de la descendance de David,
5 pour se faire recenser avec Marie son épouse, qui
était enceinte.
CHANT
542-1 Ils ont marché au pas des siècles
6 Or, pendant qu'ils étaient là, le jour où elle
devait accoucher arriva;
7 elle accoucha de son fils premier-né,
l'emmaillota et le déposa dans une mangeoire, parce qu'il n'y avait pas de
place pour eux dans la salle d'hôtes.
CHANT
542-3 « Ils sont venus les mains ouvertes… »
8 Il y avait dans le même pays des bergers qui
vivaient aux champs et montaient la garde pendant la nuit auprès de leur
troupeau.
9 Un ange du Seigneur se présenta devant eux, la
gloire du Seigneur les enveloppa de lumière et ils furent saisis d'une grande crainte.
10
L'ange leur dit: «Soyez sans crainte, car voici, je viens vous annoncer une
bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple:
11
Il vous est né aujourd'hui, dans la ville de David, un Sauveur qui est le
Christ Seigneur;
12
et voici le signe qui vous est donné: vous trouverez un nouveau-né emmailloté
et couché dans une mangeoire.»
13
Tout à coup il y eut avec l'ange l'armée céleste en masse qui chantait les
louanges de Dieu et disait:
14
«Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix pour ses
bien-aimés.»
CHANT
359 1-2 Ô peuple fidèle
15
Or, quand les anges les eurent quittés pour le ciel, les bergers se dirent
entre eux: «Allons donc jusqu'à Bethléem et voyons ce qui est arrivé, ce que le
Seigneur nous a fait connaître.»
16
Ils y allèrent en hâte et trouvèrent Marie, Joseph et le nouveau-né couché dans
la mangeoire.
17
Après avoir vu, ils firent connaître ce qui leur avait été dit au sujet de cet
enfant.
18
Et tous ceux qui les entendirent furent étonnés de ce que leur disaient les
bergers.
19
Quant à Marie, elle retenait tous ces événements en en cherchant le sens.
20
Puis les bergers s'en retournèrent, chantant la gloire et les louanges de Dieu
pour tout ce qu'ils avaient entendu et vu, en accord avec ce qui leur avait été
annoncé.
Prière
Mon Dieu, j’attends.
J’attends un Sauveur
qui est le Christ Seigneur.
Qu’est-ce que
j’attends ? Le Christ Seigneur sera puissant et fort, il plaidera pour
moi, il agira pour moi, je l’attends.
Il me guérira
lorsque je serai malade, me consolera lorsque je serai triste et me nourrira
lorsque j’aurai faim, je l’attends.
Il me libérera
lorsque je serai détenu, je l’attends.
Et je trouve qu’il
met beaucoup, beaucoup de temps à arriver.
Seigneur, je
t’attends !
Tarderas-tu ?
J’attends un Sauveur
qui est le Christ Seigneur,
Et voici le signe
qui m’est donné : un enfant couché dans une mangeoire.
Mais, mon Dieu, que
peut donc faire pour moi un enfant couché dans une mangeoire ?
Un enfant couché
dans une mangeoire, comment pourrais-je l’attendre car comment ferait-il
quelque chose pour moi ? Il est petit et faible, il attend tout…
Mon Dieu, est-ce
cela que tu veux me dire ?
Le Sauveur qui est
le Christ Seigneur ne peut rien, rien sans la foi de ceux qui croient en lui,
rien sans les actes de ceux qui agissent pour lui.
C’est cela, je
crois, que tu veux me dire.
Je t’en prie,
Seigneur, permets-moi de l’entendre et de ne jamais l’oublier.
Amen
CHANT 359 3 « Esprits de lumière… »
Lecture biblique : Jean 1
1 Au commencement était le Verbe, et le Verbe était
tout près de Dieu, et le Verbe était
Dieu.
2 Il était au commencement tout près de Dieu.
3 Tout fut par lui, et rien de ce qui fut ne fut
sans lui.
4 En lui était la vie et la vie était la lumière
des hommes,
5 et la lumière brille dans les ténèbres, et les
ténèbres ne l'ont point reçue.
6 Il y eut un homme, envoyé de Dieu: son nom était
Jean.
7 Il vint en témoin, pour rendre témoignage à la
lumière, afin que tous croient par lui.
8 Il n'était pas la lumière, mais il devait rendre
témoignage à la lumière.
9 Le Verbe était la vraie lumière qui, en venant
dans le monde, illumine tout homme.
10 Il était dans le monde, et le monde fut par lui,
et le monde ne l'a pas connu.
11 Il est venu chez
lui, et les siens ne l'ont pas accueilli.
12 Mais à ceux qui l'ont reçu, à ceux qui croient en
son nom, il a donné la possibilité de
devenir enfants de Dieu.
13 Ceux-là ne sont pas nés du sang, ni d'un vouloir
de chair, ni d'un vouloir d'homme, mais de Dieu.
14 Et le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi
nous et nous avons vu sa gloire, cette gloire, celle de l’unique Fils du Père, plein de grâce et de vérité.
15 Jean lui rend témoignage et proclame: «Voici
celui dont j'ai dit: après moi vient un homme qui m'a devancé, parce que, avant
moi, il était.»
16 Ainsi,
de sa plénitude en effet, tous, nous avons reçu, et grâce sur grâce.
17 C’est que
la Loi fut donnée par Moïse, la grâce et la vérité fut par Jésus Christ.
18 Personne n'a jamais contemplé Dieu ; Dieu unique Fils,
étant dans le sein du Père, nous l’a fait connaître.
SILENCE
Prédication
De quoi parle le commencement de
l’évangile de Jean ?
Il y a des phrases extrêmement abstraites, qui semblent nous dévoiler
le plus intime de l’intimité de Dieu, Père et Fils, avant même la création du
monde. Il y a aussi d’autres phrases qui semblent nous dévoiler les secrets de
la création. Et alors, l’évangile de Jean fait de ses lecteurs des initiés aux
plus grands mystères de Dieu.
Et puis, tout à coup, il se trouve que la révélation de ces grands
mystères de Dieu est articulée à l’histoire de l’humanité. Une histoire de
grands personnages – donc une grande histoire – celle de Moïse, de Jean – celui
qui baptisait – de Jésus Christ. Alors le récit semble un peu moins abstrait.
Les grands mystères de Dieu se tissent avec l’existence de grands personnages,
et l’évangile de Jean fait de ses lecteurs des savants.
Mais dès lors qu’à ces grands mystères on associe des noms de grands
personnages, ces grands mystères deviennent moins grands, un petit peu plus
concrets. Ils peuvent être associés à des paroles qu’on se répète et à des
actes qu’on se raconte. Jean rend témoignage… La Loi est donnée par Moïse… Mais
il ne faut pas être bien savant pour être capable de raconter.
Et ainsi l’évangile de Jean franchit une autre étape, lorsqu’il fait
apparaître le monde, les anonymes contemporains de Jésus Christ. Ceux qui ont
vu et entendu, et alors l’objectif de l’évangile devient tout à fait concret.
Car si certains n’ont pas accueilli Jésus Christ, d’autre l’ont reçu. Et cela,
entre contemporains, est tout à fait concret. Accueillir et recevoir, cela se
passe d’être humain à être humain, n’a rien de particulièrement mystérieux ni
d’abstrait. Au fond, pour les contemporains de Jésus Christ, pour ceux qui ont
croisé son chemin, l’accueillir revenait à laisser s’approcher un homme qui
mettait de la lumière dans les recoins inaccessibles des maisons et des
pensées, un homme qui savait voir la vérité du cœur d’un être humain, et devant
qui il était, à quelque moment, impossible de se mentir. Certain des
contemporains de Jésus ont voulu de cette rencontre ; d’autres n’en ont
pas voulu.
Et l’évangile de Jean franchit une autre étape, lorsqu’il dit « de
sa plénitude, nous avons reçu, et grâce sur grâce », ou encore « le
Fils nous l’a fait connaître ». Qui sont les gens concernés par le
« nous » ? Et voici que sont convoqués les lecteurs de
l’évangile de Jean. Ceux d’hier, les premiers pour lesquels il a été écrit. Et
puis, tous les suivants… et jusqu’à nous.
Il nous l’a fait connaître… Est-ce à dire que, nous, lecteurs de
l’évangile de Jean, nous sommes savants de l’histoire des grands hommes et
initiés aux profonds mystères de Dieu ? Non. Tel n’est pas l’objectif de
l’évangile de Jean. Les textes de la même époque qui ont un objectif
initiatique sont totalement abscons et ne font pas l’effort considérable que
fait l’évangile de Jean pour ancrer dans le concret, dans la pratique, dans
l’engagement… ce qu’il en est de la connaissance de Dieu. A contraire des
textes initiatiques, l’essentiel de l’évangile de Jean se dit ainsi :
« le Verbe s’est fait chair. »
Il nous l’a fait connaître. C’est dire que l’expérience de la rencontre
et de la vérité n’est pas une expérience seulement réservée aux contemporains
de Jésus Christ. Sa possibilité concerne chaque lecteur. Mais chaque lecteur la
désire-t-il ? Elle n’est, à ce qu’il semble, chose simple pour personne.
Car s’il s’agit de « devenir enfants de Dieu », d’un « Dieu que
nul n’a jamais vu », s’il s’agit de recevoir « grâce sur
grâce », qui le voudra ? Qui voudra de quelque chose de si précaire,
de si peu reluisant ? Et qui acceptera, dans cette perspective, de se
défaire de tout ce par quoi l’on brille, tout ce par quoi l’on peut faire le
malin ou le beau, tout ce par quoi l’on s’assure reconnaissance et
position ? La question est éternelle et doit être toujours reprise.
Hier comme aujourd’hui, à ceux qui lisent, écoutent, acceptent la
vérité et croient, il est donné possibilité de devenir enfant de Dieu.
MUSIQUE
CHANT 352 O nuit bienveillante