mardi 2 juillet 2013

Sur un unique commandement de Dieu (1 Rois 19,11-16 et Luc 9,51-55)

1 Rois 19
11 Le SEIGNEUR dit: «Sors et tiens-toi sur la montagne, devant le SEIGNEUR; voici, le SEIGNEUR va passer.» Il y eut devant le SEIGNEUR un vent fort et puissant qui érodait les montagnes et fracassait les rochers; le SEIGNEUR n'était pas dans le vent. Après le vent, il y eut un tremblement de terre; le SEIGNEUR n'était pas dans le tremblement de terre.
 12 Après le tremblement de terre, il y eut un feu; le SEIGNEUR n'était pas dans le feu. Et après le feu le bruissement d'un souffle ténu.
 13 Alors, en l'entendant, Elie se voila le visage avec son manteau; il sortit et se tint à l'entrée de la caverne. Une voix s'adressa à lui: «Pourquoi es-tu ici, Elie?»
 14 Il répondit: «Je suis passionné pour le SEIGNEUR, le Dieu des puissances: les fils d'Israël ont abandonné ton alliance, ils ont démoli tes autels et tué tes prophètes par l'épée; je suis resté moi seul, et l'on cherche à m'enlever la vie.»
 15 Le SEIGNEUR lui dit: «Va, reprends ton chemin en direction du désert de Damas. Quand tu seras arrivé, tu oindras Hazaël comme roi sur Aram.
 16 Et tu oindras Jéhu, fils de Nimshi, comme roi sur Israël; et tu oindras Elisée, fils de Shafath, d'Avel-Mehola, comme prophète à ta place.

Luc 9
51 Or, comme arrivait le temps où il allait être enlevé du monde, Jésus prit résolument la route de Jérusalem.
 52 Il envoya des messagers devant lui. Ceux-ci s'étant mis en route entrèrent dans un village de Samaritains pour préparer sa venue.
 53 Mais on ne l'accueillit pas, parce qu'il faisait route vers Jérusalem.
 54 Voyant cela, les disciples Jacques et Jean dirent: «Seigneur, veux-tu que nous disions que le feu tombe du ciel et les consume?»
 55 Mais lui, se retournant, les réprimanda.

Prédication :
            Vous vous souvenez tous du genre d’homme, du genre d’homme de Dieu qu’Elie était capable d’être. Il lui arriva plusieurs fois de faire que le feu tombe du ciel et brûle un animal sacrifié, ou des hommes… Il lui arriva aussi d’égorger plusieurs centaines d’hommes…
            Et voici une question : Dieu était-il celui qui avait donné des ordres à Elie ? Abraham avait un ordre : « Prends maintenant ton fils, ton fils unique Isaac, celui que tu aimes, et pars pour le pays de Moriah, et offre-le moi là en holocauste… » Mais Elie ? Pas d’ordres d’égorger, par d’ordres de brûler… Mais il les brûla, et il les égorgea. Etait-il sensé agir ainsi qu’il le fit ?

            Frères et sœurs, cette dernière question est une idiotie. Personne n’est censé décider comment autrui aurait dû agir. Elie agit parfois avec violence. Il était capable d’être violent, il supportait la vue du sang et la vue d’hommes pris par le feu. Il était aussi un grand prophète. Il n’était qu’un homme.

            Quelques années plus tard, Jésus et ses disciples étaient en route vers Jérusalem. Et ils entrèrent dans un village de Samaritains. Mais on ne les reçut pas, ni lui, ni ses disciples. Jacques et Jean étaient prêts à les brûler, tout comme Elie l’avait fait, et parce qu’Elie l’avait fait.
            Frères et sœurs, personne n’a la permission de brûler des gens juste parce que c’est écrit dans la Bible. Il est aussi écrit dans la Bible que Jésus réprimanda Jacques et Jean.

            Une fois de plus, personne n’est censé décider comment un autre aurait dû agir. La violence n’est jamais un moyen. La violence est parfois le seul moyen.  Mais ces deux phrases sont semblablement idiotes. La violence n’est pas un moyen, ici et aujourd’hui, et c’est ici et aujourd’hui qu’il faut vivre.

            Et si Dieu donne à chaque personne humaine un seul commandement, ce doit être celui-ci : « Tu n’auras pas d’autre Dieu devant ma face. » Cet unique commandement, parce que « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’a fait sortir du pays d’Egypte, hors de la maison de servitude. » Servitude, esclavage… Il a fait sortir, et il fait encore sortir.
            D’une certaine manière, Jacques et Jean étaient esclaves de leur propre violence, et profondément esclaves de leurs lectures bibliques. Ils avaient besoin qu’on les fasse sortir de ces deux esclavages.
            Ils étaient aussi prêts à mener ces Samaritains dans l’esclavage de la mort, pour un motif futile, le couchage et le petit déjeuner… Et même si nous considérons que recevoir Jésus n’est pas une question d’hospitalité mais de foi, cela ne fait aucune différence. Ceci pour bien indiquer que pour obéir à l’unique commandement de Dieu ils étaient censés – nous sommes censés -  ne mener personne dans aucune forme d’esclavage.

             Retour à Elie. Ayant reçu de Dieu l’ordre d’oindre, Elie alla seulement, et oignit. Il fit seulement ce qu’il avait reçu ordre de faire, ayant suffisamment confiance en Dieu, et dans les êtres humains, pour faire ce qu’ils avaient à faire, ayant suffisamment confiance dans les êtres humains, et en la vie, pour continuer sans lui. Amen


Post scriptum :
            Lorsqu'on doit prêcher en langue étrangère, mieux vaut penser et rédiger dans cette langue. Cette recommandation n'a aucune valeur universelle. Je me la suis appliquée à moi-même, en langue anglaise. Puis j'ai traduit en français. Le résultat, cette espèce de démonstration par chaînage biblique, m'étonne. Ce n'est pas dans mes habitudes. Encore qu'à bien y réfléchir, elle n'est seulement pas dans mes habitudes d'expression. Elle est cependant à la base de ma réflexion. Si bien qu'il me faut juste observer que, pour ce qu'il en est de ce qui, profondément, soutient et nourrit ma foi, je peux m'exprimer en langue anglaise, mais sans avoir la possibilité d'autrement signifier, possibilité qui serait le signe de la maîtrise de la langue. Hum... et si j'avais dû faire l'exercice en langue allemande?