samedi 22 juillet 2023

Même titre encore, pour une méditation inachevable (Matthieu 13,24-43)

 Matthieu 13

24 Il leur proposa une autre parabole: «Il en va du Royaume des cieux comme d'un homme qui a semé du bon grain dans son champ.

25 Pendant que les gens dormaient, son ennemi est venu; par-dessus, il a semé de l'ivraie en plein milieu du blé et il s'en est allé.

26 Quand l'herbe eut poussé et produit l'épi, alors apparut aussi l'ivraie.

27 Les serviteurs du maître de maison vinrent lui dire: ‹Seigneur, n'est-ce pas du bon grain que tu as semé dans ton champ? D'où vient donc qu'il s'y trouve de l'ivraie?›

28 Il leur dit: ‹C'est un ennemi qui a fait cela.› Les serviteurs lui disent: ‹Alors, veux-tu que nous allions la ramasser?› -

29 ‹Non, dit-il, de peur qu'en ramassant l'ivraie vous ne déraciniez le blé avec elle.

30 Laissez l'un et l'autre croître ensemble jusqu'à la moisson, et au temps de la moisson je dirai aux moissonneurs: Ramassez d'abord l'ivraie et liez-la en bottes pour la brûler; quant au blé, recueillez-le dans mon grenier.› »

31 Il leur proposa une autre parabole: «Le Royaume des cieux est comparable à un grain de moutarde qu'un homme prend et sème dans son champ.

 32 C'est bien la plus petite de toutes les semences; mais, quand elle a poussé, elle est la plus grande des plantes potagères: elle devient un arbre, si bien que les oiseaux du ciel viennent faire leurs nids dans ses branches.»

 33 Il leur dit une autre parabole: «Le Royaume des cieux est comparable à du levain qu'une femme prend et enfouit dans trois mesures de farine, si bien que toute la masse lève.»

34 Tout cela, Jésus le dit aux foules en paraboles, et il ne leur disait rien sans paraboles,

35 afin que s'accomplisse ce qui avait été dit par le prophète: J'ouvrirai la bouche pour dire des paraboles, je proclamerai des choses cachées depuis la fondation du monde. 

36 Alors, laissant les foules, il vint à la maison, et ses disciples s'approchèrent de lui et lui dirent: «Explique-nous la parabole de l'ivraie dans le champ.»

37 Il leur répondit: «Celui qui sème le bon grain, c'est le Fils de l'homme;

38 le champ, c'est le monde; le bon grain, ce sont les sujets du Royaume; l'ivraie, ce sont les sujets du Malin;

39 l'ennemi qui l'a semée, c'est le diable; la moisson, c'est la fin du monde; les moissonneurs, ce sont les anges.

40 De même que l'on ramasse l'ivraie pour la brûler au feu, ainsi en sera-t-il à la fin du monde:

41 le Fils de l'homme enverra ses anges; ils ramasseront, pour les mettre hors de son Royaume, toutes les causes de chute et tous ceux qui commettent l'iniquité,

42 et ils les jetteront dans la fournaise de feu; là seront les pleurs et les grincements de dents.

43 Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le Royaume de leur Père. Entende qui a des oreilles!

Prédication 

            Selon Matthieu 13, verset 35, l’enseignement de Jésus en paraboles accomplit une prophétie. « J’ouvrirai ma bouche pour parler en paraboles ; je proclamerai ce qui a été caché depuis la fondation du monde. » Cette prophétie peut être trouvée au Psaume 78, verset 2. La voici : « J’ouvrirai ma bouche pour parler en paraboles ; je proclamerai les messages obscurs du passé. » Ce verset est le commencement d’un grand et ancien cantique religieux et historique que Matthieu apparemment utilise comme une prophétie spirituelle, au-delà de tout langage.

            Ce cantique est écrit en hébreu, puis traduit en grec, revient en hébreu, puis fait son chemin, via le latin… jusqu’au français. Les traducteurs et les commentateurs, chacun arrivant avec ses propres présuppositions, peuvent choisir entre une compréhension spirituelle et une compréhension historique du texte ; ils ont bien d’autres choix… mais…

 

            Premièrement, et première voie : une voie spirituelle. Dans une note de bas de page, le commentateur français de la Traduction Œcuménique de la Bible affirme que la révélation des mystères divins requiert l’enseignement en paraboles. Pourquoi pas. Mais si nous regardons d’abord la parabole de l’ivraie et du bon grain puis la soi-disant explication que Jésus donne de la même parabole, nous devons admettre que, rien n’est révélé. Ce qu’on nous donne n’est pas une révélation, pas même une explication, mais une pauvre allégorie : un mot remplace un autre mot, c’est tout. Et pour ce qu’il en est de la fin des temps, les questions essentielles, quand, comment et qui est qui, demeurent inentamées.

            Notre propre hypothèse, pour ce qui concerne les mystères divins, c’est qu’ils doivent demeurer, et demeurent effectivement des mystères. Chacune de leur révélation signifie qu’ils sont des mystères depuis la fondation du monde, qu’ils demeureront des mystères jusqu’à la fin du monde, et plus encore après même que l’espèce humaine aura disparu.

 

            Deuxièmement et deuxième voie : l’histoire. Certains traducteurs et commentateurs choisissent de comprendre le Psaume 78 et ses citations comme un enseignement sur les temps anciens : l’histoire nous apprend quelque chose et en particulier quelque chose de Dieu. Tôt ou tard les royaumes humains arrivent à leur fin et d’autres royaumes émergent, ou relèvent la tête, comme le royaume de Juda juste après la destruction du royaume d’Israël par l’empire Assyrien, en 721. C’est une vision totalement matérialiste de l’histoire, et de la théologie. Dans une vision apparemment moins matérialiste, celle du Psaume 78, si la tribu de Juda survit, c’est parce que Dieu l’a choisie, choix perpétuel, et qu’il a choisi David et ses successeurs. Raison de ce choix ? Les autres ont désobéi, ils ont été infidèles,  et donc été balayés par Dieu qui est Seigneur de l’histoire. Ceci semble ne pas être du tout matérialiste, n’est-ce pas, sauf si l’on fait l’hypothèse que cette leçon est donnée par les prêtres et les scribes de Juda ; c’est pour eux-mêmes et pour leur peuple qu’ils expliquent leur propre survie. Et on le sait bien : ce sont toujours les survivants écrivent l’histoire.

            Une telle compréhension matérialiste est plutôt embarrassante, parce qu’elle signifie que la révélation de Dieu, l’élection divine, et l’enseignement de Jésus en paraboles ne sont rien de plus qu’une conscience particulière de soi qui fait face à une écriture particulière de l’histoire dans laquelle on se célèbre soi-même.

            Et on devine de quel poids autoritaire, voire totalitaire, seront chargées les institutions comme le temple et la royauté.

            Mais même dans la perspective matérialiste que nous explorons ici, tout n’est pas réduit à une seule histoire. Dans un petit recoin du prophète Jérémie (36) la lignée des descendants du Roi David se voit maudite à jamais, parce que l’un de ses princes régnants a brûlé ce qui apparaissait être le premier livre prophétique écrit.

 

            Avec tout cela, est-ce que la révélation de Dieu est une histoire que les gens se racontent à eux-mêmes ? Question embarrassante.

            Puisque c’est embarrassant, c’est intéressant. Une relation avec Jésus Christ, une relation avec Dieu, cela doit être embarrassant. En fait, c’est réellement une aventure. Et il y a beaucoup à apprendre des hommes, et de soi dans cette aventure.

 

            L’idée d’une certaine conscience de soi nous amène à une troisième compréhension de l’enseignement de Jésus en paraboles. Ces savoirs cachés ou mystérieux qui sont l’objet de l’enseignement de Jésus en paraboles ne sont pas si cachés et mystérieux. Ils sont cachés et mystérieux, mais réellement offerts à tous les regards depuis le commencement, depuis la page 10 ou quelque chose comme ça de chaque Bible, et c’est ce que le serpent dit, encore, et encore. Le serpent est si proche des humains qu’il est en quelque sorte leur plus proche et meilleur ami inconnu. Plus on prétend ne rien avoir affaire avec lui, plus il est proche. Le nier c’est se rendre à lui, et le combattre c’est combattre pour lui. La tentation – la seule tentation dont traite le Notre Père – est cette chose que Jésus aborde dans son enseignement en paraboles, et c’est une chose qui n’est ni cachée, ni mystérieuse.

            L’enseignement de Jésus en paraboles, peut-être toute la vie de Jésus, peut-être toute la révélation de Dieu aux humains, ne parle que de cela, et peut être résumé en une seule question redoutable : que voulons-nous être, des humains, ou des dieux. Question difficile pour chacun d’entre nous : que veux-tu être, une personne humaine, ou Dieu, un serviteur sans mérite, ou un seigneur, un humble croyant, ou un brillant je-sais-tout ? Comment veux-tu vivre, juste pour toi-même ou – comme Martin Luther le dit en latin – coram Deo, devant Dieu ?

 

            S’il est vrai que nous souhaitons n’être rien d’autre que des humains, nous sommes appelés à répondre à cette question, non pas une seule fois, mais assez souvent, et peut-être chaque jour. Nous sommes appelés à grandir dans la vie et dans la foi. Nous sommes appelés à surmonter l’unique tentation. Et c’est ainsi que l’enseignement de Jésus en paraboles est un don précieux, une nourriture précieuse et parfois amère. Elle nous nourrit afin que nous sachions qui nous sommes, et qui nous devons devenir.

            Nous sommes sur le chemin du royaume des cieux. Que Dieu nous y soit en aide. Amen


samedi 15 juillet 2023

Même titre qu'il y a une semaine, avec la parabole du semeur (Matthieu 13,1-23)

Matthieu 13

1 En ce jour-là, Jésus sortit de la maison et s'assit au bord de la mer.

 2 De grandes foules se rassemblèrent près de lui, si bien qu'il monta dans une barque où il s'assit; toute la foule se tenait sur le rivage.

 3 Il leur dit beaucoup de choses en paraboles. «Voici que le semeur est sorti pour semer.

 4 Comme il semait, des grains sont tombés au bord du chemin; et les oiseaux du ciel sont venus et ont tout mangé.

 5 D'autres sont tombés dans les endroits pierreux, où ils n'avaient pas beaucoup de terre; ils ont aussitôt levé parce qu'ils n'avaient pas de terre en profondeur;

 6 le soleil étant monté, ils ont été brûlés et, faute de racine, ils ont séché.

 7 D'autres sont tombés dans les épines; les épines ont monté et les ont étouffés.

 8 D'autres sont tombés dans la bonne terre et ont donné du fruit, l'un cent, l'autre soixante, l'autre trente.

 9 Entende qui a des oreilles!»

 10 Les disciples s'approchèrent et lui dirent: «Pourquoi leur parles-tu en paraboles?»

 11 Il répondit: «Parce qu'à vous il est donné de connaître les mystères du Royaume des cieux, tandis qu'à ceux-là ce n'est pas donné.

 12 Car à celui qui a, il sera donné, et il sera dans la surabondance; mais à celui qui n'a pas, même ce qu'il a lui sera retiré.

 13 Voici pourquoi je leur parle en paraboles: parce qu'ils regardent sans regarder et qu'ils entendent sans entendre ni comprendre;

 14 et pour eux s'accomplit la prophétie d'Esaïe, qui dit: Vous aurez beau entendre, vous ne comprendrez pas; vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas.

 15 Car le cœur de ce peuple s'est épaissi, ils sont devenus durs d'oreille, ils se sont bouché les yeux, pour ne pas voir de leurs yeux, ne pas entendre de leurs oreilles, ne pas comprendre avec leur coeur, et pour ne pas se convertir. Et je les aurais guéris!

 16 «Mais vous, heureux vos yeux parce qu'ils voient, et vos oreilles parce qu'elles entendent.

 17 En vérité, je vous le déclare, beaucoup de prophètes, beaucoup de justes ont désiré voir ce que vous voyez et ne l'ont pas vu, entendre ce que vous entendez et ne l'ont pas entendu.

 18 «Vous donc, écoutez la parabole du semeur.

 19 Quand l'homme entend la parole du Royaume et ne comprend pas, c'est que le Malin vient et s'empare de ce qui a été semé dans son cœur; tel est celui qui a été ensemencé au bord du chemin.

 20 Celui qui a été ensemencé en des endroits pierreux, c'est celui qui, entendant la Parole, la reçoit aussitôt avec joie;

 21 mais il n'a pas en lui de racine, il est l'homme d'un moment: dès que vient la détresse ou la persécution à cause de la Parole, il tombe.

 22 Celui qui a été ensemencé dans les épines, c'est celui qui entend la Parole, mais le souci du monde et la séduction des richesses étouffent la Parole, et il reste sans fruit.

 23 Celui qui a été ensemencé dans la bonne terre, c'est celui qui entend la Parole et comprend: alors, il porte du fruit et produit l'un cent, l'autre soixante, l'autre trente.»

 Prédication

            Et voici qu’il nous est fait part de ce que Jésus disait bien des choses en paraboles. Et de ce bien des choses Matthieu n’a conservé, dans ce fragment, qu’une affaire de semeur, de semence, et de ce qui s’ensuit. C’est curieux… six versets pour dire presque tout, pour dire une sorte d’essentiel : une petite histoire. Il pourrait bien y avoir eu ce jour-là d’autres formes d’enseignement, du raisonnement pur, de la sagesse, de l’histoire prophétique, d’autres petites histoires encore, d’autres paraboles peut-être, et même certainement. Mais Matthieu ne conserve qu’une chose – apparemment – « Voici le semeur est sorti pour semer. » et ce qui suit, disons – pour l’instant – la bonne terre… « l’un cent, l’autre cinquante, l’autre trente. Celui qui a des oreilles, qu’il entende. »

            Qu’il entende, soit ! Mais qu’il entende quoi ? Autant que je me souvienne, lorsque – petite enfance ou presque – les adultes m’ont donné un album intitulé Le semeur, les images venaient illustrer la petite affaire agricole et s’en tenaient à elle. Je ne sais pas pourquoi ce souvenir m’émeut jusqu’à aujourd’hui. Peut-être est-ce ce qu’il y a d’émouvant, s’en tenir au plus simple et se prononcer en disant que la parabole est là, dans ce premier – et unique – fragment, et dans le simple, très simple constat, les graines, les sols, les fruits et no comment. Celui qui a des oreilles entend qu’il n’y a rien à entendre. Et en entendant qu’il n’y a rien à entendre, le disciple – le lecteur – se souvient aussi que tout ce qu’on ajoute vient, comme on dit, du malin.

 

            S’agissant donc du premier fragment, retenons cette première lecture, 6 versets, et tout est dit. Tout aurait été dit, d’ailleurs, si les disciples de Jésus ne s’étaient mis en quête de quelque chose, et s’ils n’avaient voulu faire valoir leur jeune science.

            Cette jeune science, ils la manifestent en posant à Jésus une question : « Pourquoi leur parles-tu en paraboles ? » Mais à quoi cette question fait-elle allusion ? Il y a le choix. Cette question peut faire allusion à « Jésus leur dit beaucoup de choses en paraboles », ou, très directement, à « le semeur sortit pour semer… » Il est très souvent considéré que Le Semeur est par essence même une parabole. Pourtant, ça n’est pas du Semeur qu’il est dit que c’est une parabole, cela est dit d’autres fragments, qui existent bien dans le récit, mais dont nous ne savons rien si ce n’est qu’il y en avait beaucoup, portant sur beaucoup de choses.

            Ce qui nous fait nous demander s’il faut vraiment considérer que Le Semeur est une parabole. Et si cela n’est pas ? Qu’est-ce qui sera parabole ?

            Je ne sais pas ce que c’est, mais cela me fait penser à un teaser, un dispositif coloré, en bout de ligne, dissimulant l’hameçon, et sur quoi le poisson doit se jeter. Et sur quoi le poisson s’est-il jeté ? Le poisson disciple de Jésus s’est jeté sur Le Semeur, et il a mordu sur l’idée qu’il a, lui, disciple de Jésus, une compétence et une connaissance meilleures que celle des petites gens du peuple.

            Sauf que Jésus va se mettre à parler à ses disciples, en vous, de la foule il va parler en eux, et qu’il va falloir démêler un peu, ou emmêler un peu, les propos qui sont tenus. Il y a les disciples, il y a la foule. Qui sont ceux qui savent, qui sont ceux qui ne savent pas ? Prudence ! Qui sont ceux qui ont, qui sont ceux qui n’ont pas ? Prudence. Les disciples, qui pensent qu’ils savent, sont peut-être ceux qui n’ayant en fait rien du tout sont appelés à avoir encore moins, tant il est vrai que, parfois, ce qui est sur suffit à vous encombrer. Et corolairement, la foule qui a très peu, a au moins un reste de la prédication des paraboles, et c’est elle qui, en plus de ce reste, recevra d’avantage encore et surabondamment. Les disciples ainsi sont ceux qui ne voient pas, pour qui la parole parle pour rien et pour qui il n’y a aucune espérance sous le ciel.

           

            Mais tout n’est pas dit pour autant. Nous sommes au pays des paraboles, c'est-à-dire là où le champ de vision, le champ de compréhension peuvent être renversés. Et nous venons de faire un renversement, manœuvre qui ne se solde pas par quelque chose de figé. Les champs de conscience des disciples et de la foule n’ont pas été permutés simplement et définitivement. Et même s’il y avait de la conversion dans l’air, et il y en a, l’affaire n’est jamais close. La connaissance des mystères du Royaume des cieux est proposée à tous, chacun en sa saison, chacun en sa raison qui peut toujours revenir. Conversion qui n’est jamais opposable à quiconque. Et si par malheur elle vient à l’être, elle s’évanouit, retour à la surdité, retour à la cécité.

 

            Mais ça n’est pas fini, parce qu’il nous faut – si nous le voulons – lire encore une parabole, désignée enfin comme la parabole du semeur, « vous donc, écoutez la parabole du semeur » C’est elle ! Et la première, c’était quoi ? C’était un petit exercice pour apprendre à lire avec le plus de fidélité possible des petit récits d’apparence toute simple et qui ne le sont jamais, ou alors bien plus qu’on croit, qui parlent du Royaume des cieux et de bien d’autres choses encore, qui ne sont jamais ce qu’il semble, ni jamais ce qu’on croit. La première donc, ça n’était pas le semeur. C’était pour apprendre à lire.

            Et maintenant, c’est quoi ?

 

19 Quand l'homme entend la parole du Royaume et ne comprend pas, c'est que le Malin vient et s'empare de ce qui a été semé dans son coeur; tel est celui qui a été ensemencé au bord du chemin.

 20 Celui qui a été ensemencé en des endroits pierreux, c'est celui qui, entendant la Parole, la reçoit aussitôt avec joie;

 21 mais il n'a pas en lui de racine, il est l'homme d'un moment: dès que vient la détresse ou la persécution à cause de la Parole, il tombe.

 22 Celui qui a été ensemencé dans les épines, c'est celui qui entend la Parole, mais le souci du monde et la séduction des richesses étouffent la Parole, et il reste sans fruit.

 23 Celui qui a été ensemencé dans la bonne terre, c'est celui qui entend la Parole et comprend: alors, il porte du fruit et produit l'un cent, l'autre soixante, l'autre trente.»

 

            La parabole du Semeur, c’est ça, il n’y a pas de semeur. Bien sûr, il est possible que chacun évalue avec ça son évangélisation, son propre parcours, sa prédication, et s’octroie des bons points, ou en distribue à d’autres, des mauvais, ou des bons… sauf que la souplesse acquise pour nous pendant la lecture et la méditation de la première partie du texte ne peuvent pas être perdues.

            Je crois que cette souplesse est l’un des buts essentiels de notre vie spirituelle – de toute piété. Et voici, c’est la raison pour laquelle le semeur est sorti pour semer. 

samedi 8 juillet 2023

Penser, méditer et croire, pour l'homme, et pour Dieu (Matthieu 11,18-30)

Matthieu 11

18 «En effet, Jean est venu, il ne mange ni ne boit, et l'on dit: ‹Il a perdu la tête.›

19 Le Fils de l'homme est venu, il mange, il boit, et l'on dit: ‹Voilà un glouton et un ivrogne, un ami des collecteurs d'impôts et des pécheurs!› Mais la Sagesse a été reconnue juste d'après ses œuvres.»

 20 Alors il se mit à invectiver contre les villes où avaient eu lieu la plupart de ses miracles, parce qu'elles ne s'étaient pas converties.

 21 «Malheureuse es-tu, Chorazin! Malheureuse es-tu, Bethsaïda! Car si les miracles qui ont eu lieu chez vous avaient eu lieu à Tyr et à Sidon, il y a longtemps que, sous le sac et la cendre, elles se seraient converties.

 22 Oui, je vous le déclare, au jour du jugement, Tyr et Sidon seront traitées avec moins de rigueur que vous.

 23 Et toi, Capharnaüm, seras-tu élevée jusqu'au ciel? Tu descendras jusqu'au séjour des morts! Car si les miracles qui ont eu lieu chez toi avaient eu lieu à Sodome, elle subsisterait encore aujourd'hui.

 24 Aussi bien, je vous le déclare, au jour du jugement, le pays de Sodome sera traité avec moins de rigueur que toi.»

 25 En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit: «Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l'avoir révélé aux tout-petits.

 26 Oui, Père, c'est ainsi que tu en as disposé dans ta bienveillance.

 27 Tout m'a été remis par mon Père. Nul ne connaît le Fils si ce n'est le Père, et nul ne connaît le Père si ce n'est le Fils, et celui à qui le Fils veut bien le révéler.

 28 «Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous donnerai le repos.

 29 Prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes.

 30 Oui, mon joug est doux et mon fardeau léger.»                                            

Prédication

            Un peu en dehors des textes qui nous sont proposés aujourd’hui, voici : « Ceux qui sont dans la chair ne peuvent pas plaire à Dieu » (Romains 8,8). Une phrase dont la syntaxe est toute simple, même si elle est de Paul, dans laquelle un certain verbe se trouve qui suggère bien des choses… dont celle-ci : il faut plaire à Dieu. Ce qui nous apprend que Dieu est quelqu’un, ce qui nous apprend aussi que c’est quelqu’un à qui l’on peut plaire. Peut-être même qu’il faut lui plaire afin d’obtenir telle gratification, afin même, peut-être, de continuer à vivre.

            Si nous tenons cela pour acquis, cela suppose  que Dieu a des sentiments changeants, des sentiments changeants selon les performances de ses adorateurs, petits et grands d’ailleurs. Je me souviens ainsi d’un petit garçon qui avait été obligé de jeter à la poubelle ses figurines de super-héros, objets dont le pasteur, et sa maman affirmaient que leur existence contrevenait au commandement de Dieu – qui s’appelle Jéhovah – et qui devaient donc être détruits, par l’enfant, pour plaire à Dieu.

            Et il serait de la nature de Dieu d’avoir des sentiments changeants, sentiments qui changeraient selon les performances de ses adorateurs. Vous avez là la performance et vous avez là son objectif. La performance, vous pouvez en trouver une infinité de variations. Mais l’objectif ne change pas : plaire à Dieu. Et ce qui permet qu’il y ait cet objectif, c’est que Dieu est du genre qui exige qu’on lui plaise.

            C’est un certain étonnement. Dieu serait-il cela ? Dieu serait-il ainsi fait qu’il exigerait que le croyant s’égale à telle image qu’il a lui-même préalablement tracée de lui, Dieu y trouvant un plaisir suffisamment intense pour concevoir le désir de récompenser. Dieu donc ici serait une sorte de Seigneur – un Seigneur de telle époque, nous allons essayer de le dire – et l’adorateur un ilote – un esclave, adorateur de tout en bas et dans l’ignorance même de ce qu’il fait. Voici son adorateur, et voici Dieu dans la représentation que peuvent en donner les écrivains d’une certaine époque. Dieu est-il ainsi ? Il est ainsi à telle époque, lorsque la société a une structure pyramidale, avec un roi tout en haut dont le pouvoir est de droit divin. Antiquité, Empire romain, plus tard saint Empire, Royaume de France, puis telle ou telle secte… Dieu est ainsi, et il charge ses adorateurs de très lourdes charges… nous l’avons déjà dit, et manifeste son humeur avec des bénédictions, ou des malédictions.

            Le verbe plaire est le plus important dans cette première partie de notre méditation, méditation du côté de chez Paul. Mais qu’en sera-t-il du côté de Matthieu ?

            Là où nous avons lu, il semble que ce soit assez différent. Il ne va plus être question d’obéissance, mais d’émerveillement. Dieu est celui qui, dans un monde imparfait, manifeste sa puissance en accomplissant des actes si merveilleux qu’ils suscitent un changement radical de comportement – la conversion – de ceux qui y assistent. Et vous voyez que le salut est alors dans l’émerveillement.

            Mais ce n’est pas tout, car il y a une discussion – sévère – pour savoir – encore des complications – s’il s’agit, en matière de salut, d’éprouver, ou de comprendre. Sur cette question, tout ce que nous avons exploré jusqu’ici se multiplie. Et se multiplie aussi Dieu. Les images de Dieu ? Non. Dieu lui-même.

            Dieu, en un certain esprit, contribue-t-il à la compréhension humaine ? Dieu n’est-il qu’esprit donnant à la pensée humaine une soudaine – ou permanente – illumination ? Dieu, toujours en parlant de Lui comme esprit, suscite-t-il l’illumination qui subjugue l’être humain (dans une autre perspective, celle de plaire, nous avions parlé d’émerveillement – émerveillement n’est pas illumination).

            Toutes ces représentations de Dieu ont pu entrer en collision, parce qu’elles sont lourdement incompatibles les unes avec les autres, parce que l’âme humaine manque parfois de modestie et de compréhension, et parce qu’elle se trompe elle-même sur l’objet de son adoration, ou encore parce qu’il n’y a qu’elle-même au fond qu’elle adore. Y a-t-il alors quelque chose qui puisse lui être proposé – peut-être  même qui puisse lui être opposé (mais attention, lui être opposé sans se détruire elle-même) ?

 

            Dans le 11è chapitre de l’évangile de Matthieu, il vient un moment où l’on parle du Fils de l’homme et quoi qu’il fasse, quoi qu’il dise, il a toujours tout faux, et où les formes de l’existence divine ne servent finalement qu’à charger les gens de fardeaux trop lourds pour leurs épaules. Il est très intriguant de voir et d’entendre Jésus tenir de ces discours du genre émerveillement-conversion-damnation. Ces discours, nous les avons repérés, et ils sont comme le point de départ de la prédication de Jésus, c’est de là qu’il veut partir. C’est là que ses auditeurs sont ancrés, à ce qu’il semble. Et il semble aussi que Jésus veuille, pour lui-même et pour eux, partir. Mais quoi dire, ou comment faire ?

            Jésus commence à faire. Ses miracles ne produisent rien de durable. C’est que, comme Dieu miraculeux du genre que nous avons déjà vu, Jésus est inopérant. Et c’est alors que, comme ce Dieu-la, il maudit. Mais à la différence de ce Dieu-là, Jésus dépasse le champ de la malédiction, et il poursuit. Alors, de l’échec divin, va émerger une prédication nouvelle. Et j’aime à dire que, dans la forme que prend alors la prédication de Jésus, Dieu renonce à Dieu. Car les affaires de puissance, de grandeur et de beauté ne l’intéressent plus. Elles fabriquent trop de stress, elles exigent trop de la nature humaine. Elles font un héros de celui qui croit, et un paria de celui qui doute, ou ne croit pas. Jésus qui prêchait, ou prêcherait ainsi n’apporterait rien, ni à l’humanité, ni à Dieu.

            Alors Jésus poursuit, approfondit encore son propos en donnant une affirmation d’une audace folle : « Tout m’a été remis par mon Père… ». Entendons bien, la compréhension que Jésus a de sa propre mission, celle qu’en tant qu’homme il se donne à lui-même, lui fait affirmer qu’il n’y a plus, et qu’il n’y aura plus de Dieu des genres que nous avons explorés tout à l’heure. Ces dieux sont définitivement résorbés dans l’humanité, dans l’homme Jésus qui proposera un certain redéploiement de la piété. Ce redéploiement sera désigné par une phrase que je crois bien connue et que nous avons déjà lue aujourd’hui : « Mon joug est doux, et mon fardeau léger. » Le joug, c’est cette sorte de poutre placée sur la tête d’un animal, avec laquelle il peut tirer la charge, et nous devons tirer chacun sa vie. Le joug de Jésus est doux. Et son fardeau léger – le croyant porte le fardeau de Jésus, et non pas le lourd fardeau des faux dieux – Le croyant porte le fardeau léger de Jésus.

            Matthieu 11 ; et même si la croix est l’un des horizons de l’Évangile, le plus lourd des fardeaux possibles, elle va avec la résurrection, le plus léger des fardeaux possibles. Amen

 

            P.S. : et nous gardons pour d’autres sermons d’autres méditations, sur le dieu amour, sur le dieu de la conquête de Canaan, sur le Dieu sagesse, sur le Verbe, sur le dieu pédagogue, le dieu des armées, et le dieu des montagnes pays de Madian…

samedi 1 juillet 2023

Pour un verre d'eau (Matthieu 10,37-42)

Matthieu 10

37 «Qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi; qui aime son fils ou sa fille plus que moi n'est pas digne de moi.  38 Qui ne se charge pas de sa croix et me suit n'est pas digne de moi. 39 Qui aura assuré sa vie la perdra et qui perdra sa vie à cause de moi l'assurera. 40 «Qui vous accueille m'accueille moi-même, et qui m'accueille, accueille celui qui m'a envoyé. 41 Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de prophète, et qui accueille un juste en sa qualité de juste recevra une récompense de juste. 42 Quiconque donnera à boire, ne serait-ce qu'un verre d'eau fraîche, à l'un de ces petits en sa qualité de disciple, en vérité, je vous le déclare, il ne perdra pas sa récompense.»


Prédication : 

             Je me souviens du milieu des années 70 et de cette effervescence spirituelle qui traversa bien des Églises, et par là même qui traversa bien des familles. Certaines communautés nouvelles étaient en quête d’importance et de nouveaux membres. Les petits maîtres de ces communautés, même s’ils étaient des autodidactes, n’avaient pas de mal à prêcher sur des versets comme ceux de Matthieu 10… et donc à prêcher la rupture dans les familles. « Qui aime son père ou sa mère, ou son fils, ou sa fille… plus que moi n’est pas digne de moi… »

            Je me souviens avoir dû constater que cette prédication avait un certain succès, succès dans lequel les amis, chers bons amis du lycée furent aussi emportés. Du jour au lendemain ils ne vous parlaient plus, ils ne venaient plus au café… Ayant décidé d’aimer Jésus plus que tout, ils se dispensaient de la conversation humaine qui – c’est nous qui le disons – est à la fois plus et meilleure que tout. Pour quel profit rompaient-ils ainsi avec leurs semblables ?

            Ainsi certains morceaux d’Évangile ont-ils un aspect assez redoutable. Jésus s’y mérite et le prix de ce mérite est la rupture entre le croyant et sa famille. Pas forcément une rupture massive et brutale – il y a d’autres fragments pour ça – mais une sorte de rupture sournoise, du genre dont la profondeur doit être constamment réévaluée. Et les divers ordres et commandements qui servent à mettre en place ces profondes séparations sont dans la bouche de Jésus.

            Mais dans notre bouche vient une certaine question : Jésus a-t-il vraiment dit ?

            Pour nourrir – en fait plutôt pour l’affamer – cette question, nous pouvons nous procurer des Bibles dans lesquelles les paroles de Jésus figurent en caractères rouge. Les phrases ainsi distinguées ont immédiatement une autorité supérieure. Mais il n’y a pas de réflexion, juste une sorte d’autorité non réfléchie. Ça n’est pas ce qui intéresse notre tradition. Plus intéressante était la recherche qui fut menée vers le milieu du 20è siècle, sur des critères savants, en lisant les textes avec extrêmement de minutie, recherche des ipsissima verba, les paroles indubitablement de Jésus. Beaucoup de travail, beaucoup de colloques… pour un résultat beau peut-être mais surtout incertain, les universitaires étant rarement d’accord les uns avec les autres – c’est pour ça qu’on les aime – mais gonflés d’autorité – eux ou plutôt leurs disciples –  s’agissant de leur propres résultats – là, on aime moins.

 

            Les versets de Matthieu que nous lisons et méditons sont peints en rouge dans telle Bible. Et pourtant, la question demeure. Jésus a-t-il vraiment dit : « Qui aime son père, ou sa mère, etc. plus que moi n’est pas digne de moi » ? La question demeure et devant cette question nous allons poser comme une petite muraille. Nous sommes dans l’évangile de Matthieu, évangile dont le style et le ton sont souvent agressifs et rudes, un peu comme si des rabbins de tendances très opposées, qui plus est proches cousins, se disputaient.

            Certains de ces personnages pourraient être des sympathisants de Jésus, d’autres des ennemis. Et vous savez, entre proches ennemis, pour disqualifier l’autre, on peut lui emprunter ses propos, ses arguments, et les pousser à l’extrême ; c’est comme ça qu’une femme se trouva sept fois mariée à sept frères… S’agissait-il d’un débat sur le mariage ? Futilité.  Il s’agissait d’une véritable méditation théologique sur la résurrection et sur la liberté – c’est la même chose. Entre bon usage et mésusage du texte, il appartient au lecteur de faire la part des choses, il lui appartient de trouver ce qui est bonne nouvelle. Et puisqu’on appelle Évangile le texte et Évangile aussi le message, nous disons qu’il appartient au lecteur de trouver l’Évangile dans l’Évangile.

            C’est une formulation qui invite à ne pas proclamer trop rapidement que la bonne nouvelle commence à tel endroit (un verset précis) et est proclamée jusqu’à tel autre endroit (un autre verset précis). Nous avons ainsi exploré Matthieu 10,37 – un verset – et nous nous demandons s’il est possible de considérer que ce verset est Évangile. Et nous en doutons. Peut-être qu’il nous faut prendre notre courage à deux mains pour en douter, car nous n’avons pas été formés à douter ainsi. Qu’est-ce qui pourrait nous inciter à le faire ? L’exemple  de notre père Abraham, ou celui de notre père Moïse qui n’hésitèrent pas à interpeler  Dieu lui-même, jusqu’au point où leur interpellation  fit se transformer le décret divin. La leçon à retenir est ici que le décret divin peut dépendre de l’intercession humaine.

            Passera-t-on ainsi au verset suivant ? Imaginons que notre croyant a réglé ses problèmes avec sa famille, adieu, il s’est déchargé de sa propre croix, on dirait. Très bien, il est libre, et digne de Jésus Christ. Apparemment, après une lecture rapide. Oui. Mais à bien y regarder, ça n’est pas ça. Qui ne prend pas sa croix, et me suit, n’est pas digne de moi. Mais quelle était la croix ? Maudite famille était peut-être la croix – bien d’autre croix sont envisageables. Mais la croix dont Jésus parle ne fait grâce d’aucun des soucis du temps. Et même si l’on voit certains des disciples de Jésus tout quitter pour le suivre,  l’injonction de porter sa croix tient encore.

            On n’épouse pas l’Évangile de Jésus Christ pour être délivré de l’humanité qui est nôtre. Ni d’ailleurs pour se vanter d’appartenir ainsi à une humanité renouvelée. Nous venons de faire deux phrases négatives. Et nous attendons des phrases positives. L’Evangile est grâce et joie, exultation et paix. Mais comme cela est difficile… Pourvu que ce que nous dirons et ferons ne vienne pas obturer, bloquer, cette voie ouverte, compréhension ouverte, qui est tellement propre à l’Évangile.

 

            Ainsi écarterons-nous le verbe trouver, ce eureka d’Archimède, que nous avons dans notre texte, qui met fin à la recherche, à la réflexion et au voyage. Qui met fin aussi aux flots de l’existence… L’Évangile de Jésus Christ, s’il faut le résumer à un seul verbe, à la suite d’une série de commandements, et d’observations mêlés, dans l’évangile de Matthieu, chapitre 8… c’est accueillir. Accueillir, une chaîne d’accueil qui part du ras du sol, et qui, un mot après l’autre voyage et s’élève jusqu’à Dieu. Mais attention, cette chaine s’élève jusqu’à Dieu et n’atteint jamais Dieu. A supposer que ce soit une ascension, elle est toujours aussi une descente, l’accueil d’une descente, un chemin dont le mot accueil est et reste, et restera le maître mot. Il s’agit de poursuivre la route, toujours. Telle est la vie de ceux qui vivent l’Évangile.

            Et le texte nous parle alors de récompense, ou de salaire. Que gagne-t-on à vivre l’Évangile, c'est-à-dire à l’accueillir ? Salaire de prophète ? Mais qu’est-ce que c’est ? Salaire de juste ? Et qu’est-ce que c’est ? Et qu’est ce que ça peut être d’autre que la présence du prophète, ou du juste. Comme le salaire de l’étude, seul et ensemble sera la fécondité, la joie, et la continuation de l’étude. Cependant que viendront s’éroder toutes sortes de mérites lié aux titres, aux origines, et encore à l’ancienneté…

 

            Sur ce parcours, et le temps aidant, l’Évangile aussi aidant le temps, les choses doivent devenir de plus en plus simples. Comme un verre d’eau. Ce qui ne les empêche pas de devenir de plus en plus belles.