samedi 27 décembre 2014

Noël 2014

Voici quelques méditations et prières, ainsi que la prédication du culte de Noël que j'ai célébré cette année. A mes lecteurs, un peu tardivement, il est vrai, je souhaite un joyeux Noël, et une heureuse fin d'année.

Que le Seigneur nous bénisse et nous garde

______________________________

Attendre.

Qu’attendent-ils, ceux qui regardent la pluie tomber, bien au sec dans leurs maisons ?
Qu’attendent-ils, ceux qui attendent qu’une main anonyme leur donne une petite pièce ?
Qu’attendent-ils, les enfants, le matin – ou le soir – de Noël ?
Et les bergers du Sahel qui, pendant trois ans, ne voient pas tomber la pluie ?
Qu’attendent-ils, ceux que les dictatures enferment dans les camps ?
Dans une prison, oublié, un détenu attend comme chaque jour le passage d’un rat qui est, depuis longtemps, son seul compagnon et avec lequel il partage quelques miettes de pain.

Les fils d’Israël, pendant leur long exil, qu’attendaient-ils ?

Qu’attendent-ils, ce matin, les assiégés de Kobané ?
Et ceux qui étaient traqués dans les marais du Rwanda ?

Sur le bord du chemin, nu, blessé et en plein soleil, un homme attaqué par des brigands attend du secours.

Untel attend un emploi, tel autre une promotion, tel autre encore attend, tranquillement, sa mise à le retraire et un autre, anxieusement, son licenciement.

Cette jeune femme attend le retour de son mari qui est soldat.

Un insomniaque attend le petit matin et Marie attend un enfant.

Ils attendent.
Attendre : se tenir en un lieu où quelqu’un doit venir, une chose arriver ou se produire, et y rester jusqu’à cet événement.
Combien de temps avant l’arrivée du bonheur, de la liberté, ou du Messie ?
Comment se manifestera-t-il ? Alors, qu’attendre ?

Attendre, parfois même s’il n’y a peut-être rien à attendre.

Et toi, qu’est-ce que tu attends ?

CHANT 351 D’un arbre séculaire

Lecture biblique : Luc 2
1 Or, en ce temps-là, parut un décret de César Auguste pour faire recenser le monde entier.
2 Ce premier recensement eut lieu à l'époque où Quirinius était gouverneur de Syrie.
3 Tous allaient se faire recenser, chacun dans sa propre ville;
4 Joseph aussi monta de la ville de Nazareth en Galilée à la ville de David qui s'appelle Bethléem en Judée, parce qu'il était de la famille et de la descendance de David,
5 pour se faire recenser avec Marie son épouse, qui était enceinte.

CHANT 542-1 Ils ont marché au pas des siècles

6 Or, pendant qu'ils étaient là, le jour où elle devait accoucher arriva;
7 elle accoucha de son fils premier-né, l'emmaillota et le déposa dans une mangeoire, parce qu'il n'y avait pas de place pour eux dans la salle d'hôtes.

CHANT 542-3 « Ils sont venus les mains ouvertes… »

8 Il y avait dans le même pays des bergers qui vivaient aux champs et montaient la garde pendant la nuit auprès de leur troupeau.
9 Un ange du Seigneur se présenta devant eux, la gloire du Seigneur les enveloppa de lumière et ils furent saisis d'une grande crainte.
 10 L'ange leur dit: «Soyez sans crainte, car voici, je viens vous annoncer une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple:
 11 Il vous est né aujourd'hui, dans la ville de David, un Sauveur qui est le Christ Seigneur;
 12 et voici le signe qui vous est donné: vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire.»
 13 Tout à coup il y eut avec l'ange l'armée céleste en masse qui chantait les louanges de Dieu et disait:
 14 «Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix pour ses bien-aimés.»

CHANT 359 1-2 Ô  peuple fidèle

 15 Or, quand les anges les eurent quittés pour le ciel, les bergers se dirent entre eux: «Allons donc jusqu'à Bethléem et voyons ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître.»
 16 Ils y allèrent en hâte et trouvèrent Marie, Joseph et le nouveau-né couché dans la mangeoire.
 17 Après avoir vu, ils firent connaître ce qui leur avait été dit au sujet de cet enfant.
 18 Et tous ceux qui les entendirent furent étonnés de ce que leur disaient les bergers.
 19 Quant à Marie, elle retenait tous ces événements en en cherchant le sens.
 20 Puis les bergers s'en retournèrent, chantant la gloire et les louanges de Dieu pour tout ce qu'ils avaient entendu et vu, en accord avec ce qui leur avait été annoncé.

Prière
Mon Dieu, j’attends.
J’attends un Sauveur qui est le Christ Seigneur.
Qu’est-ce que j’attends ? Le Christ Seigneur sera puissant et fort, il plaidera pour moi, il agira pour moi, je l’attends.
Il me guérira lorsque je serai malade, me consolera lorsque je serai triste et me nourrira lorsque j’aurai faim, je l’attends.
Il me libérera lorsque je serai détenu, je l’attends.
Et je trouve qu’il met beaucoup, beaucoup de temps à arriver.
Seigneur, je t’attends !
Tarderas-tu ?

J’attends un Sauveur qui est le Christ Seigneur,
Et voici le signe qui m’est donné : un enfant couché dans une mangeoire.
Mais, mon Dieu, que peut donc faire pour moi un enfant couché dans une mangeoire ?
Un enfant couché dans une mangeoire, comment pourrais-je l’attendre car comment ferait-il quelque chose pour moi ? Il est petit et faible, il attend tout…

Mon Dieu, est-ce cela que tu veux me dire ?
Le Sauveur qui est le Christ Seigneur ne peut rien, rien sans la foi de ceux qui croient en lui, rien sans les actes de ceux qui agissent pour lui.
C’est cela, je crois, que tu veux me dire.

Je t’en prie, Seigneur, permets-moi de l’entendre et de ne jamais l’oublier.
Amen

CHANT 359 3 « Esprits de lumière… »

Lecture biblique : Jean 1
1 Au commencement était le Verbe, et le Verbe était tout près de Dieu, et le Verbe était Dieu.
2 Il était au commencement tout près de Dieu.
3 Tout fut par lui, et rien de ce qui fut ne fut sans lui.

4 En lui était la vie et la vie était la lumière des hommes,
5 et la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point reçue.

6 Il y eut un homme, envoyé de Dieu: son nom était Jean.
7 Il vint en témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous croient par lui.
8 Il n'était pas la lumière, mais il devait rendre témoignage à la lumière.

9 Le Verbe était la vraie lumière qui, en venant dans le monde, illumine tout homme.
10 Il était dans le monde, et le monde fut par lui, et le monde ne l'a pas connu.
11 Il est venu chez lui, et les siens ne l'ont pas accueilli.
12 Mais à ceux qui l'ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné la possibilité de devenir enfants de Dieu.
13 Ceux-là ne sont pas nés du sang, ni d'un vouloir de chair, ni d'un vouloir d'homme, mais de Dieu.

14 Et le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous et nous avons vu sa gloire, cette gloire, celle de l’unique Fils du Père, plein de grâce et de vérité.

15 Jean lui rend témoignage et proclame: «Voici celui dont j'ai dit: après moi vient un homme qui m'a devancé, parce que, avant moi, il était.»

16 Ainsi, de sa plénitude en effet, tous, nous avons reçu, et grâce sur grâce.
17 C’est que la Loi fut donnée par Moïse, la grâce et la vérité fut par Jésus Christ.
18 Personne n'a jamais contemplé Dieu ; Dieu unique Fils, étant dans le sein du Père, nous l’a fait connaître.

SILENCE

Prédication
            De quoi parle le commencement de l’évangile de Jean ?
Il y a des phrases extrêmement abstraites, qui semblent nous dévoiler le plus intime de l’intimité de Dieu, Père et Fils, avant même la création du monde. Il y a aussi d’autres phrases qui semblent nous dévoiler les secrets de la création. Et alors, l’évangile de Jean fait de ses lecteurs des initiés aux plus grands mystères de Dieu.
Et puis, tout à coup, il se trouve que la révélation de ces grands mystères de Dieu est articulée à l’histoire de l’humanité. Une histoire de grands personnages – donc une grande histoire – celle de Moïse, de Jean – celui qui baptisait – de Jésus Christ. Alors le récit semble un peu moins abstrait. Les grands mystères de Dieu se tissent avec l’existence de grands personnages, et l’évangile de Jean fait de ses lecteurs des savants.
Mais dès lors qu’à ces grands mystères on associe des noms de grands personnages, ces grands mystères deviennent moins grands, un petit peu plus concrets. Ils peuvent être associés à des paroles qu’on se répète et à des actes qu’on se raconte. Jean rend témoignage… La Loi est donnée par Moïse… Mais il ne faut pas être bien savant pour être capable de raconter.
Et ainsi l’évangile de Jean franchit une autre étape, lorsqu’il fait apparaître le monde, les anonymes contemporains de Jésus Christ. Ceux qui ont vu et entendu, et alors l’objectif de l’évangile devient tout à fait concret. Car si certains n’ont pas accueilli Jésus Christ, d’autre l’ont reçu. Et cela, entre contemporains, est tout à fait concret. Accueillir et recevoir, cela se passe d’être humain à être humain, n’a rien de particulièrement mystérieux ni d’abstrait. Au fond, pour les contemporains de Jésus Christ, pour ceux qui ont croisé son chemin, l’accueillir revenait à laisser s’approcher un homme qui mettait de la lumière dans les recoins inaccessibles des maisons et des pensées, un homme qui savait voir la vérité du cœur d’un être humain, et devant qui il était, à quelque moment, impossible de se mentir. Certain des contemporains de Jésus ont voulu de cette rencontre ; d’autres n’en ont pas voulu.
Et l’évangile de Jean franchit une autre étape, lorsqu’il dit « de sa plénitude, nous avons reçu, et grâce sur grâce », ou encore « le Fils nous l’a fait connaître ». Qui sont les gens concernés par le « nous » ? Et voici que sont convoqués les lecteurs de l’évangile de Jean. Ceux d’hier, les premiers pour lesquels il a été écrit. Et puis, tous les suivants… et jusqu’à nous.
Il nous l’a fait connaître… Est-ce à dire que, nous, lecteurs de l’évangile de Jean, nous sommes savants de l’histoire des grands hommes et initiés aux profonds mystères de Dieu ? Non. Tel n’est pas l’objectif de l’évangile de Jean. Les textes de la même époque qui ont un objectif initiatique sont totalement abscons et ne font pas l’effort considérable que fait l’évangile de Jean pour ancrer dans le concret, dans la pratique, dans l’engagement… ce qu’il en est de la connaissance de Dieu. A contraire des textes initiatiques, l’essentiel de l’évangile de Jean se dit ainsi : « le Verbe s’est fait chair. »
Il nous l’a fait connaître. C’est dire que l’expérience de la rencontre et de la vérité n’est pas une expérience seulement réservée aux contemporains de Jésus Christ. Sa possibilité concerne chaque lecteur. Mais chaque lecteur la désire-t-il ? Elle n’est, à ce qu’il semble, chose simple pour personne. Car s’il s’agit de « devenir enfants de Dieu », d’un « Dieu que nul n’a jamais vu », s’il s’agit de recevoir « grâce sur grâce », qui le voudra ? Qui voudra de quelque chose de si précaire, de si peu reluisant ? Et qui acceptera, dans cette perspective, de se défaire de tout ce par quoi l’on brille, tout ce par quoi l’on peut faire le malin ou le beau, tout ce par quoi l’on s’assure reconnaissance et position ? La question est éternelle et doit être toujours reprise.
Hier comme aujourd’hui, à ceux qui lisent, écoutent, acceptent la vérité et croient, il est donné possibilité de devenir enfant de Dieu.

MUSIQUE

CHANT 352 O nuit bienveillante