mercredi 27 décembre 2023

Le presque Noël (2) Tu n'as rien vu (Luc 2,1 - 3,6)

 


Veillée de Noël

Musique

Salutation

 

Chant 31/01/306 Veni Veni Emmanuel

 

Lecture biblique

Luc 2

1 ¶ Or, en ce temps-là, parut un décret de César Auguste pour faire recenser le monde entier.

2  Ce premier recensement eut lieu à l’époque où Quirinius était gouverneur de Syrie.

3  Tous allaient se faire recenser, chacun dans sa propre ville;

4  Joseph aussi monta de la ville de Nazareth en Galilée à la ville de David qui s’appelle Bethléem en Judée, parce qu’il était de la famille et de la descendance de David,

5  pour se faire recenser avec Marie son épouse, qui était enceinte.

6  Or, pendant qu’ils étaient là, le jour où elle devait accoucher arriva;

7  elle accoucha de son fils premier-né, l’emmaillota et le déposa dans une mangeoire, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle d’hôtes.

 

Chant : 32/23/374 Ô nuit bienveillante

 

8 ¶ Il y avait dans le même pays des bergers qui vivaient aux champs et montaient la garde pendant la nuit auprès de leur troupeau.

9  Un ange du Seigneur se présenta devant eux, la gloire du Seigneur les enveloppa de lumière et ils furent saisis d’une grande crainte.

10  L’ange leur dit: "Soyez sans crainte, car voici, je viens vous annoncer une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple:

11  Il vous est né aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur qui est le Christ Seigneur;

12  et voici le signe qui vous est donné: vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire."

13  Tout à coup il y eut avec l’ange l’armée céleste en masse qui chantait les louanges de Dieu et disait:

14  "Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix pour ses bien-aimés."

 

32/27/378 Les anges dans nos campagnes

 

15  Or, quand les anges les eurent quittés pour le ciel, les bergers se dirent entre eux: "Allons donc jusqu’à Bethléem et voyons ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître."

16  Ils y allèrent en hâte et trouvèrent Marie, Joseph et le nouveau-né couché dans la mangeoire.

17  Après avoir vu, ils firent connaître ce qui leur avait été dit au sujet de cet enfant.

18  Et tous ceux qui les entendirent furent étonnés de ce que leur disaient les bergers.

19  Quant à Marie, elle retenait tous ces événements en en cherchant le sens.

20  Puis les bergers s’en retournèrent, chantant la gloire et les louanges de Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, en accord avec ce qui leur avait été annoncé.

 

32/29/382 Il est né le divin enfant

 

Prière :

Père,

au fil des jours, tant de promesses nous déçoivent !

 Affermis en nous la foi

 et nous recevrons la promesse de vie.

 Que ta Parole nous apporte confiance et paix.

Par ton Esprit dépose-la en notre cœur

 

Texte additionnel

Luc 3:1

1 L'an quinze du gouvernement de Tibère César, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode tétrarque de Galilée, Philippe son frère tétrarque du pays d'Iturée et de Trachonitide, et Lysanias tétrarque d'Abilène,

 2 sous le sacerdoce de Hanne et Caïphe, la parole de Dieu fut adressée à Jean fils de Zacharie dans le désert.

 3 Il vint dans toute la région du Jourdain, proclamant un baptême de conversion en vue du pardon des péchés,

 4 comme il est écrit au livre des oracles du prophète Esaïe: Une voix crie dans le désert: Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers.

 5 Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées; les passages tortueux seront redressés, les chemins rocailleux aplanis;

 6 et tous verront le salut de Dieu.

  

prédication : Luc2,1-20 (et 3,6) noël 2012

          Dans le fil de l’évangile de Luc, il y a la prédication de Jean-Baptiste qui précède celle de Jésus. Et, si l’on s’en tient à ce que nous dit Luc, Jésus avait environ trente ans lorsqu’il commença à prêcher. C’est donc à peu près trente années après la naissance de Jésus à Bethléem que Jean-Baptiste proclame que « toute chair verra le salut de Dieu. » D’où une question très simple : puisque, trente années après Bethléem, Jean-Baptiste proclame que toute chair verra (au futur) le salut de Dieu, il est légitime de se demander ce qu’on a vu à Bethléem trente années plus tôt ?  Tu n’as rien vu à Bethléem… Si, j’ai tout vu… Vous connaissez le récit par cœur.

          On a vu un couple en voyage pour des raisons administratives, elle enceinte comme on dit jusqu’au bout des ongles, et que les douleurs de l’enfantement plient soudain en deux. On l’a vue accouchant dans l’écurie, parce qu’il n’y a pas de place pour ça dans une salle de restauration bondée. On a vu que, pour éviter que l’enfant ne fût piétiné, il fut placé dans la mangeoire des animaux, ce berceau de fortune en valant bien d’autres… On a vu cela à Bethléem.

          On y a vu des bergers, dans l’ordinaire des veilles de la nuit, être auditeurs de la parole d’un ange puis témoins et auditeurs d’une procession de toute l’armée du ciel, avec chants et fanfare. On a vu cela.

          On y a vu les bergers aller vérifier que ce qui leur avait été annoncé était bien réel. Et ils le vérifièrent, car, parfois, on ne croit que ce qu’on voit, et parce que, souvent, on ne prête foi qu’à ce qui se vérifie. On a vu cela.

          On a vu Marie, jeune accouchée, sans doute épuisée, qui tentait de faire tenir ensemble les éléments annoncés d’un destin exceptionnel et les éléments ordinaires du long labeur de vivre.

          On a vu enfin les bergers s’en retourner, réjouis de ce que tout ce qu’ils avaient entendu et vu était exactement tout comme cela leur avait été dit. Et il ne leur avait été dit que du beau, que du bon… alors que la vie n’est pas toujours belle, ni toujours bonne, et que c’est même lorsque la vie n’est ni belle ni bonne que l’Evangile est à éprouver, à repérer, à annoncer. Or, à Bethléem, on ne voit ni paralytiques à guérir, ni aveugles à qui rendre la vue, ni agonisants à qui rendre un souffle de vie, ni foules à nourrir, ni raisonneurs à faire taire…

Ceci non pour vous faire douter, mais pour que nous ayons bien conscience, tous ensemble, que la parole prophétique n’est pas réalisée totalement à Bethléem. Elle y connaît certainement l’un de ses accomplissements, mais elle doit demeurer une parole prophétique pour demeurer une parole d’espérance[1].

 

A Bethléem, certains ont vu… et c’est tant mieux qu’ils aient vu, le salut de Dieu. Mais, ailleurs qu’à Bethléem, quand verra-t-on le salut, et à quoi alors le reconnaîtra-t-on ? Qu’untel ait vu ce salut à Bethléem, nous nous en réjouissons comme les bergers s’en réjouirent. Mais l’ange annonce que cette affaire sera une grande joie « pour tout le peuple », et le prophète énonce que « toute chair verra le salut de Dieu. » Alors, Bethléem, oui… et après ?

 Puissante invitation, pour nous autres, à lire l’évangile après Bethléem et après Jean-Baptiste. Car ce que des bergers galiléens ont vu et reçu comme signe ne saurait constituer un signe, trente années plus tard, pour une femme syro-phénicienne, un centurion romain ou un pharisien de Jérusalem. Ainsi, le salut de Dieu a été vu lorsque Jésus a enseigné, a guéri, a consolé, a nourri… et cela a constitué autant de signes pour autant de gens. Et il a été vu aussi lorsque Jésus a été trahi, abandonné, jugé et crucifié. Car rien n’est étranger au salut de Dieu. Le salut doit pouvoir être vu de la crèche à la croix, de la naissance la plus miraculeuse à la mort la plus infamante, du succès le plus éclatant à l’échec le plus lamentable. Le salut de Dieu doit pouvoir être vu dans le néant aussi, sinon, le proclamer n’est que poudre aux yeux, mièvrerie et bavardage.

Ainsi faut-il que nous voyons à la crèche l’un des signes du salut, mais le signe des signes, c’est la croix. La croix du crucifix, où agonise le Fils de l’homme, qui est la même que la croix resplendissante, celle de la résurrection, qui dit la perpétuité de l’espérance. Ainsi, le matin de Noël ne prend sens que comme commencement de la Passion, ne prend sens qu’au-delà du matin de Pâques, au-delà de la résurrection, de l’attente, et de la Pentecôte.

Et on verra les disciples devenir non seulement des prêcheurs, mais aussi des témoins actifs et responsables de l’Evangile.

 

« Et toute chair verra le salut de Dieu », énonce donc le prophète. Les anges ne nous ont peut-être jamais parlé, et nous n’avons rien vu à Bethléem : nous sommes lecteurs des Ecritures Saintes et auditeurs de la prédication chrétienne mais, pour les apparitions célestes, nous arrivons juste deux mille années plus tard. La promesse est pourtant là, attendant que nous la recevions et que nous la mettions en œuvre. Ainsi, Noël, c’est la célébration de la grâce de naître, mais cette grâce ne nous dispense pas d’apprendre à en vivre.

Il nous faut apprendre à écouter, et à regarder. C’est plus ou moins ce que les bergers commencent à faire – il faut bien un commencement, et ce commencement est, pour les bergers, un commencement heureux, un commencement de réjouissance : tout ce qu’ils voient est conforme à tout ce qu’ils avaient entendu. Et lorsque ça n’est pas conforme à ce qu’on a vu et cru ? Et lorsque rien de ce qu’on vous promet ne se réalise ? Et lorsque l’abime s’ouvre entre ce qu’on espère et ce qui advient ?

Dans chacune des circonstances de la vie, il nous faut apprendre à écouter, et à regarder. Il nous faut aussi apprendre à nous recueillir, à réfléchir, à tenir ensemble, en pensée au moins, les éléments contradictoires parfois du rêve et de la réalité, de la proclamation de la grâce et de l’ordinaire des jours. On nous représente souvent Marie à Bethléem comme un modèle de sérénité. Mais le texte suggère un véritable débat intérieur, une véritable fanfare d’émotions et de sensations, comme un coup de cymbales qui détruit momentanément l’harmonie, tout en en faisant partie, et à la suite duquel il faut retrouver la tranquillité, et continuer à vivre.

Il nous faut aussi apprendre à agir, c'est-à-dire à répondre de ce que nous avons vu, de ce en quoi nous avons cru, et de ce que nous proclamons. Que ferons-nous nous-mêmes, qui donne à quelques autres une possibilité de voir le salut de Dieu ?

 

Sœurs et  frères, laissons là cette question. Et tâchons de retrouver la paix. Un enfant est né, fruit du désir d’un homme et d’une femme, et fruit du désir de Dieu. Nous nous penchons au-dessus du berceau de cet enfant. Nous remercions Dieu qui se donne en cet enfant, en l’adulte que deviendra cet enfant. Nous remercions Dieu pour l’irremplaçable leçon de vie qu’il y a là. En recevant cette leçon, c’est la vie que nous recevons et, en cette vie, la promesse s’accomplit : nous voyons le salut de Dieu. Amen

 

Silence

Musique

 

32/30/384 Voici Noël

 

Annonces

Offrande

 

Prière

Père, ta Parole nous a redit ton amour pour ce monde.

 

 

Nous te prions pour les responsables des nations

qui rêvent de leur imposer silence.

 

Nous te prions pour celles et ceux

qui n’ont aucun pouvoir,

pas même celui de faire entendre leur voix,

et qui fuient devant la force des puissants.

 

Nous te prions pour les riches

qu’inquiète le cri des affamés;

nous te prions pour les affamés

que révolte le gaspillage des riches.

 

Nous te prions pour les chefs de guerre

qui ne connaissent que les armes pour instaurer la paix.

 

Nous te prions pour les artisans de paix

qui ne parviennent pas à faire reculer la haine et la violence.

 

Nous te prions pour celles et ceux qui,

dans l’insouciance de leur bonne santé,

se préoccupent uniquement de leur corps.

Nous te prions pour les malades

qu’angoissent la souffrance, la solitude et la mort.

 

Nous te prions

pour les croyants sans cesse guettés par le doute,

et pour les incroyants que la soif de comprendre

et la joie de vivre rapprochent mystérieusement de toi.

 

Beaucoup de nos frères et de nos soeurs en Christ

comptent aujourd’hui sur notre prière.

Nous te les nommons dans le secret de nos coeurs.

                   silence

Nous nous reconnaissons en chacun d’eux.

Comme eux, nous avons besoin,

jour après jour, de ta grâce.

Avec eux, nous nous remettons entre tes mains

et nous nous confions à ton amour

manifesté en Jésus-Christ.

 

Notre Père

 

Musique

Bénédiction

 

Il faut sortir,

gens de mon peuple!

 

Ici c’est le campement d’un instant,

le lieu d’une halte,

où Dieu et l’homme s’arrêtent

avant de reprendre la route.

 

Sortez, gens de mon peuple.

Vous êtes le peuple en partance,

votre terre n’est pas ici.

Vous êtes peuple en mouvement,

étranger, jamais fixé,

gens de passage vers la demeure d’ailleurs.

 

Sortez, gens de mon peuple.

Allez prier plus loin;

la tendresse sera votre cantique

et la vie votre célébration.

Allez, vous êtes la maison de Dieu,

les pierres taillées à la dimension de son amour.

 

On vous attend dehors,

gens de mon peuple!

 

Soyez bénis

Amen

 

31/17/326 Ô mon peuple prends courage

 



[1] Alors, bien sûr, vous savez que la parole que proclamait Jean-Baptiste était une parole que le prophète Esaïe avait déjà proclamée. Mais, bizarrement, une recherche sérieuse dans la Bible nous montre que Jean-Baptiste cite tout à la fois Esaïe, et les Psaumes, mais d’une manière étrangement biaisée. Il fait une sorte de citation interprétative…