samedi 23 janvier 2021

La bénédiction, la tentation, et le partage (Marc 1,12-13)

Marc 1

 2 Ainsi qu'il est écrit dans le livre du prophète Esaïe, Voici, j'envoie mon messager en avant de toi, pour préparer ton chemin.  3 Une voix crie dans le désert: Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers.  4 Jean le Baptiste parut dans le désert, proclamant un baptême de conversion en vue du pardon des péchés.  5 Tout le pays de Judée et tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui; ils se faisaient baptiser par lui dans le Jourdain en confessant leurs péchés.  6 Jean était vêtu de poil de chameau avec une ceinture de cuir autour des reins; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.  7 Il proclamait: «Celui qui est plus fort que moi vient après moi, et je ne suis pas digne, en me courbant, de délier la lanière de ses sandales.  8 Moi, je vous ai baptisés d'eau, mais lui vous baptisera d'Esprit Saint.»

 9 Or, en ces jours-là, Jésus vint de Nazareth en Galilée et se fit baptiser par Jean dans le Jourdain.  10 À l'instant où il remontait de l'eau, il vit les cieux se déchirer et l'Esprit, comme une colombe, descendre sur lui.  11 Et des cieux vint une voix: «Tu es mon Fils bien-aimé, il m'a plu de te choisir.»

 12 Aussitôt l'Esprit pousse Jésus au désert.  13 Durant quarante jours, au désert, il fut tenté par Satan. Il était avec les bêtes sauvages et les anges le servaient. 

 14 Après que Jean eut été livré, Jésus vint en Galilée. Il proclamait l'Évangile de Dieu et disait:  15 «Le temps est accompli, et le Règne de Dieu s'est approché: convertissez-vous et croyez à l'Évangile.»


Méditation

C’est après que Jean le Baptiste eut été livré que Jésus commença à annoncer publiquement l’Évangile. Avant cela, Jésus était dans le désert, tenté par Satan. Contrairement à Matthieu et Luc, l’évangile de Marc ne rapporte pas trois tentations. Mais pour autant, la tentation y est décrite, en deux images : Jésus était avec les bêtes sauvages et les anges le servaient (Marc 1,13).

            Jésus n’est pas le seul à être dans le désert. Avant lui, Jean le Baptiste y survit en se nourrissant de sauterelles et de miel sauvage. Un menu pour le moins frugal, plus allégé encore que le menu du prophète Élie (1 Rois 17), buvant l’eau d’un torrent, et ravitaillé en pain et en viande par les corbeaux…

            Élie donc, était avec les corbeaux et les corbeaux le servaient. Les corbeaux ne sont d’ailleurs pas les seuls animaux, prédateurs et proies, à fréquenter ces déserts. Depuis toujours, certains humains ont su s’adapter à la vie dans ces déserts. Les littératures anciennes – 1000 ans avant la Bible – ont même fait de l’homme vivant seul au désert en harmonie avec les bêtes sauvages l’image d’un homme heureux.

            C’est cette image que l’évangile de Marc reprend et amplifie. Jésus est avec les bêtes sauvages, il vit au milieu d’elles, elles ne le menacent pas, et elles lui fournissent sans doute une part de sa pitance. Et il est servi par les anges, servi comme on est servi à table par une personne dévouée, et nous ajoutons que les anges, à son service, lui apportent toute la compagnie dont il peut avoir envie. Nous devons imaginer Jésus, dans le désert, comme un homme absolument heureux.

            Ce bonheur lui vient à la suite d’une bénédiction reçue lors de son baptême. « À l'instant où il remontait de l'eau, il vit les cieux se déchirer et l'Esprit, comme une colombe, descendre sur lui. Et des cieux vint une voix : Tu es mon Fils bien-aimé, en toi est toute ma joie. » La plus belle des déclarations divines, la plus haute des bénédictions, le plus grand des bonheurs… Et pour Jésus la plus profonde des tentations : garder pour soi tout seul ce que Dieu a donné.

            Ce qu’il fit, pendant 40 jours, si nous comprenons bien Marc, avant de renoncer à sa solitude parfaite, avant de choisir la proximité des humains, avant de commencer le grand partage que fut son ministère public.

            A la suite de ce partage, nous pouvons dire que toutes nos bénédictions sont faites pour être partagées.