vendredi 10 avril 2020

Office du Vendredi Saint

Jésus, ou Barabbas ?
Matthieu 27

17 Pilate demanda donc à la foule rassemblée: «Qui voulez-vous que je vous relâche, Jésus Barabbas ou Jésus qu'on appelle Messie?»
 18 Car il savait qu'ils l'avaient livré par jalousie.
 20 Les grands prêtres et les anciens persuadèrent les foules de demander Barabbas et de faire périr Jésus.
 21 Reprenant la parole, le gouverneur leur demanda: «Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche?» Ils répondirent: «Barabbas.»
 22 Pilate leur demande: «Que ferai-je donc de Jésus, qu'on appelle Messie?» Ils répondirent tous: «Qu'il soit crucifié!»
 23 Il reprit: «Quel mal a-t-il donc fait?» Mais eux criaient de plus en plus fort: «Qu'il soit crucifié!»

Méditation : livré par jalousie
Les hauts dignitaires du Temple de Jérusalem avaient livré Jésus aux Romains parce qu’ils étaient jaloux.

Le jaloux est un personnage qui cultive l’illusion d’être l’origine et le centre du monde, et qui éprouve donc de la haine contre tout ce qui lui montre que c’est une illusion. La haine est un sentiment extrêmement violent, un sentiment qui incite à tuer.
Ces hauts dignitaires étaient-ils le centre du monde ? Ils régnaient sur le Temple, et, au cœur du Temple, il y avait la demeure de Dieu. Ils régnaient sur tous les hommes qui assuraient le service divin. Sans eux, pas de sacrifices. Sans sacrifices, pas de pardon de Dieu. Ces gens-là régnaient sur Dieu. Ou du moins le croyaient-ils, et ils en cultivaient-ils l’illusion.
Ceci étant posé, Dieu, en ce temps-là, agissait-il ailleurs qu’au Temple de Jérusalem ?
Lorsque Pilate, gouverneur romain, présente Jésus à la foule et aux dignitaires, en le nommant Messie, il répond très exactement à la question. Oui, on appelle Jésus Messie. On l’appelle Messie parce qu’il a reçu une divine onction. Et cette divine onction est attestée par son enseignement et par son engagement, par sa parole et ses actes. « Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et l’évangile est annoncée aux pauvres » (Mat 11:5).

Ainsi Dieu agit-il, par Jésus, ailleurs qu’au Temple de Jérusalem, c’est indéniable. Et c’est insupportable pour les jaloux. Ils veulent donc en finir avec Jésus.

Avant de poursuivre, posons-nous quelques questions simples, des questions pour aujourd’hui. « Où Dieu agit-il, aujourd’hui ? » « Par les œuvres de qui ? » « Dans quelle Église, hormis la nôtre ? » « En dehors des Églises ? » « Là où l’on ne parle pas de Lui ? »
Et qu’est-ce que cela nous fait, que Dieu agisse ailleurs que chez nous ? N’est-il pas Dieu ? Et n’avons-nous pas médité – il y a quelques semaines – sur la souveraine liberté de Dieu ?

Jalousie… Ils avaient livré Jésus par jalousie. Ils voulaient en finir avec Lui. Mais, vouloir en finir avec Jésus, n’est-ce pas, en quelque manière, vouloir en finir avec Dieu ?  
Le jaloux est quelqu’un qui prétend en finir même avec Dieu… Et il mettra tout en œuvre pour y parvenir.
Pour quel péché, Jésus, pour quelle offense
A-t-on sur toi prononcé la sentence ?
Qu’as-tu donc fait, innocente victime ?
Quel est ton crime ?

Matthieu 27
35 Quand ils l'eurent crucifié, ils partagèrent ses vêtements en tirant au sort.
 36 Et ils étaient là, assis, à le garder.
 37 Au-dessus de sa tête, ils avaient placé le motif de sa condamnation, ainsi libellé: «Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs.»
 38 Deux bandits sont alors crucifiés avec lui, l'un à droite, l'autre à gauche.
 39 Les passants l'insultaient, hochant la tête
 40 et disant: «Toi qui détruis le sanctuaire et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, si tu es le Fils de Dieu, et descends de la croix!»
 41 De même, avec les scribes et les anciens, les grands prêtres se moquaient:
 42 «Il en a sauvé d'autres et il ne peut pas se sauver lui-même! Il est Roi d'Israël, qu'il descende maintenant de la croix, et nous croirons en lui!
 43 Il a mis en Dieu sa confiance, que Dieu le délivre maintenant, s'il l'aime, car il a dit: ‹Je suis Fils de Dieu!› »
 44 Même les bandits crucifiés avec lui l'injuriaient de la même manière.
 45 À partir de midi, il y eut des ténèbres sur toute la terre jusqu'à trois heures.
 46 Vers trois heures, Jésus s'écria d'une voix forte: «Eli, Eli, lema sabaqthani», c'est-à-dire «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?»
            Et, quelques instants plus tard, Jésus meurt
51 Et voici que le voile du sanctuaire se déchira en deux du haut en bas…

Méditation
Jésus le Fils de Dieu ne s’est pas sauvé lui-même. Pas un seul Juif pour sauver le roi des Juifs. Il ne s’est trouvé personne en Israël pour sauver le Roi d’Israël. Le Fils de Dieu n’a pas été délivré, même par Dieu.
Jésus meurt, abandonné de tous. Et il meurt sur la croix. Impossible d’imaginer une fin plus infamante. Impossible d’aller plus loin dans le mépris. Pourquoi cette mort-là ? Pourquoi, précisément, cette mort-là pour le Fils de Dieu ?
Pour que soit parfaitement manifesté l’amour de Dieu pour l’humanité en Jésus Christ. Cette réponse est vraie, et nous la connaissons bien. Elle n’est qu’une réponse dans un faisceau de réponse.
La mort sur la croix manifeste aussi cette jalousie que certains éprouvent envers les justes. Certains haïssent les justes au point de vouloir les supprimer.
La mort sur la croix manifeste encore ce que c’est que la haine de Dieu : il arrive que des justes soient éliminés au nom de Dieu lui-même.

Pour ceux auxquels il reste un vague souvenir d’une expérience de bonté, un petit parfum d’espérance, la mort sur la croix manifeste que même si le juste périt, Dieu est vivant en dépit de toutes les bassesses, de toutes les trahisons, vivant en dépit de tous les amours qu’on prétend lui vouer et de toutes les haines dont il est l’objet.
Un petit parfum d’espérance, perdu dans un abîme de mauvaiseté. Non pas une nourriture solide pour la route, tout juste un viatique… peut-être.
Où trouverais-je un cœur, dans ma détresse,
Semblable au tien, plein d’amour, de tendresse ?
Car en toi seul j’ai mis ma confiance,
Mon espérance.


Prière
Seigneur,
Je n’ai pas su te secourir, et maintenant voilà :
La satisfaction de ceux qui ont fomenté ta mort,
Et l’inconsolable tristesse de tes amis.
L’effroyable bilan de ces années passées à tes côtés.

Toi, mon Seigneur,
Je voudrais t’ensevelir en moi
            Puis attendre, t’attendre,
            Toi, que j’ai si peu, si mal et tellement aimé.

            Repose en moi, Seigneur.
            Je t’attends.

De l’humaine misère, Tu t’es fait serviteur ;
De chacun de tes frères, Tu portes la douleur. 
Seigneur, de nos souffrances, Et de nos lendemains,
Garde notre espérance En tes vivantes mains !