Église protestante unie
Vincennes-Montreuil
Chères
sœurs, chères frères, nous sommes toujours confinés, nous continuons à rendre
hommage à celles et ceux qui travaillent pour nous, et voici donc une quatrième
lettre pastorale.
L’histoire
de Gédéon (livre des Juges, chapitre 6 à 8) est l’histoire d’un petit bonhomme
qui deviendra un grand libérateur pour son peuple. Avant même que vous ne
lisiez la vie de Gédéon, peut-être pour la première fois, vous en connaissez
déjà le moment le plus fort, celui de la victoire, et vous vous doutez déjà que
Dieu n’y est pas étranger. Aussi, je vous demande un effort : oubliez tout
ce que vous savez de Gédéon. Ne conservez que ce point de départ : Gédéon
est le petit dernier de la plus petite famille du plus petit clan de la plus
petite tribu d’Israël. Et Israël en est de sa propre histoire à un moment de
souffrance et d’oppression. Peu importe ici la forme et l’agent de
l’oppression. Tous les enfants d’Israël en sont victimes. Quant à une
éventuelle intervention de Dieu, oubliez seulement.
C’est
dans une grande égalité que cette lettre pastorale commence, l’égalité des plus
faibles, l’égalité des confinés, l’égalité de toutes celles et ceux qui
demandent Pourquoi ? Et qui,
pleins d’une réelle bonne volonté, se demandent Que puis-je faire ? Parfois, l’un de ceux-là décroche son
téléphone et parvient, en direct, à la radio, à poser cette question à une
personne ayant autorité. Réponse entendue : « Restez chez
vous ! » Remercions encore une fois celles et ceux qui savent lutter
contre la maladie (lettre pastorale du 25 mars), nous leur devons beaucoup. Ce
que nous voulons mettre ici en avant, c’est que, pour les petites gens que nous
sommes, ni soignants, ni livreurs, ni… rester chez soi est en ce moment un
acte, non pas une capitulation, mais une décision. Et que cette décision
requiert de notre part un certain effort. Qui dit effort dit force, et plus,
une mobilisation et une dépense d’énergie. Ainsi donc, rester chez soi, et en
sortir le moins possible, c’est faire quelque chose.
Il
arrive, assez souvent, dans la Bible, que telle petite personne soit distinguée
entre toutes et reçoive la visite qui d’un ange du Seigneur, c'est-à-dire du
Seigneur Dieu lui-même. J’aime beaucoup l’épisode de la rencontre entre Gédéon
et son ange. L’ange le salue Vaillant
guerrier ! Et Gédéon (qui ne saisit pas d’emblée à qui il a affaire)
de répondre, effrontément, Pourquoi ?
Pourquoi la domination, pourquoi le malheur, pourquoi l’épidémie en plus des
autres fléaux, et maintenant pourquoi des cadavres à l’abandon le matin dans
les rues de Guayaquil (Équateur) ?
J’aime
que Gédéon soudainement visité et honoré pense à son peuple avant de penser à
lui-même : Pourquoi cela nous
est-il arrivé ? Et j’aime par-dessus tout que la première injonction
que Gédéon reçoit ait cette simplicité, cette évidence. Va, avec cette force qui est tienne !
Il
m’arrive de penser que rien n’est jamais possible si l’on ne répond pas d’abord
positivement à cette première et simplissime injonction. Va, avec cette force qui est tienne ! Il s’agit de mobiliser en premier, et
fondamentalement, juste ta force à toi… maintenant, pour le début d’une
obéissance à l’appel et le commencement d’un premier pas. D’autres forces
viendront plus tard, en leur temps, et sur un chemin encore inconnu de toi.
Elle
ne devait pas être grand-chose, la force du petit Gédéon. C’est qu’il ne
connaissait pas, lui, la suite de l’histoire. Pas d’avantage que n’est
grand-chose notre force, aujourd’hui, devant la vie. Et nous ne connaissons pas
non plus la suite de l’histoire.
Pasteur
Jean DIETZ, 8 avril 2020
Cette semaine, 2 vidéos : office
pour le vendredi saint et culte pour le dimanche de Pâques