Habaquq
1 2 Jusqu'où, SEIGNEUR, mon appel au secours ne
s'est-il pas élevé? Tu n'écoutes pas. Je te crie à la violence, tu ne sauves
pas.
3 Pourquoi me fais-tu
voir la malfaisance? acceptes-tu le spectacle de l'oppression? En face de moi,
il n'y a que ravage et violence; lorsqu'il y a procès, l'invective l'emporte.
2 2 Le SEIGNEUR m'a répondu, il m'a dit: Écris une vision, donnes-en l'explication sur les tables afin qu'on la lise couramment,
3 car c'est encore une
vision concernant l'échéance. Elle aspire à sa fin, elle ne mentira pas; si
elle paraît tarder, attends-la, car elle viendra à coup sûr, sans différer.
4 Le voici plein d'orgueil, il ignore la droiture, mais un juste vit par sa fidélité.
2 Timothée 1
6 C'est pourquoi je te rappelle d'avoir à raviver le don
de Dieu qui est en toi depuis que je t'ai imposé les mains.
7 Car ce n'est pas un
esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d'amour et de
maîtrise de soi.
8 N'aie donc pas honte de
rendre témoignage à notre Seigneur et n'aie pas honte de moi, prisonnier pour
lui. Mais souffre avec moi pour l'Évangile, comptant sur la puissance de Dieu,
9 qui nous a sauvés et
appelés par un saint appel, non en vertu de nos oeuvres, mais en vertu de son
propre dessein et de sa grâce. Cette grâce, qui nous avait été donnée avant les
temps éternels dans le Christ Jésus,
10 a été manifestée
maintenant par l'apparition de notre Sauveur, le Christ Jésus. C'est lui qui a
détruit la mort et fait briller la vie et l'immortalité par l'Évangile
11 pour lequel j'ai été,
moi, établi héraut, apôtre et docteur.
12 Voilà pourquoi
j'endure ces souffrances. Mais je n'en ai pas honte, car je sais en qui j'ai
mis ma foi et j'ai la certitude qu'il a le pouvoir de garder le dépôt qui m'est
confié jusqu'à ce Jour-là.
13 Prends pour norme les
saines paroles que tu as entendues de moi, dans la foi et l'amour qui sont dans
le Christ Jésus.
14 Garde le bon dépôt par
l'Esprit Saint qui habite en nous.
Luc 17
5 Les apôtres dirent au Seigneur: «Augmente en nous la
foi.»
6 Le Seigneur dit: «Si
vraiment vous aviez de la foi gros comme une graine de moutarde, vous diriez à
ce sycomore: ‹Déracine-toi et va te planter dans la mer›, et il vous obéirait.
7 «Lequel d'entre vous,
s'il a un serviteur qui laboure ou qui garde les bêtes, lui dira à son retour
des champs: ‹Va vite te mettre à table›?
8 Est-ce qu'il ne lui
dira pas plutôt: ‹Prépare-moi de quoi dîner, mets-toi en tenue pour me servir,
le temps que je mange et boive; et après tu mangeras et tu boiras à ton tour›?
9 A-t-il de la
reconnaissance envers ce serviteur parce qu'il a fait ce qui lui était ordonné?
10 De même, vous aussi,
quand vous avez fait tout ce qui vous était ordonné, dites: ‹Nous sommes des
serviteurs quelconques. Nous avons fait seulement ce que nous devions
faire.› »
Prédication
Il me semble que, lorsque
je parle des textes en morceaux que nous propose le lectionnaire, je suis
souvent plein d’énervement... et pourquoi couper à tel verset, et pourquoi il
utilise tel mot plutôt que tel autre – ce sont des bouderies – parfois un peu
fortes – mais bouderies contre à la fois les saintes Écritures et ceux qui ont
pris le risque de choisir, et de publier. Mais à la fin de la semaine, je finis
toujours tout de même, cahin-caha, par choisir un texte – rarement plus d’un –
et ce texte vient au secours, de la prédication, mais aussi parfois du
massacre. Certains auteurs bibliques produisent des textes coulant comme le
miel, d’autres sont comme des pierres qui râpent, qui font peur, qui sont tranchantes
comme des sabres, qui peuvent même
provoquer des insomnies.
Le destin du lecteur de la
Bible est ainsi fait – qu’il soit un lecteur professionnel, ministre, ou un
lecteur fidèle, pour un même texte, il y aura bien des lectures, plus même de
lectures que de lecteurs.
On peut, après un
temps de pause et de bienveillant
partage, reprendre son propre travail et le retravailler… c’est un peu ce que
nous avions fait à Bourg en Bresse, où j’ai été pasteur entre 1998 et
2005 : exercice collectif de prédication. L’argument de cet exercice
c’était qu’à partir d’un seul texte il vient plusieurs prédications. Je choisis
doc un texte. La quinzaine de prédicateurs laïques rendit seize prédications, dont
la plupart ensuite furent prêchées dans le fil de l’année… une belle diversité
– je ne sais absolument plus où est mon exemplaire de ce travail. Mais à chaque
fois que je l’ai perdu puis retrouvé c’est le même sentiment de gratitude qui
m’a repris.
La réflexion d’aujourd’hui
est un peu différente. Plutôt du genre "plusieurs textes bibliques un seul
message". Notre tradition protestante utilise peu le mot message, mais
c’est un mot intéressant pour donner à réfléchir sur cette idée : le
message de la Bible est unique. Notre tradition parle plus volontiers de
sermon, de prédication. Gardon le mot message, pour affirmer que le message de
Habaquq, celui de 2 Timothée 1, et Luc 17 – je ne reprends pas ici tous les
versets – sont chacun un message, et sont ensemble un seul message.
Habaquq : le juste vit par sa fidélité ; 2 Timothée : …Dieu qui
nous a sauvés et appelés non en vertu de nos œuvres (…) mais par cette grâce
qui nous avait été données avant les temps éternels dans le Christ Jésus ;
Luc 17 : nous sommes des esclaves sans mérite – nous ne méritons
rien. » (au sujet d’ailleurs de ce mérite, il est en fait totalement
synonyme de esclave, bassin méditerranéen, quelque dizaine d’année après Jésus
Christ, un esclave ne possède rien, ne vit que de ce qu’on lui donne, est
vivant de par son maître, pour son maître, et s’il vient à être affranchi, ce
sera par son maître… bref, l’esclave, c’est moins que rien). Les auditeurs de
Jésus dans Luc 17 sont invités à être finalement, à se faire finalement comme
l’esclave moins que rien, sans mérite.
Mais ce qui est étonnant,
dans le grec de Luc 17, c’est qu’il y a une hésitation entre deux mots, un de
ces mots c’est esclave – nous avons vu – l’autre c’est serviteur,
apparaissant à plusieurs moments. Le serviteur sert, et il est rétribué,
l’esclave obéit, point barre. Pas de réflexion sur l’esclavage, c’est même
presque le contraire : Le type même, voire le projet du croyant c’est
l’esclave. C’est extrême. Tellement extrême que ça rejoint une autre extrémité
mise en avant par Jésus répondant à une demande finalement imprudente des
apôtres : « augmente en nous la foi » Une demande de quelque
chose qui se mesure, et qui peut être donc comparée, on se fait des
compétitions de foi, et celui qui gagne, il gagne quoi ? Il gagne le droit
de rejouer contre un véritable adversaire : le sycomore, un arbre, un
gros, qui ne plie pas. Une foi qui compte ses engagements finit toujours par
tomber sur un sycomore, et c’est toujours le sycomore qui gagne. Est-ce alors
nécessaire de demander au Seigneur plus de force encore, toujours plus de la
même chose, pour persévérer dans ce qui n’a de portée que dans sa persévérance
comptable.
Mais tout n’est pas
désespéré. Car même si le sycomore gagne une partie, la méditation du texte
finit elle aussi par opérer comme l’offre d’un changement, l’offre de passer de
l’offre du commandement à l’offre du service, puis de l’offre du service à
cette offre suprême qui est celle de l’esclave volontaire que nous avons déjà
méditée. Et alors le sycomore – ça marche aussi avec d’autres essence – perd,
devient impuissant, et alors l’autre, et alors les autres chemins, s’ouvrent.
On y trouvera probablement d’autres arbres pour symboliser d’autres
difficultés. Elles seront abordées autrement, car la promesse ne saurait
faillir, comme nous lisons une fois encore :
« 2 Le
SEIGNEUR m'a répondu, il m'a dit: Écris une vision, donnes-en l'explication sur
les tables afin qu'on la lise couramment, 3 car c'est encore une vision
concernant l'échéance. Elle aspire à sa fin, elle ne mentira pas; si elle
paraît tarder, attends-la, car elle viendra à coup sûr, sans différer. 4
Voici l’ennemi (Le voici) plein
d'orgueil, il ignore la droiture, mais le juste vit par sa foi (la fidélité !).
Nous voici à la fin d’un cycle
qui parcourt ces trois fragments, avec bien du reste, du chemin possible, dans un
sens, dans l’autre ; des espaces ont été parcourus, d’autres non, et puis d’autres
vont apparaître ; parce qu’ainsi est la vie, et aussi parce que la foi est
aussi un nom commun qui peut signifier vie.
La foi en somme grandit avec
la vie. Et la vie avec la foi. Amen