mercredi 17 juin 2020

Lettre pastorale du 17 juin. Ton travail de serviteur de Dieu


Le prophète Élie était un homme emporté. Lui qui était prophète de Dieu défia un jour les prophètes de Baal et d’Astarté. Ce fut à qui saurait prouver la puissance de son Dieu en faisant descendre le feu du ciel sur un sacrifice… et il gagna. Dans l’euphorie de sa victoire, ses adversaires furent massacrés par centaines. Menacé de vengeance par le pouvoir royal, terrorisé, Élie s’enfuit.  Il marcha 40 jours et 40 nuits vers la montagne de Dieu. Il s’y réfugia dans une grotte. Et il arriva que Dieu lui annonça sa visite. « Il y eut devant le Seigneur un vent fort et puissant qui érodait les montagnes et fracassait les rochers ; le Seigneur n'était pas dans le vent. Après le vent, il y eut un tremblement de terre ; le Seigneur n'était pas dans le tremblement de terre. Après le tremblement de terre, il y eut un feu ; le Seigneur n'était pas dans le feu. Et après le feu le bruissement d'un souffle ténu » (1Rois 19). Et c’est alors seulement que le Seigneur prit la parole.

Nous n’allons pas rappeler tout de suite ce que le Seigneur dit à Élie. Nous allons plutôt nous demander où était le Seigneur lorsqu’il parla à Élie. Nous avons bien entendu saisi qu’il n’était dans aucune des violentes manifestations des forces de la nature. Mais aurait-il pu être dans d’autres manifestations des forces de la nature, des manifestations plus douces ? Le bruissement d’un souffle ténu ? C’est encore trop dire, et c’est encore une manifestation des forces de la nature. Nous aurions bien aimé lire dans la Bible que le Seigneur n’était pas d’avantage dans le bruissement d’un souffle ténu qu’il n’avait été dans les manifestations cataclysmiques. Nous aurions bien aimé pour pouvoir conclure qu’aucune manifestation d’aucune force de la nature ne contient Dieu ni n’est le support de sa révélation. Nous aurions bien voulu conclure qu’il n’y a que l’homme et que la voix divine ne passe que par l’homme.

En interrogeant les traducteurs de la Bible, nous pouvons découvrir que c’est encore trop dire que de parler du « bruissement d’un souffle ténu ». Nous pouvons lire « après le feu, une voix, un silence subtil. » C’est donc moins encore qu’un bruissement naturel. Est-ce pour autant surnaturel ? Non, puisqu’après l’éviction successivement de toutes les forces de la nature, il reste encore un homme, et que cet homme entend. La voix divine s’entend une fois seulement que toutes les puissances naturelles ont été évincées. Elle n’est donc pas la voix de la force, ni la voix d’une force qui se serait déguisée en faiblesse. Elle est accordée spécifiquement à un homme, Élie, que nous avons décrit comme un homme emporté, capable de ces emportements qui pulvérisent absolument tout ce qui s’oppose à eux, si violents qu’on ne sait plus alors séparer ce qu’il en est d’Élie de ce qu’il en est de Dieu. Lorsqu’il s’agit de parler ce jour-là à Élie, le silence subtil est ce qui est approprié.

A un autre qu’ Élie, ou à Élie un autre jour, Dieu se serait adressé autrement. Mais peut-être pour dire la même chose. Quelle même chose ? Ce jour-là, Dieu rappela à Élie le prophète ce qu’était son travail de prophète ; et il l’envoya reprendre son travail. Dieu en somme dit à Élie : « Va, fais juste ton travail de serviteur de Dieu, et moi, Dieu, je m’occupe du reste. » Il me semble que nous pouvons recevoir cette divine exhortation.