mercredi 20 mai 2020

Lettre pastorale du 20 mai. Apprendre à croire

ÉGLISE PROTESTANTE UNIE VINCENNES-MONTREUIL

LETTRE PASTORALE DU 20 MAI 2020

Apprendre à croire

              Il y a de nombreux récits de voyage dans la Bible. Certains de ces récits sont incroyablement longs, comme celui de l’exode d’Israël hors d’Égypte : 4 livres bibliques. Nous avons tous en mémoire certains éléments de ce récit. Depuis le buisson ardent (Exode 3) jusqu’au franchissement du Jourdain (Josué 1), c’est l’histoire d’un dramatique apprentissage de la foi. Le peuple qui finalement pénétra dans la terre promise n’était pas celui qui avait été libéré (Nombres 13 et 14) quarante années plus tôt : faute de vouloir avancer en ayant foi en Dieu, la première génération de l’exode périt. Seuls leurs descendants, nés libres dans le désert, dans la foi en Dieu, entamèrent, et jamais n’achevèrent, la conquête de Canaan. 

           Ce sont de terribles histoires que ces histoires de migrations de peuples. Les migrants finissent toujours par arriver dans un pays évidemment déjà peuplé. "C’est la terre de mes ancêtres !", "C’est la terre que Dieu nous a promise !", "C’est chez moi depuis toujours !". Et ce sont les mêmes questions qui reviennent, inlassablement : le partage de la terre, le partage de l’origine, le partage des lieux de culte, la reconnaissance d’autrui comme frère… L’apprentissage de la foi, en somme, dont fait partie l’apprentissage de la vie ensemble, semble courir sur des siècles. Et l’être humain n’a presque rien appris, il semble même n’avoir jamais rien appris.

              Il y a, quelque part dans la Bible, un autre récit de l’exode d’Israël hors d’Égypte, un récit qui est d’une concision remarquable puisqu’il se déroule tout entier en une seule phrase, et en moins d’un verset : « Mais par un prophète le Seigneur a fait monter Israël hors d'Égypte » (Osée 12,14). On ne lit pas fréquemment le prophète Osée ; on lit plus souvent la Genèse, où le voyage d’Abram (qui ne s’appelle pas encore Abraham) est raconté lui aussi en moins d’un verset : « … Ils sortirent pour aller vers le pays de Canaan. Ils arrivèrent au pays de Canaan » (Genèse 12,5). Autre concision remarquable.

              Ainsi pour un même voyage, il y a parfois deux récits. Récit infiniment long, récit infiniment court… Comme si, pour certains personnages, évoqués par certains auteurs, la foi en Dieu allait de soi, qu’elle était donnée, une, entière, indestructible et parfaite dès le premier instant et pour toujours. Et que, pour d’autres auteurs, passé le premier moment de l’appel de Dieu, la foi humaine se perdait en hésitations, atermoiements, rebuffades, voire révoltes ouvertes, avant de, peut-être, se retrouver, de se transmettre, pour un nouveau commencement.

          Nous ne pouvons pas évoquer plusieurs sortes d’auteurs sans évoquer en même temps plusieurs sortes de croyants. Quelle sorte de croyants sommes-nous ? Quelle sorte de croyants aurons-nous été pendant cette période de pandémie ? Ou dans nos vies… Une foi entière et inébranlable ? Une foi hésitante ? Une foi pleine de révolte ? Il n’est évidemment pas question d’émettre une préférence ni d’établir un classement.

              Il s’agit juste de se replacer personnellement devant Dieu. Le théologien Dietrich Bonhoeffer (1906-1945) avait été questionné un jour de sa jeunesse sur ce qu’il souhaitait pour la suite et le reste de sa propre vie. Il répondit ceci : « J’aimerais apprendre à croire. » Nous faisons nôtre ce souhait.


Pasteur Jean DIETZ, 20 mai 2020

JEUDI 21 : fête de l’Ascension, vidéo exceptionnelle sur notre chaîne :
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