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Jésus, ou Barabbas ? |
Matthieu 27
17 Pilate demanda donc à la foule rassemblée: «Qui
voulez-vous que je vous relâche, Jésus Barabbas ou Jésus qu'on appelle Messie?»
18 Car il savait qu'ils l'avaient
livré par jalousie.
…
20 Les grands prêtres et les
anciens persuadèrent les foules de demander Barabbas et de faire périr Jésus.
21 Reprenant la parole, le
gouverneur leur demanda: «Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche?» Ils
répondirent: «Barabbas.»
22 Pilate leur demande: «Que
ferai-je donc de Jésus, qu'on appelle Messie?» Ils répondirent tous: «Qu'il
soit crucifié!»
23 Il reprit: «Quel mal a-t-il donc
fait?» Mais eux criaient de plus en plus fort: «Qu'il soit crucifié!»
Méditation : livré par jalousie
Les hauts dignitaires du Temple
de Jérusalem avaient livré Jésus aux Romains parce qu’ils étaient jaloux.
Le jaloux est un personnage qui
cultive l’illusion d’être l’origine et le centre du monde, et qui éprouve donc
de la haine contre tout ce qui lui montre que c’est une illusion. La haine est
un sentiment extrêmement violent, un sentiment qui incite à tuer.
Ces hauts dignitaires étaient-ils
le centre du monde ? Ils régnaient sur le Temple, et, au cœur du Temple,
il y avait la demeure de Dieu. Ils régnaient sur tous les hommes qui assuraient
le service divin. Sans eux, pas de sacrifices. Sans sacrifices, pas de pardon
de Dieu. Ces gens-là régnaient sur Dieu. Ou du moins le croyaient-ils, et ils
en cultivaient-ils l’illusion.
Ceci étant posé, Dieu, en ce
temps-là, agissait-il ailleurs qu’au Temple de Jérusalem ?
Lorsque Pilate, gouverneur
romain, présente Jésus à la foule et aux dignitaires, en le nommant Messie, il
répond très exactement à la question. Oui, on appelle Jésus Messie. On
l’appelle Messie parce qu’il a reçu une divine onction. Et cette divine onction
est attestée par son enseignement et par son engagement, par sa parole et ses
actes. « Les aveugles voient, les
boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts
ressuscitent, et l’évangile est annoncée aux pauvres » (Mat 11:5).
Ainsi Dieu agit-il, par Jésus,
ailleurs qu’au Temple de Jérusalem, c’est indéniable. Et c’est insupportable
pour les jaloux. Ils veulent donc en finir avec Jésus.
Avant de poursuivre, posons-nous
quelques questions simples, des questions pour aujourd’hui. « Où Dieu agit-il,
aujourd’hui ? » « Par les œuvres de qui ? »
« Dans quelle Église, hormis la nôtre ? » « En dehors des
Églises ? » « Là où l’on ne parle pas de Lui ? »
Et qu’est-ce que cela nous fait,
que Dieu agisse ailleurs que chez nous ? N’est-il pas Dieu ? Et n’avons-nous
pas médité – il y a quelques semaines – sur la souveraine liberté de
Dieu ?
Jalousie… Ils avaient livré Jésus
par jalousie. Ils voulaient en finir avec Lui. Mais, vouloir en finir avec
Jésus, n’est-ce pas, en quelque manière, vouloir en finir avec Dieu ?
Le jaloux est quelqu’un qui
prétend en finir même avec Dieu… Et il mettra tout en œuvre pour y parvenir.
Pour quel péché, Jésus, pour quelle offense
A-t-on sur toi prononcé la sentence ?
Qu’as-tu donc fait, innocente victime ?
Quel est ton crime ?
Matthieu 27
35 Quand ils l'eurent crucifié, ils partagèrent ses
vêtements en tirant au sort.
36 Et ils étaient là, assis, à le
garder.
37 Au-dessus de sa tête, ils
avaient placé le motif de sa condamnation, ainsi libellé: «Celui-ci est Jésus,
le roi des Juifs.»
38 Deux bandits sont alors
crucifiés avec lui, l'un à droite, l'autre à gauche.
39 Les passants l'insultaient,
hochant la tête
40 et disant: «Toi qui détruis le
sanctuaire et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, si tu es le Fils
de Dieu, et descends de la croix!»
41 De même, avec les scribes et les
anciens, les grands prêtres se moquaient:
42 «Il en a sauvé d'autres et il ne
peut pas se sauver lui-même! Il est Roi d'Israël, qu'il descende maintenant de
la croix, et nous croirons en lui!
43 Il a mis en Dieu sa confiance,
que Dieu le délivre maintenant, s'il l'aime, car il a dit: ‹Je suis Fils de
Dieu!› »
44 Même les bandits crucifiés avec
lui l'injuriaient de la même manière.
45 À partir de midi, il y eut des
ténèbres sur toute la terre jusqu'à trois heures.
46 Vers trois heures, Jésus s'écria
d'une voix forte: «Eli, Eli, lema sabaqthani», c'est-à-dire «Mon Dieu, mon
Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?»
Et, quelques instants plus tard, Jésus meurt
51 Et voici que le voile du sanctuaire se déchira en
deux du haut en bas…
Méditation
Jésus le Fils de Dieu ne s’est
pas sauvé lui-même. Pas un seul Juif pour sauver le roi des Juifs. Il ne s’est
trouvé personne en Israël pour sauver le Roi d’Israël. Le Fils de Dieu n’a pas
été délivré, même par Dieu.
Jésus meurt, abandonné de tous.
Et il meurt sur la croix. Impossible d’imaginer une fin plus infamante.
Impossible d’aller plus loin dans le mépris. Pourquoi cette mort-là ? Pourquoi,
précisément, cette mort-là pour le Fils de Dieu ?
Pour que soit parfaitement
manifesté l’amour de Dieu pour l’humanité en Jésus Christ. Cette réponse est
vraie, et nous la connaissons bien. Elle n’est qu’une réponse dans un faisceau
de réponse.
La mort sur la croix manifeste
aussi cette jalousie que certains éprouvent envers les justes. Certains
haïssent les justes au point de vouloir les supprimer.
La mort sur la croix manifeste
encore ce que c’est que la haine de Dieu : il arrive que des justes soient
éliminés au nom de Dieu lui-même.
Pour ceux auxquels il reste un
vague souvenir d’une expérience de bonté, un petit parfum d’espérance, la mort
sur la croix manifeste que même si le juste périt, Dieu est vivant en dépit de
toutes les bassesses, de toutes les trahisons, vivant en dépit de tous les
amours qu’on prétend lui vouer et de toutes les haines dont il est l’objet.
Un petit parfum d’espérance, perdu dans un abîme de
mauvaiseté. Non pas une nourriture solide pour la route, tout juste un
viatique… peut-être.
Où trouverais-je un cœur, dans ma détresse,
Semblable au tien, plein d’amour, de tendresse ?
Car en toi seul j’ai mis ma confiance,
Mon espérance.
Prière
Seigneur,
Je n’ai pas su te secourir, et
maintenant voilà :
La satisfaction de ceux qui ont
fomenté ta mort,
Et l’inconsolable tristesse de
tes amis.
L’effroyable bilan de ces années
passées à tes côtés.
Toi, mon Seigneur,
Je voudrais t’ensevelir en moi
Puis
attendre, t’attendre,
Toi, que j’ai
si peu, si mal et tellement aimé.
Repose en
moi, Seigneur.
Je t’attends.
De
l’humaine misère, Tu t’es fait serviteur ;
De chacun de tes frères, Tu portes la douleur.
Seigneur, de nos souffrances, Et de nos lendemains,
Garde notre espérance En tes vivantes mains !