samedi 11 avril 2020

Culte de Pâques

          J'aime commencer chaque culte de Pâques par une sorte de retour sur les événements de la semaine précédente. C'est que je crois que Pâques n'éclipse rien, n'atténue rien et n'annule rien de ce qui l'a précédé. Pâques, la joie de Pâques, paisible récollection de soi au jour de Pâques, ne peut être oublieuse de rien. Le fin mot de Pâques, et dernier couplet d'un cantique célèbre est "Non, je ne crains rien !" 

Cantique d'ouverture
Hosanna, hosanna !
Chantons d’un cœur fidèle
Le plus grand des amours et la joie éternelle !
Jésus le crucifié, le roi plein de douceur,

Dans son humilité devient notre Seigneur.

Prière
Seigneur…
Comment ceci peut-il être possible ?
Comment le crucifié, humilié, bafoué, livré aux regards et au mépris de tous…
Comment peut-il devenir, et être notre Seigneur ?
Dans un si profond abaissement… comment pourrait-il
Comment peut-on revivre lorsque l’humiliation va trop loin, va jusqu’à la mort ?
Le mort peut-il revenir ?
Seigneur, c’est trop de comment pour nos petites âmes.
Nous chantons, c’est vrai, mais nos cœurs se dessèchent.
Notre foi chancelle, et il ne restera bientôt d’elle qu’un petit tas de cendres, que le vent dispersera.
Est-il possible, Seigneur, que ta douceur et ton humilité nous suffisent ?
Nous voudrions crier « Seigneur, au secours ! »
Mais qui va nous entendre ?

Matthieu 28,1-7
1 Après le sabbat, au commencement du premier jour de la semaine, Marie de Magdala et l'autre Marie vinrent voir le sépulcre.
2 Et voilà qu'il se fit un grand tremblement de terre: l'ange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre et s'assit dessus.
3 Il avait l'aspect de l'éclair et son vêtement était blanc comme neige.
4 Dans la crainte qu'ils en eurent, les gardes furent stupéfaits et devinrent comme morts.
5 Mais l'ange prit la parole et dit aux femmes: «Soyez sans crainte, vous. Je sais que vous cherchez Jésus, le crucifié.
6 Il n'est pas ici, car il est ressuscité comme il l'avait dit; venez voir l'endroit où il gisait.
7 Puis, vite, allez dire à ses disciples: ‹Il est ressuscité des morts, et voici qu'il vous précède en Galilée; c'est là que vous le verrez.› Voilà, je vous l'ai dit.»
Cantique
A toi la gloire, O Ressuscité !
A toi la victoire Pour l’éternité !
Brillant de lumière, L’ange est descendu,
Il roule la pierre Du tombeau vaincu.
A toi la gloire, O Ressuscité !
A toi la victoire Pour l’éternité !

Méditation : Il y a voir, et voir
Ainsi donc, Marie de Magdala et l’autre Marie, une fois le sabbat passé, vinrent voir le sépulcre. Mais qu’y avait-il à voir, à cet endroit-là ?
Un petit terre-plein à flanc de colline, une garde romaine, une énorme pierre tombale, dalle de pierre circulaire, fixée avec du mortier sur l’entrée du tombeau ; les mortiers des Romains tiennent encore, plus de deux mille ans plus tard.
Qu’y avait-il à voir, à cet endroit-là ? Il y avait à voir que plus rien n’en sortirait jamais… Jésus y était, mort, mort et enterré, pour toujours. Et devant cette vérité incontournable de la mort, il n’y avait – il n’y a – rien à faire.
Deux femmes regardent donc le tombeau d’un homme qu’elles ont aimé, effarées. Spectatrices absolument impuissantes – ni projets, ni parole – les yeux secs, elles n’ont même plus de larmes. Seule la contemplation de cet épouvantable lieu leur tient lieu d’espérance, et peut-être même pas.

Il y a voir, et voir…
L’immobilité morbide des choses vient d’être troublée.
L’ange est descendu… L’ange, redoutable et spectaculaire apparition, qui rassure d’abord les femmes, les invite à voir : à voir que celui qui avait été crucifié a été ressuscité. C'est-à-dire :
-        A voir l’endroit où il gisait : à voir donc qu’il n’y gît plus…
-        Et puisque le crucifié n’y gît plus, cela signifie qu’il n’y a plus rien à voir en cet endroit-là…
-        Et s’il n’y a plus rien à voir en cet endroit-là, il est urgent d’aller voir ailleurs. Ça s’appelle encore voir, mais c’est une toute autre manière de voir : c’est un voir ailleurs, c'est-à-dire autrement, c’est aussi un voir qui se tourne vers des vivants, les disciples de Jésus, pour leur dire, justement, que leur maître qui avait été crucifié a été ressuscité des morts.
-        Et qu’il n’y a donc plus rien à voir ni à Jérusalem, ni en Judée, mais que c’est en Galilée qu’ils le verront… non pas – nous l’avons compris – de ce voir mortifère des gardiens de tombeaux – mais de ce voir vivifiant… répété cinq fois en trois versets !

Il y a voir, et voir…
Il y a le voir des gardiens de tombeaux, et lorsque l’ange paraît, lorsque Dieu se manifeste, lorsque la joie promise se manifeste enfin, ces gens-là se figent, se raidissent comme la mort.
Il y a le voir, l’autre voir, celui des cœurs qui espèrent encore un peu, des cœurs entrouverts, qui n’attendent qu’une légère poussée pour se remettre à battre, pour se remettre à vivre.
Il y a urgence, dit l’ange, il y a urgence à ne pas se tromper de voir, il y a urgence à faire connaître son espérance.
Cantique 
Pourquoi pleurer encore ?
Voici, ton Dieu confie
Les portes de la mort Au Prince de la vie.
En son amour, Chrétien, réjouis-toi,
Réjouis-toi toujours !

Matthieu 28, 8-10 et 16-20
8 Quittant vite le tombeau, avec crainte et grande joie, (les femmes) coururent porter la nouvelle à ses disciples.
9 Et voici que Jésus vint à (la) rencontre (de ces femmes) et leur dit: «Je vous salue.» Elles s'approchèrent de lui et lui saisirent les pieds en se prosternant devant lui.
10 Alors Jésus leur dit: «Soyez sans crainte. Allez annoncer à mes frères qu'ils doivent se rendre en Galilée: c'est là qu'ils me verront.»
(…)
16 Alors les onze disciples se rendirent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre.
17 Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais quelques-uns eurent des doutes.
18 Jésus s'approcha d'eux et leur adressa ces paroles: «Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre.
19 Allez donc: de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit,
20 leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps.»

Cantique 
Vois-le paraître, C’est lui, c’est Jésus !
Ton sauveur, ton maître, Oh, ne doute plus !
Sois dans l’allégresse, peuple du Seigneur,
Et redis sans cesse, Que Christ est vainqueur !
A toi la gloire, O Ressuscité !
A toi la victoire, pour l’éternité !
Méditation : La Galilée, c'est où ? (ou, c'est quoi?)
Alors, les onze disciples se rendirent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre.
Si vous vous rendez un jour en Galilée en tant que pèlerins, on vous montrera certainement une colline réputée être ce mont où Jésus avait ordonné à ses disciples de se rendre. Mais, si l’on s’en réfère au texte de Matthieu, l’ordre donné par Jésus à ses disciples ne concerne pas un mont plutôt qu’un autre quelque part en Galilée, mais la Galilée, comme s’il s’agissait de la Galilée tout entière.
Peut-être est-ce pour éviter que le lieu de leur rencontre soit un lieu trop précis, un lieu qui aurait tôt fait d’être transformé en un lieu sacré, un lieu de dévotion, un lieu jalousement gardé, bref, comme un autre tombeau avec d’autres gardiens.

La Galilée tout entière aussi pour bien marquer que l’initiative d’une rencontre avec Jésus, de son vivant comme après sa résurrection, revient toujours à Jésus, au Christ, et à l’homme qui le cherche.
La Galilée tout entière encore, Galilée comme terre des possibles. En Galilée, et non pas en Judée. Et nous pouvons évoquer ici cette Judée du temps de Jésus et sa capitale, Jérusalem, extraordinairement sûre d’elle-même, sûre de son ancienneté, de sa légitimité, jusqu’à l’arrogance, jusqu’au mépris pour tout ce qui venait d’ailleurs ; cette Judée suspicieuse même à l’égard des Galiléens, Galiléens maintes fois envahis, métissés, abâtardis… Mais, justement, cette Galilée, terre ouverte, terre des possibles, là où l’enseignement de Jésus avait pu un peu fleurir, et où ses disciples ne seraient probablement pas trop mal reçus.
La Galilée, enfin, pour revisiter l’enseignement du maître puis, piste d’envol pour une mission universelle.

Sœurs et frères, où est notre Galilée à nous ? Où est notre patrie du Christ vivant ? Où est pour nous cette terre bénie, loin des tombeaux dont nous avons pu être gardiens ?
Rendez-vous en Galilée, sœurs et frères, terre d’élection de celles et ceux dont le cœur est encore ouvert, et dont l’âme attend toujours une visite de son Seigneur.

Prière
Seigneur, notre Seigneur dans l’ultime abaissement…
Est-ce bien toi, celui dont ont parlé ces femmes ?
Est-ce bien toi, celui que nous verrons en Galilée ?
Comment le croire,
Et si nous le croyons, comment peut-on le dire,
Et si nous le disons quelqu’un va-t-il le croire ?
Est-ce bien toi qui nous parles ?

Nous lisons que quelques-uns eurent des doutes…
Seigneur, n’est-ce pas pour nous ménager qu’il est écrit que quelques-uns (seulement) eurent des doutes.
Oui, ce doit être un fait de ta bonté. Une fois encore.
Pour que notre charge ne soit pas trop lourde.
Et que demeure en nous la joie de te savoir vivant.
Cette joie qui élargit les cœurs, qui affermit les jambes et fait briller les yeux.

Puisse cette joie être nôtre,
Puissions-nous la partager.
Puisse ta prière être notre prière
Et qu’ensemble, et nos voix unies à la tienne nous prions ton Père qui est notre Père, ce Dieu qui est notre Dieu.
Cantique 
Craindrai-je encore ? Il vit à jamais,
Celui que j’adore, Le Prince de paix.
Il est ma victoire, Mon puissant soutien,
Ma vie et ma gloire, Non ! Je ne crains rien !
A toi la gloire, O Ressuscité !
A toi la victoire, pour l’éternité !

Bénédiction
En ce matin de Pâques
Christ est ressuscité
Grande joie pour ceux qui croient
Plus grande joie encore pour ceux qui doutent
Que le Seigneur vous bénisse et vous garde dans cette joie

Cantique
Christ règne dans le ciel
Au sein de la lumière
Et son règne éternel
Bientôt viendra sur terre.
Dans son amour, Chrétien réjouis-toi,
Réjouis-toi toujours !