samedi 28 mars 2020

Pourquoi le mal ? (Jean 11) Culte du 29 mars 2020, EPUdF Vincennes-Montreuil

Jean 11
1 Un homme tomba malade, c’était Lazare, de Béthanie, le village de Marie et de sa soeur Marthe.
4 Dès qu'il l'apprit, Jésus dit: «Cette maladie n'aboutira pas à la mort, elle servira à la gloire de Dieu: c’est afin que, par elle, le Fils de Dieu soit glorifié.»
5 Or Jésus aimait Marthe et sa soeur et Lazare.
6 Cependant, alors qu'il savait Lazare malade, il demeura deux jours encore à l'endroit où il se trouvait.
7 Après quoi seulement, il dit aux disciples: «Retournons en Judée.»
(…)
11 Jésus dit : «Notre ami Lazare s'est endormi, mais je vais aller le réveiller.»
12 Les disciples lui dirent donc: «Seigneur, s'il s'est endormi, il sera sauvé.»
13 En fait, Jésus avait voulu parler de la mort de Lazare, alors qu'ils se figuraient, eux, qu'il parlait de l'assoupissement du sommeil.
14 Jésus leur dit alors ouvertement: «Lazare est mort,
15 et je suis heureux pour vous de n'avoir pas été là, afin que vous croyiez. Mais allons à lui!»
17 À son arrivée, Jésus trouva Lazare au tombeau; il y était depuis quatre jours déjà.
18 Comme Béthanie est distante de Jérusalem d'environ quinze stades,
19 beaucoup de Juifs étaient venus chez Marthe et Marie pour les consoler au sujet de leur frère.
20 Lorsque Marthe apprit que Jésus arrivait, elle alla au-devant de lui, tandis que Marie était assise dans la maison.
21 Marthe dit à Jésus: «Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort.
22 Mais maintenant encore, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te le donnera.»
23 Jésus lui dit: «Ton frère ressuscitera.»
24 - «Je sais, répondit-elle, qu'il ressuscitera lors de la résurrection, au dernier jour.»
25 Jésus lui dit: «Je suis la résurrection et la vie: celui qui croit en moi, même s'il meurt, vivra; 26 et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela?»
27 - «Oui, Seigneur, répondit-elle, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde.»

28 Là-dessus, elle partit appeler sa soeur Marie et lui dit tout bas: «Le Maître est là et il t'appelle.»
32 Lorsque Marie parvint à l'endroit où se trouvait Jésus, dès qu'elle le vit, elle tomba à ses pieds et lui dit: «Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort.»
33 Lorsqu'il les vit se lamenter, elle et les Juifs qui l'accompagnaient, Jésus frémit intérieurement et il se troubla.
(…) il s'en fut au tombeau; c'était une grotte dont une pierre recouvrait l'entrée.
39 Jésus dit alors: «Enlevez cette pierre.» Marthe, la soeur du défunt, lui dit: «Seigneur, il doit déjà sentir... Il y a en effet quatre jours...»
40 Mais Jésus lui répondit: «Ne t'ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu?»
41 On ôta donc la pierre. Alors, Jésus leva les yeux et dit: «Père, je te rends grâce de ce que tu m'as exaucé.
42 Certes, je savais bien que tu m'exauces toujours, mais j'ai parlé à cause de cette foule qui m'entoure, afin qu'ils croient que tu m'as envoyé.»
43 Ayant ainsi parlé, il cria d'une voix forte: «Lazare, sors!»
44 Et celui qui avait été mort sortit, les pieds et les mains attachés par des bandes, et le visage enveloppé d'un linge. Jésus dit aux gens: «Déliez-le et laissez-le aller!»
Prédication
            Nous ouvrons notre méditation avec la question : « Pourquoi ? » Pourquoi la maladie, la mort, et la résurrection de Lazare ? Les quelques versets que nous venons de lire nous proposent une réponse : (1) …afin que vous croyiez (Jésus parle directement à ses disciples)(v.15) et (2) …afin qu’ils croient (Jésus prie le Père, devant la foule qui est venue au tombeau de Lazare – Jésus parle ainsi à la foule)(v.42).

Mais voilà, nous ne sommes ni les premiers disciples de Jésus, ni un témoin dans la foule. Nous n’avons rien vu de tout cela.
Pour nous, lecteurs de l’évangile, il y a deux phrases vraiment importantes.
(1) « Heureux ceux qui, sans avoir vu, ont cru » (20,29) et
(2) « Jésus a opéré sous les yeux de ses disciples bien d'autres signes qui ne sont pas rapportés dans ce livre. 31 Ceux-ci l'ont été afin que vous croyiez… » (Jean 20,30-31).

Telle est notre situation, la situation des lecteurs. L’ère des miracles de Jésus se termine à l’Ascension. L’ère des disciples de Jésus et des foules, qui ont vu Jésus agir, se termine lorsque cette génération-là, ayant pris de l’âge, disparaît. Aux lecteurs que nous sommes, il reste l’évangile de Jean pour tâcher d’apprendre à croire, et pour répondre – peut-être – à la question « Pourquoi ? »
Bien sûr, ça n’est pas seulement aujourd’hui, avec l’épidémie en cours, que la question « Pourquoi ? » se pose. Cette question se pose chaque fois que la mort frappe. Aujourd’hui, elle rode, partout, et nous ne pouvons pas l’ignorer. Mais il y a autre chose, ces temps-ci, que la mort qui frappe. « Pourquoi ? »

Nous trouvons dans la Bible quantité de réponses possibles à cette question. Ces réponses peuvent être classées en trois groupes.
(1) « Pourquoi ? » Parce que, dans un passé, proche ou lointain, se trouvent les bonnes raisons que Dieu a de punir. En ce moment on entend dire que c’est la nature qui punit l’humanité, parce que l’humanité l’exploite sans limites, sans jamais lui laisser son année de repos préconisée par la Bible…
(2) Pourquoi ? Parce que la catastrophe en cours le signe de l’imminence d’une fin des temps… 
(3) Pourquoi ? Il y a une troisième sorte de réponse à la question « Pourquoi ? ». Cette réponse est extrêmement présente dans l’évangile de Jean. Voici quelques échantillons de cette réponse :
« …afin qu’ils croient » (Jean 11,15) ;
« …afin qu’ils croient que tu m’as envoyé » (Jean 11,42) ;
« …afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et afin que, en croyant, vous ayez la vie en son nom » (Jean 20,31).

            Partons de la formulation la plus longue : « …afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et afin que, en croyant, vous ayez la vie en son nom ». Dans cette formulation, croire apparaît lié à un énoncé de la foi (Jésus est le Christ, le Fils de Dieu), énoncé lié lui-même à une de conséquence (vous ayez la vie en son nom).
            Est-ce que la conséquence de croire est de ne jamais mourir ? Nous ne pouvons pas affirmer qu’en ce temps d’épidémie – ni d’ailleurs en n’importe quel temps – ceux qui meurent meurent parce qu’ils n’ont pas cru que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu. Nous ne pouvons pas l’affirmer parce que nous ne savons pas ce qui est dans le cœur des humains. Nous ne pouvons pas l’affirmer parce que certains des meilleurs d’entre nous meurent.
Nous affirmons plutôt que mourir n’est pas une punition divine, que vivre n’est pas une récompense divine. Pour répondre à la question « Pourquoi ? » Nous cherchons autre chose que des raisons et des buts. Les raisons et les buts, ainsi que les punitions et les récompenses, ne nous intéressent pas. Croire n’est pas une médaille magique qui nous protégerait des maléfices, croire n’est pas un pari gagné dont le prix serait la vie éternelle.
            Croire que « Jésus est le Christ, le Fils de Dieu », c’est faire sienne une autre affirmation essentielle de l’évangile de Jean : « …et le Verbe s’est fait chair » (Jean 1,14). « …le Verbe s’est fait chair » est, si l’on veut, un énoncé théologique, mais c’est aussi – d’une manière plus essentielle encore que théologique – l’énoncé d’un engagement pratique, celui de Dieu envers le monde, un engagement dont le verbe aimer dit toute la profondeur (Jean 3).
            Croire, c’est donc ainsi, et d’abord, l’engagement concret, intégral, sans réserve ni reprise, pris par le Verbe – par Dieu lui-même – en faveur de l’humanité.
Croire, c’est ensuite l’engagement concret, intégral, sans réserve ni reprise, pris par Jésus envers ses contemporains.
Croire, c’est enfin l’engagement concret, intégral, sans réserve ni reprise, qu’un être humain peut prendre envers certains de ses semblables.

« Pourquoi ? » Telle était la question posée à notre actualité au commencement de notre méditation.
La réponse à cette question, c’est l’acte de celui qui, constatant la détresse de son semblable, se met à son service. En le soignant – telle est la vocation et la mission de certains – mais aussi en prenant fraternellement des nouvelles, en partageant aussi loin que possible la foi qui est la nôtre, en proposant quelques services, en respectant au mieux les consignes de confinement, en ne colportant rien qui ne soit vérité…
Puisse-t-il en être ainsi dans notre communauté et dans le monde. Amen

Prière (Merci à Murielle ANDRÉ)
Seigneur,
Je voudrais savoir.

Et je voudrais surtout savoir mieux que les autres.

Je voudrais pouvoir clore le bec de tout le monde, et devant mon auditoire soudain devenu silencieux et recueilli, décrypter derrière le mal, le malheur et l’adversité, le pourquoi du comment. Pouvoir ainsi, en toute connaissance de cause, accuser ta Volonté, le Ciel, la Nature, et les errements des hommes.

Mais je ne sais pas. Et je ne saurai jamais. Et c’est mieux ainsi car je ne suis pas Toi.

Garde-moi de cette tentation de profiter de la dureté des temps et du funeste sort qui frappe aujourd’hui pour régler mes comptes avec mes ennemis, qui ne pensent pas comme moi, ne vivent pas comme moi, ne croient pas comme moi.

Permets - moi de ne pas dire trop de bêtises et de vivre ce temps, sans que la question du pourquoi ne prenne trop de place et m’empêche de faire ce qui doit être fait au service concret de mes semblables.

Fais-moi trouver des paroles qui apaisent et non qui accusent, des paroles qui soutiennent et non qui angoissent, des gestes qui aident et non qui abandonnent.

Je te le demande pour moi-même et pour nous tous, au nom de ton Fils, notre Seigneur Jésus – Christ, qui devant la misère de chaque homme qu’il a rencontré, n’a pas raisonné mais agi, n’a pas discouru mais guéri, n’a pas pourfendu mais consolé.

Amen.


N'oubliez pas l'offrande
don en ligne : https://www.eglise-protestante-unie.fr/vincennes-montreuil-p71320
virement : IBAN FR31 2004 1000 0101 6890 2V02 048
chèques : à l'ordre de ACEPVIM

Prochain post, mercredi 1er avril