mercredi 25 mars 2020

Lettre pastorale du 25 mars 2020 - Reconnaissance


 
Lettre pastorale : à celles et ceux à qui nous devons tant !

à Vincennes, Chères sœurs, chers frères, en Christ.

Épidémie, confinement, contamination, la maladie qui rode et rodant avec elle, peut-être la mort… Qu’avons-nous fait, nous, pour mériter tout cela ? Gardons-nous de réponses trop rapides.

« Et Dieu endurcit le cœur de Pharaon » Cette phrase ne cesse d’être répétée pendant toute l’histoire des dix plaies que Dieu infligea à l’Égypte, dont le Pharaon refusait de libérer  ses esclaves hébreux. Pharaon décide… et l’Égypte entière souffre. L’Égyptien de base souffre, lui qui n’a rien décidé du tout.
Qui frappe l’Égypte ? C’est Dieu. Et qui endurcit le cœur de Pharaon ? C’est Dieu. Si Dieu a déjà décidé de frapper, qu’a-t-il besoin de se donner une justification ? Pourquoi tant de souffrance ? Qu’il les fasse sortir, ce peuple, ses enfants, et qu’on n’en parle plus ! Que pouvons-nous dire de tout cela ?
Ceux qui ont écrit ce texte avaient pour principe de voir la main de Dieu partout. Ils avaient aussi pour idée que si un roi venait à mal agir, son peuple tout entier en subirait les conséquences. Ils avaient l’idée qu’un être humain appartient à son peuple et non pas à lui-même. Et que chacun peut donc être puni, Dieu le voulant, pour des fautes commises par un autre que lui-même. Le principe de voir la main de Dieu partout a aussi d’autres corollaires, dont celui d’être au bénéfice d’actes commis par un autre que soi. L’on est libéré d’Égypte, ou d’ailleurs, par la main de Dieu, du fait d’actes qui ne sont pas les nôtres.

Quelles relations les Hébreux esclaves en Égypte avaient-ils avec Dieu ? Soyons clairs… ils n’en avaient pas, ils n’en avaient plus, ils avaient oublié. Esclaves, ils gémissaient, mais ne criaient pas vers Dieu. Leur libération tient ainsi à Dieu, totalement, exclusivement. Ils n’y sont absolument pour rien. Ça leur arrive, comme ça, Dieu voulant : providence.
Mais pourquoi, devant cette providence, l’auteur de l’Exode n’interrogerait-il pas aussi les cœurs des Hébreux, comme il l’a fait pour le cœur de Pharaon ?

Nous ne lisons jamais que Dieu endurcit le cœur des Hébreux. Et pourtant, le lecteur de l’Exode sait que le cœur des Hébreux est, lui aussi, un cœur dur. Il sait combien de fois ce peuple en marche vers sa terre promise défiera et parfois même reniera Dieu son libérateur. Le lecteur de l’Exode sait aussi comment ce peuple libéré aura l’audace de réclamer son eau, sa viande, son pain, comme si cela était son dû. Et parfois même que Dieu endurcit le cœur des Hébreux. Étrange Dieu pour d’étranges croyants.
Révélation de Dieu dans la Bible… Révélation aussi de la dureté des cœurs des humains. Dieu les endurcit-il ? On le lit. On lit aussi que certains ont la nuque raide. On y lit enfin que des cœurs endurcis peuvent, un jour, devenir des cœurs de chair.

Épidémie, confinement, contamination… Qu’avons-nous fait, nous, pour que nous arrive tout cela ? Rien. Que le temps présent soit pour les humains le temps d’apprendre ce que leur situation doit – en bien – au labeur d’autrui, un temps pour apprendre la reconnaissance, un temps pour que des cœurs endurcis deviennent des cœurs de chair.  Nous croyons ce devenir possible.

Pasteur Jean DIETZ
25 mars 2020
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