samedi 21 décembre 2024

En attendant Noël (Michée 5,1-5 ; Hébreux 10,5-10 ; Luc 1,39-45)

Luc 1

39 En ce temps-là, Marie partit en hâte pour se rendre dans le haut pays, dans une ville de Juda.

 40 Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Elisabeth.

 41 Or, lorsque Elisabeth entendit la salutation de Marie, l'enfant bondit dans son sein et Elisabeth fut remplie du Saint Esprit.

 42 Elle poussa un grand cri et dit: «Tu es bénie plus que toutes les femmes, béni aussi est le fruit de ton sein!

 43 Comment m'est-il donné que vienne à moi la mère de mon Seigneur?

 44 Car lorsque ta salutation a retenti à mes oreilles, voici que l'enfant a bondi d'allégresse en mon sein.

 45 Bienheureuse celle qui a cru: ce qui lui a été dit de la part du Seigneur s'accomplira!»

 Hébreux 10

5 Aussi, en entrant dans le monde, le Christ dit: De sacrifice et d'offrande, tu n'as pas voulu, mais tu m'as façonné un corps.

 6 Holocaustes et sacrifices pour le péché ne t'ont pas plu.

 7 Alors j'ai dit: Me voici, car c'est bien de moi qu'il est écrit dans le rouleau du livre: Je suis venu, ô Dieu, pour faire ta volonté.

 8 Il déclare tout d'abord: Sacrifices, offrandes, holocaustes, sacrifices pour le péché, tu n'en as pas voulu, ils ne t'ont pas plu. Il s'agit là, notons-le, des offrandes prescrites par la loi.

 9 Il dit alors: Voici, je suis venu pour faire ta volonté. Il supprime le premier culte pour établir le second.

 10 C'est dans cette volonté que nous avons été sanctifiés par l'offrande du corps de Jésus Christ, faite une fois pour toutes.

Michée 5

1 Et toi, Bethléem Ephrata, trop petite pour compter parmi les clans de Juda, de toi sortira pour moi celui qui doit gouverner Israël. Ses origines remontent à l'antiquité, aux jours d'autrefois.

 2 C'est pourquoi, Dieu les abandonnera jusqu'aux temps où enfantera celle qui doit enfanter. Alors ce qui subsistera des ses frères rejoindra les fils d'Israël.

 3 Il se tiendra debout et fera paître son troupeau par la puissance du SEIGNEUR, par la majesté du Nom du SEIGNEUR son Dieu. Ils s'installeront, car il sera grand jusqu'aux confins de la terre.

 4 Lui-même, il sera la paix. Au cas où Assour entrerait sur notre terre et foulerait nos palais, nous dresserons contre lui sept bergers, huit princes humains.

 5 Ils feront paître la terre d'Assour avec l'épée, et la terre de Nemrod, avec le poignard. Mais lui nous délivrerait d'Assour, au cas où celui-ci entrerait sur notre terre et foulerait notre frontière.

Prédication : 

            Je voudrais commencer en partageant avec vous une remarque qui m’est venue à l’esprit pendant que j’étudiais et méditais les trois textes que le lectionnaire Dimanches et fêtes propose pour ce 4ème dimanche de l’Avent 2024, Michée 5, Hébreux 10 et Luc 1 – la Visitation. Je suis souvent irrité, vous le savez, par l’aspect cousu gros points de ces sortes de listes. Mais aujourd’hui, il me semble qu’il y a une profonde harmonie, qui tâche d’exprimer…

            Je vais essayer de vous dire de quoi il s’agit.

 

            L’été 1987 vit naturellement naître quantité de petits êtres humains mais, à vrai dire, il y en avait un qui m’intéressait plus que tous les autres. Vous devinez bien sûr lequel. Deux semaines plus tôt quelques chose d’intéressant eut lieu. J’étais sorti pour quelques achats, et comme la température était caniculaire, la future maman et, évidemment, le bébé, étaient restés tranquillement dans l’appartement plongé dans la pénombre. De retour, j’avais égaré les clés, sonné à la porte, les colis m’étaient tombés des mains, tout cela produisant un assez gros tintamarre. Retrouvant la clé, j’ouvris – bruyamment encore, et je trouvai juste derrière la porte la mère avec son gros ventre, elle venait de sursauter, et le bébé aussi, affirma-t-elle et ajoutant ceci : « Tu nous as fait peur. » Le nous est ici essentiel. Car la mère de cet enfant l’inscrit d’emblée dans une distinction des émotions et des sentiments, dans son discours de mère, elle et l’enfant n’ont qu’une langue et qu’une foi. Et vous entendez bien que ces quelques mots, tu nous as fait peur, ont une certaine importance.

            Citation biblique : « … l'enfant bondit dans son sein, dit la narrateur… [et aussi, Élisabeth] Car lorsque ta salutation a retenti à mes oreilles, voici que l'enfant a bondi d'allégresse en mon sein. » Que dit-elle de plus que l’autre femme dont nous venons de parler ? Rien. Bien sûr il y a ces autres phrases et proclamations utilisant des substantifs importants, de forte anciennes répliques liturgiques. Et c’est là-dedans que ce bébé va naitre, et c’est là-dedans d’abord qu’il baigne. Et là-dedans, intra utero, que tout est déjà pleinement accompli.

            C'est-à-dire que même si le mouvement en lequel s’accomplit l’œuvre messianique de l’enfant de Marie s’accomplit va de l’avant crèche au sacerdoce le plus accompli, ce même mouvement s’accomplit aussi, et nécessairement, par une ce qu’on appellera une sainte régression, de la gloire à la crèche, ou si vous préférez, de Golgotha à Bethléem avant que naisse l’enfant.

            Et qu’a-t-il donc, cet enfant, pour lui ? Il n’a qu’un corps. Il n’a qu’un corps qui n’est pas encore né, qui n’est pas encore capable de respirer, ni de parler. Et la question de ce signifient croire, et encore annoncer l’Évangile, c’est grandir et faire grandir dans la parole, et aussi rejeter ce qui n’y est pas.

           

            Il n’est pas très simple de savoir si l’auteur de l’épître aux Hébreux était un lecteur de l’évangile de Luc. Mais il est simple de voir qu’il partageait certaines de ses intuitions. Notamment celle qui fait affirme : « De sacrifices et d’offrande tu n’as pas voulu, mais tu m’as façonné un corps. » Prière du Christ à son Dieu. Il congédie tout l’appareil sacerdotal, prêtres et cérémonies et suscite ce qu’on pourrait appeler un sacerdoce nu, un corps, rien d’autre, un corps qui sera moins qu’un corps encore lorsqu’il sera détruit, sacrifice des sacrifices, volontaire ultimement et définitivement.

            Lorsque cela s’accomplit, la situation qui se présente est exactement celle que nous évoquions tantôt avec nos affaires de petits enfants.

            Mais si cela ne s’accomplit pas ? Si l’histoire est en panne ? Et bien c’est le prophète Michée qui a imaginé et proclamé que l’histoire n’est jamais en panne, quand bien même elle semblerait l’être. L’espérance de Michée est plus ancienne que l’histoire des humains, ancienne comme le monde est humaine, pouvant naître et renaître à tout instant. Elle peut même être déjà là – merveilleuse langue hébraïque qui dit tout à la fois le temps et l’éternité…

 

            Voici, c’est tout pour aujourd’hui.

            Nous  nous approchons de Noël.

            Il nous accompagne

            Amen