Philippiens 2
1 S'il y a donc un appel en Christ, un
encouragement dans l'amour, une communion dans l'Esprit, un élan d'affection et
de compassion,
2 alors comblez ma joie
en vivant en plein accord. Ayez un même amour, un même cœur; recherchez
l'unité;
3 ne faites rien par
rivalité, rien par gloriole, mais, avec humilité, considérez les autres comme
supérieurs à vous.
4 Que chacun ne regarde
pas à soi seulement, mais aussi aux autres.
5 Comportez-vous ainsi
entre vous, comme on le fait en Jésus Christ:
6 lui qui est de
condition divine n'a pas considéré comme une proie à saisir d'être l'égal de
Dieu.
7 Mais il s'est
dépouillé, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes,
et, reconnu à son aspect comme un homme,
8 il s'est abaissé,
devenant obéissant jusqu'à la mort, à la mort sur une croix.
9 C'est pourquoi Dieu l'a
souverainement élevé et lui a conféré le Nom qui est au-dessus de tout nom,
10 afin qu'au nom de
Jésus tout genou fléchisse, dans les cieux, sur la terre et sous la terre,
11 et que toute langue
confesse que le Seigneur, c'est Jésus Christ, à la gloire de Dieu le Père.
Ezéchiel 18
25 Mais vous dites: ‹La façon d'agir du Seigneur n'est pas correcte!›
Écoutez, maison d'Israël: Est-ce ma façon d'agir qui n'est pas correcte? Ce
sont vos façons d'agir qui ne sont pas correctes.
26 Quand le juste se
détourne de sa justice, commet l'injustice et en meurt, c'est bien à cause de
l'injustice qu'il a commise qu'il meurt.
27 Quand le méchant se
détourne de la méchanceté qu'il avait commise et qu'il accomplit droit et
justice, il obtiendra la vie.
28 Il s'est rendu compte
de toutes ses rébellions et s'en est détourné: certainement il vivra, il ne
mourra pas.
Matthieu 21
28 «Quel est votre avis? Un homme avait deux fils. S'avançant vers le
premier, il lui dit: ‹Mon enfant, va donc aujourd'hui travailler à la vigne.›
29 Celui-ci lui répondit:
‹Je ne veux pas›; un peu plus tard, pris de remords, il y alla.
30 S'avançant vers le
second, il lui dit la même chose. Celui-ci lui répondit: ‹J'y vais, Seigneur›;
mais il n'y alla pas.
31 Lequel des deux a fait
la volonté de son père?» - «Le premier», répondent-ils. Jésus leur dit: «En
vérité, je vous le déclare, collecteurs d'impôts et prostituées vous précèdent
dans le Royaume de Dieu.
Prédication :
Et après avoir lu deux
textes, Prophète et Épître, chanté un cantique, et lu enfin l’évangile proposé
pour ce jour nous commençons notre prédication qui la plupart du temps porte
sur ce évangile.
Mais cet évangile est
souvent encore bien trop de matière, et nous retiendrons une phrase, voire
quelques mots en quoi nous allons trouver une certaine nourriture. Et les
restes de cette trouvaille seront – si j’ose dire – remisés jusqu’à on ne sait
quand.
Et ainsi donc, je vous le
déclare – dit Jésus – collecteurs d’impôts et prostituées vous précèdent dans
le Royaume des cieux. » Nous nous demandons qui est ce vous. Qui sont donc
ces gens précédés dans le Royaume… Et le lecteur bien sûr de se demander s’il
n’en est pas lui-même, s’il n’est pas précédé dans le Royaume… par… Ces
questions peuvent toujours être posées ; je partage avec vous le souvenir atterré
d’un sermon de 45 minutes, portant sur le début du prophète Osée, le prédicateur
traitant les fidèles de toutes sortes de noms et finissant, si je me souviens,
par collecteurs d’impôts et prostituées vous précèdent dans le Royaume des
cieux.
Formellement, une telle
prédication doit être possible. Des prédications extrêmes doivent être possibles,
dans des circonstances extrêmes. Nous devons par exemple à Dietrich Bonhoeffer
un : « Hors de l’Eglise confessante, il n’y a pas de salut. »
Une phrase qui fit scandale, partout où il y avait des chrétiens en Allemagne.
C’était le IIIè Reich. Circonstances extrêmes, affirmation extrême. Et, vous le
savez, à la fin, on tue le prédicateur.
Mais faut-il que nous
lisions et commentions aujourd’hui la Bible comme certains la lisaient
alors ? Mon souvenir de la prédication sur Osée date de 25 ans et ça ne
change rien aux conclusions qui s’imposent aujourd’hui. Grâce à Dieu notre
partie du monde n’a pas rebasculé dans la barbarie.
Qui étaient ces gens
contre lesquels Jésus défouraillait ? Grands prêtres et anciens du peuple,
entendez bien que ces gens étaient très certains de leur légitimité, de leur
pureté aussi, entendez avec cela qu’ils se savaient gardiens des lieux, et
c’est sous leur autorité que les uns et les autres étaient admis au temple, ou
pas, déclarés fréquentables, ou pas. Dans de telles classifications, vous savez
à quel niveau sont les collecteurs d’impôts et les prostituées. Or Jésus les
accueillait sans préalables et sans discrimination aucune. Et même pas sous
clause de repentir et de conversion. Ces gens venaient à Jésus. Et ils
goûtaient avec lui au Royaume de Dieu, car le Royaume de Dieu c’est lorsque
Jésus parle, lorsqu’il répand la parole, lorsqu’elle est entendue (le texte,
son commentaire, prières et cantiques, etc.). Ce qui nous propose une
résolution très simple du jeu d’inclusion et d’exclusion que proposent les
détracteurs de Jésus, jeu, ou plutôt piège dont Jésus se dégage avec finesse et
avec force… et d’une manière qui ne condamne aucun de ceux qui sont à la
recherche de la justice et de la bonté.
Ici, nous pouvons dire
Amen
Mais il y a autre chose
que j’aimerais partager avec vous aujourd’hui, une chose un peu ancienne. Ça se
passe dans notre faculté de théologie, le cours porte sur la prédication. Celui
qui professe est aujourd’hui redevenu paroissien du Foyer de l’Âme. Et il nous
enseignait ceci : pas plus de 10 versets, dans 1 seul livre biblique, ce
sur quoi on ne prêche pas, on ne le lit pas, on ne lit pas sa prédication, on
peut l’apprendre par cœur, on peut l’improviser, on peut avoir un plan sous les
yeux. Contraintes. Il donne aussi quelques recommandations moins
contraignantes, voire libératrices.
Je partage avec vous ces
souvenirs, parce qu’il recommandait de ne choisir que dix versets maximum dans
un seul livre de la Bible. Critère de professeur pour mettre un peu d’ordre
dans son cours… mais aussi une sorte d’os sur lequel le jeune théologien
pouvait se faire les crocs.
10 versets donc et, ce
matin, avec Matthieu 21:28-31, nous avons respecté la maille, avec 4 versets…
mais l’intelligibilité de la chose nous a obligés à élargir le texte. Et elle nous suggère maintenant de nous
demander s’il existe une limite basse pour la longueur du texte de la
prédication. Prenons un de nos aînés, dont nous possédons de nombreux sermons :
Karl Barth (1886-1968). Il prêche avec un seul verset. Par exemple « La
crainte de Dieu est le commencement de la sagesse » (Psaume 111:10 ;
20/07/1958 ; Aux captifs la liberté ;
p.153). Je n’ai pas trouvé de ministre du culte qui prêche sur 0 verset. De
toute manière, est-ce que la qualité du sermon tient au texte biblique choisi ?
Nous devons être très prudent sur cette question, car elle nous fait flirter
avec la seconde tentation selon Matthieu : « tu ne mettras pas à l’épreuve
– tu ne tenteras pas – le Seigneur ton Dieu. » Ce qui signifie que, au point
où nous en sommes, la Parole de Dieu, dans la prédication, peut se passer de la
permission d’un texte biblique. Et parler – dira-t-on – directement au cœur de
l’être humain, directement à vos cœurs.
Mais ça n’est pas tout. Le
texte peut être infiniment raccourci. Peut-il être rallongé ? Partageons
quelques souvenirs futiles d’un épisode de Lucky Luke, Le pont sur le Mississipi. On construit un pont mais, le jour de la
venue des officiels pour l’inauguration, le pont n’est pas fini. Que faire, en
plus de travailler ? Quelqu’un propose un office religieux qui doit être
long, un autre sort sa Bible et commence à lire : « Au commencement
Dieu créa les cieux et la terre… » La lecture continue et continue encore…
Vers l’épître aux Philippiens, le pont est prêt. Je vous laisse calculer le
temps qu’il faut pour lire à voix haute toute la Bible, de Genèse à Philippiens.
Et si la parole de Dieu peut ici prendre un nom, c’est patience. Que peut-il
rester en mémoire, ou dans le cœur humain, d’une aussi longue lecture ?
Sans aller jusque là, je
partage avec vous quelques remarques sur la semaine qui vient de finir. Il
fallait bien sûr préparer le sermon, pour lequel trois textes étaient proposés –
c’est habituel. Et puis des funérailles ont été annoncées. Pour ces funérailles,
choix de la famille, Proverbes 16,1-25, Éphésiens 4,32, Galates 6,10, puis
Psaumes 34,19, Esaïe 52,9, Jean 3,13, auxquels il faut ajouter les 3 textes de
ce jour (Matthieu 21,28-31, Philippiens 2,1-9, Ézéchiel 18,25-28), les deux
offices ayant été préparés pour ainsi dire en même temps. Les textes et les
réflexions sur les textes s’entremêlent, ou plutôt s’entrechoquent puis s’entremêlent.
Nous sommes à des kilomètres des recommandations de la faculté. Et de cet
entremêlement finit par sortir comme un éblouissement. Pensez au pointillisme
de Seurat (1859-1891), à la lumière qui en émerge. Pensez aux merveilleuses
mosaïques de Zeugma. Et puisqu’il s’agit de lumière et de certain commencement
(perpétuité du commencement), revenez aux Saintes Écritures et à la première
parole de Dieu dans toute la Bible : « Que la lumière soit… »
Et nous finirons ici, sur
ces sommes de fragments qui Dieu voulant, peuvent soudainement produire une
lumière et une parole durables. Oui, je crois que c’est ainsi que Dieu libère
et que Dieu bénit. Amen