samedi 12 février 2022

Aujourd'hui, nous vous proposons trois textes pour un culte thématique, et la thématique, c'est la diaconie.

 Jean 6

5 Or, ayant levé les yeux, Jésus vit une grande foule qui venait à lui. Il dit à Philippe: «Où achèterons-nous des pains pour qu'ils aient de quoi manger?» 6 En parlant ainsi il le mettait à l'épreuve; il savait, quant à lui, ce qu'il allait faire. 7 Philippe lui répondit: «Deux cents deniers de pain ne suffiraient pas pour que chacun reçoive un petit morceau.» 8 Un de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit: 9 «Il y a là un garçon qui possède cinq pains d'orge et deux petits poissons; mais qu'est-ce que cela pour tant de gens?» 10 Jésus dit: «Faites-les asseoir.» Il y avait beaucoup d'herbe à cet endroit. Ils s'assirent donc; ils étaient environ cinq mille hommes. 11 Alors Jésus prit les pains, il rendit grâce et les distribua aux convives. Il fit de même avec les poissons; il leur en donna autant qu'ils en désiraient. 12 Lorsqu'ils furent rassasiés, Jésus dit à ses disciples: «Rassemblez les morceaux qui restent, de sorte que rien ne soit perdu.» 13 Ils les rassemblèrent et ils remplirent douze paniers avec les morceaux des cinq pains d'orge qui étaient restés à ceux qui avaient mangé.

 Jean 9

1 En passant, Jésus vit un homme aveugle de naissance. 2 Ses disciples lui posèrent cette question: «Rabbi, qui a péché pour qu'il soit né aveugle, lui ou ses parents?» 3 Jésus répondit: «Ni lui, ni ses parents. Mais c'est pour que les oeuvres de Dieu se manifestent en lui! 4 Tant qu'il fait jour, il nous faut travailler aux oeuvres de celui qui m'a envoyé: la nuit vient où personne ne peut travailler; 5 aussi longtemps que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde.» 6 Ayant ainsi parlé, Jésus cracha à terre, fit de la boue avec la salive et l'appliqua sur les yeux de l'aveugle; 7 et il lui dit: «Va te laver à la piscine de Siloé» - ce qui signifie Envoyé. L'aveugle y alla, il se lava et, à son retour, il voyait.

 Marc 12 

41 Assis en face du tronc, Jésus regardait comment la foule mettait de l'argent dans le tronc. De nombreux riches mettaient beaucoup. 42 Vint une veuve pauvre qui mit deux petites pièces, quelques centimes. 43 Appelant ses disciples, Jésus leur dit: «En vérité, je vous le déclare, cette veuve pauvre a mis plus que tous ceux qui mettent dans le tronc. 44 Car tous ont mis en prenant sur leur superflu; mais elle, elle a pris sur sa misère pour mettre tout ce qu'elle possédait, tout ce qu'elle avait pour vivre.»



Prédication  En quatre points : La divine puissance, le partage, fatalité, liberté 

            LA DIVINE PUISSANCE

            Ainsi donc, au sixième chapitre de l’évangile de Jean, Jésus multiplia des pains et des poissons, et, après que les gens eurent mangé, il y eut douze paniers de restes de pain. Il y eut donc plus de pain à la fin qu’au commencement. Et le nombre d’hommes qui avaient mangé était ce jour-là de 5000. Que ferons-nous – qu’allons-nous faire – d’un résultat aussi époustouflant ?

            Nous pouvons nous en vanter : notre Seigneur est un puissant seigneur. Il nourrit les foules, guérit des malades, change l’eau en vin… Il n’est personne qui soit plus puissant que Lui.

            Soit, mais en nous exprimant ainsi, nous mettons les gens en compétition, et nous nous  inscrivons nous même dans un processus compétitif. De plus en plus de miracles vont être exigés, et cela va mal tourner. Car il va venir un moment où il n’y aura plus de miracles, où toute cette compétition tournera court, lorsque Jésus mourra sur la croix.

            Bien sûr, après la croix il ressuscite, c’est le miracle des miracles, sauf que la résurrection n’efface jamais la passion – il serait même tout à fait possible de dire que la résurrection n’est pas différente de la passion, que la résurrection prolonge la passion. Car après sa mort Jésus revient dans la chair, comme un homme, et il poursuit le travail de formation de ses disciples, qu’il avait entrepris jusque là, avec plus ou moins de succès.

            Laissons donc là une fierté trop mal placée, et recommençons la lecture.

 

            Jésus multiplie les pains et, même si nous devons éviter de nous vanter de cela, nous pouvons bien nous en émerveiller.

            Nous nous émerveillons d’un monde, le monde du texte, dans lequel un homme puissant met sa puissance considérable au service de personnes démunies. Émerveillement ! Mais il y a un mais : c’est dans le monde du texte que cela se passe.

            PARTAGE

            Qu’en est-il dans le vrai monde, c'est-à-dire notre monde ? Et bien lisons le texte, nous fermons ensuite le livre, et nous revenons à la vraie vie.

            Lorsque du pain est distribué, y en a-t-il plus à la fin qu’au début ? Nous ne le voyons pas. Y a-t-il des gens qui donnent et partagent ? Un peu, beaucoup, parce que donner et partager de ce qu’on a, c’est souvent possible. Qu’il s’agisse des avions du Programme Alimentaire Mondial ou des aides modestes d’un Diaconat paroissial, c’est possible.

            Oui, dans le vrai monde, des gens donnent et partagent.

           

            Mais qu’ont-ils à partager ? Pour illustrer cette possibilité de partager ce qu’on a, évoquons le second récit que nous avons lu.

            On parle souvent de ce récit comme d’un des sept miracles accomplis par Jésus dans l’évangile de Jean. On parle souvent aussi des bienfaits de l’argile utilisée comme masque nettoyant pour la peau : on applique, on laisse sécher, on rince, et les impuretés sont éliminées. Ce savoir est connu depuis la nuit des temps. Et c’est ce savoir que Jésus met en œuvre avec l’aveugle : il fait de la boue avec sa salive et de la poussière du chemin, il applique bien cette boue sur les yeux de l’aveugle, et l’envoie se laver là où il y a bien de l’eau. Tout cela nettoie bien les yeux. L’aveugle est guéri.

            Une médecine si simple, ne pouvait-elle pas être mise en œuvre par quelqu’un d’autre que Jésus ? Et bien, en ce temps-là, dans cette culture-là, ceux qui auraient dû pouvoir traiter ce pauvre homme étaient très obsédés par la pureté, ils avaient peur du sale. Qui donc aurait été mettre ses mains au contact d’yeux sales ? Ce que Jésus a à partager n’est pas ici la puissance miraculeuse, mais une humaine compétence, une de ces compétences que certains peuvent avoir et qui peuvent être partagées.

            FATALITE

            L’aveugle de naissance, si Jésus n’était pas passé par là, serait resté aveugle. Et être aveugle aurait été pour lui une fatalité.

            Or, il n’y a pour Jésus aucune fatalité. Lorsque ses disciples lui demandent « Qui a péché pour qu’il soit né aveugle, lui ou ses parents ? », Jésus répond ni lui ni ses parents… et en plus de cette réponse en mots il va faire une réponse en actes. Les mots et les actes de Jésus réparent pour toujours le monde de l’aveugle.

            Il n’y a pas de fatalité, avons-nous dit.

 

            Mais si l’on veut dire que, dans le livre, dans la Bible et en Christ, il n’y a pas de fatalité, mieux vaut être prudent. Car en ce temps-là il y avait d’autres aveugles et ces autres aveugles n’eurent pas la chance de rencontrer Jésus. En ce temps-là aussi il y eut d’autres rassemblements de foules et ces foules n’eurent pas la chance de manger à leur faim. En ce temps-là, dans le livre, Lazare mourut, et fut par Jésus ramené de la mort à la vie. Mais les autres ?

            Où sont-ils dans la Bible ? Où sont, dans les évangiles, ceux qui ne rencontrent pas Jésus ? La question est importante, parce qu’il s’agit de savoir, à la fin, si la parole de Jésus, si la puissance de Jésus, sont et seront encore actives après qu’il sera définitivement parti.

            Lorsque Jésus se choisit des disciples et qu’il choisit de les former, il œuvre pour que sa parole et sa puissance durent longtemps. Si nous choisissons, nous, de continuer la lecture au-delà des évangiles, nous verrons Pierre parler et agir en imitateur de Jésus. Et nous verrons que pour quelques-uns encore, de plus en plus nombreux, le monde en est changé. Jusqu’aux extrémités de la terre, c’est le mot d’ordre. Et cela signifie tout le monde. De fait, les Apôtres vont s’aventurer de plus en plus loin, et l’Évangile touchera de plus en plus de monde. C’est l’histoire des Églises. Et là où les Églises s’établissent, y a-t-il encore une fatalité ?

            LIBERTE

            Nous devons être lucides, et honnêtes. Nous ne pouvons pas parler pour le monde entier, et là où notre Église est établie, en dépit des engagements des uns et des autres, en dépit de leurs efforts, même si certaines misères sont soulagées, il reste aussi du malheur parfois apparemment irréversible. C’est certainement attristant. Mais il n’y a pas qu’à cela que nous devons regarder.

            Il y avait une immense foule que Jésus souhaitait nourrir. Et il y avait un p’tit gars, avec cinq pains d’orge et deux petits poissons. Il y avait aussi le grand Temple de Jérusalem et le tronc pour les offrandes, une pauvre vieille femme y mit une toute petite pièce (en fait, elle en mit deux). Point commun entre ces deux personnes, tant le p’tit gars que la vieille femme, une fois leur don fait, ils n’eurent plus rien. Ils donnèrent tout… Mais ça n’est pas à ça vous allez être exhortés. Personne n’avait exhorté le p’tit gars et la vieille femme à tout donner ; donner ainsi était juste la forme de leur engagement. Même si cet engagement était infiniment dérisoire par rapport à la tâche à accomplir, ils l’ont fait. Et ils l’ont fait tout à fait librement.

            Librement : au nom du Seigneur Jésus Christ, qu’il nous soit donné d’agir de même.