Joyce Fienberg, 75 ans
Richard Gottfried, 65
ans
Rose Mallinger, 97 ans
Jerry Rabinowitz, 66
ans
les frères Cecil et
David Rosenthal, 59 et 54 ans
les époux Sylvan et
Bernice Simon, 86 et 84 ans
Daniel Stein, 71 ans
Melvin Wax, 88 ans
Irving Younger, 69 ans
Pittsburg, 27 octobre 2018 |
Marc 10
46 Ils arrivent à Jéricho. Comme Jésus sortait de
Jéricho avec ses disciples et une assez grande foule, l'aveugle Bartimée, fils
de Timée, était assis au bord du chemin en train de mendier.
47 Apprenant que c'était Jésus de Nazareth, il se
mit à crier: «Fils de David, Jésus, aie pitié de moi!»
48 Beaucoup le rabrouaient pour qu'il se taise, mais
lui criait de plus belle: «Fils de David, aie pitié de moi!»
49 Jésus s'arrêta et dit: «Appelez-le.» On appelle
l'aveugle, on lui dit: «Confiance, lève-toi, il t'appelle.»
50 Rejetant son manteau, il se leva d'un bond et il
vint vers Jésus.
51 S'adressant à lui, Jésus dit: «Que veux-tu que je
fasse pour toi?» L'aveugle lui répondit: «Rabbouni, que je retrouve la vue!»
52 Jésus dit: «Va, ta foi t'a sauvé.» Aussitôt il
retrouva la vue et il suivait Jésus sur le chemin.
Prédication :
Aie pitié de moi ! C’est le cri réitéré de l’aveugle Bartimée. Sans
tarder, nous nous demandons ce que réclame l’aveugle Bartimée. Réponse :
il réclame que Jésus ait pitié de lui. Qu’est-ce que la pitié ? Définition
du Grand Robert : « Sentiment altruiste qui porte à éprouver une
émotion pénible au spectacle des souffrances d’autrui et à souhaiter qu’elle
soient soulagées. » Cette définition va nous guider dans notre méditation.
Quelles sont les souffrances de Bartimée ?
Commençons par ce que signale le texte, l’aveugle
Bartimée était assis au bord du chemin, en train de mendier. L’aveugle est un
mendiant. Ses souffrances sont les souffrances de tout mendiant. Si la pitié
des passants est au rendez-vous, peut-être que le mendiant aura-t-il de quoi
manger, sinon, il devra jeûner. Notons que le passant qui donne au mendiant ne
se contente pas de souhaiter que les souffrances du mendiant soient soulagées,
il agit concrètement pour qu’elles le soient. Cet acte est au-delà de ce que le
Robert nous dit de la pitié, qui est un sentiment. Comment appelle-t-on l’action
qui relève – parfois – de ce sentiment ? Une action responsable (avec
Bonhoeffer). Bartimée est donc un mendiant qui, si nous le prenons au mot,
tâche de susciter la pitié du passant annoncé, Jésus de Nazareth. Première
souffrance de Bartimée : la souffrance de tout mendiant.
Bartimée donc crie. Et les gens
le rabrouent pour qu’il se taise. C’est la seconde souffrance de l’aveugle. On
le traite avec brusquerie, avec violence. Pourquoi ? Ils étaient en chemin
vers Jérusalem et l’épisode que nous méditons est le dernier qui vient avant le
commencement de la Passion. En route vers Jérusalem c’est, vraisemblablement,
pour ceux qui accompagnent Jésus, l’affaire la plus importante de l’année – et
peut-être de leur vie. Si l’appellation Fils de David est ici employée, c’est
qu’il y a une affaire de messianité, et que les gens pensent que l’homme en
route vers Jérusalem est celui qui va renouveler toutes choses. Les gens
pensent cela et nous ne sommes personne pour pouvoir les blâmer. Mais nous
pouvons remarquer que le sentiment enthousiaste de l’imminence du Salut semble
bien asphyxier la pitié de ceux qui accompagnent Jésus. La seconde souffrance
de Bartimée est ainsi le rejet violent dont il est l’objet de la part de la
foule.
Mais Bartimée crie, et crie de
plus belle. Les souffrances qui sont les siennes n’entament pas sa
détermination : « Fils de David, aie pitié de moi ! » Dans
le texte, cette répétition nous signale au moins une chose : jusqu’ici,
personne n’a eu pitié de l’aveugle Bartimée ; personne n’a éprouvé une
émotion pénible au spectacle de ses souffrances ni n’a souhaité qu’elles soient
soulagées. Et Jésus ? Va-t-il éprouver de la pitié pour l’aveugle Bartimée ?
Nous sommes faits témoins de ses paroles et de ses actes. Jésus a dû éprouver
une émotion pénible en entendant les cris mêlés de l’aveugle et de la foule, il
a dû éprouver une émotion pénible aussi au vu du comportement si versatile de
ceux qui l’accompagnaient. La troisième souffrance de Bartimée a dû être de
s’entendre dire « Courage, il t’appelle ! » par les mêmes voix,
tout aussi fortes, désireuses d’être bien entendues par tous, ces mêmes voix
qui, un instant plus-tôt, lui intimaient de se taire…
Jésus a souhaité que les
souffrances de l’aveugle soient soulagées, et il les a soulagées selon ce qui
était en son pouvoir, en s’arrêtant sur le chemin, en le faisant appeler, en
interrogeant sa volonté, puis en le guérissant. En somme, Jésus, conformément à
ce qui était attendu de lui, a eu pitié de l’aveugle et l’a donc guéri.
Mais en faisant cela, à ce moment
précis du récit et précisément de cette manière, Jésus ne guérit pas simplement
en passant un aveugle de plus.
Cet épisode de guérison est le
dernier avant le commencement de la Passion. En route pour Jérusalem, en route
pour la Gloire et pour la pleine manifestation de la grandeur du Fils de
l’homme, il demeure important manifestement à Jésus – à Marc l’évangéliste –
voire prioritaire – d’éprouver de la pitié et d’agir de manière responsable. Ce
qui signifie que le service du prochain n’est pas une option de l’Evangile, il
en est une constante, un pilier. C’est que l’Evangile est concret, il doit
l’être, toujours, même et surtout lorsque de grands bouleversements théologiques
sont en cours. L’imminence de la fin des temps ne doit jamais faire oublier la
permanence de la misère. Et quand bien même il ne resterait à l’humanité
entière qu’une ou deux heures à vivre, il serait encore temps de soigner un
blessé, de nourrir un affamé ou de consoler un enfant. Il serait encore temps
de se mettre au service de celles et ceux qui souffrent.
Ce que fait Jésus. Que veux-tu
que je fasse pour toi, demande aussi Jésus à l’aveugle. En interrogeant la
volonté de l’aveugle, il déclare qu’il se met à son service, à sa disposition. Comme
il le fait aussi dans l’épisode précédent. Comme il s’était mis au service de
Jacques et Jean, Jésus se met à cet instant au service de Bartimée. En mettant
toute sa puissance au service d’un homme qui n’a rien à lui donner, Jésus agit
ainsi ici de manière totalement gratuite, comme un serviteur, ou mieux, comme
un esclave – quelqu’un qui n’agit que selon la volonté de son maître et qui
n’en attend ni compliment ni gratification….
Avec pour conséquence que
l’ex-aveugle Bartimée le suit ensuite sur le chemin. Quel chemin ? Celui
de la Passion, chemin qui verra toutes les observations de notre méditation
être portées à leur paroxysme. Et Bartimée, jusqu’où ira-t-il ? Nous ne le
savons pas. Il est l’homme pour lequel Jésus aura franchi l’une des dernières
marches de cet abaissement dans lequel se réalise en pleine vérité tout le
drame de l’Evangile. Que reste-t-il donc en quoi Jésus ne s’est pas encore abaissé ?
L’entrée triomphale dans Jérusalem, le partage du dernier repas, le don final
de soi, et la mort des esclaves, la Croix, plus le silence final des femmes
auxquelles la résurrection est annoncée par l’ange, mais qui, effrayées,
s’enfuient et ne disent rien à personne.
Et maintenant ? Le titre de
l’évangile de Marc est « Commencement de l’Evangile de Jésus Christ Fils
de Dieu. » Donc tout le récit après le titre, n’est que le commencement.
Et la suite, alors ? Il appartient au lecteur de l’écrire, avec sa vie, sa
parole et son sang.
Comme nous fêtons la Réformation,
que nous avons parlé abondamment de Luther l’année dernière, et qu’il ne faut
pas donner à Luther plus d’importance que l’importance colossale qu’il a eue,
nous allons nommer quelques autres personnalités notables.
Luther, Brenz (le corps du Seigneur est partout depuis son
Ascension) Osiander (Königsberg) ;
Melanchthon ;
Müntzer ;
Knox ;
Zwingli (Zürich)(le corps du Seigneur n’est nulle
part sur terre depuis son Ascension), Oecolampade
(Bâle) ;
Zell (à Strasbourg avant Bucer), Bucer
(Strasbourg), Hedion (Strasbourg)
Capiton (Strasbourg), Sturm (Strasbourg) ;
Bullinger (Zürich), Calvin
(Genève), Farel, Bèze (Genève), Castellion ; Viret ;
Grebel, Manz, Simons…
Que leurs noms ne soient pas
oubliés.
Et puissions-nous après eux
continuer l’Evangile. Amen