samedi 22 mars 2025

Brève méditation sur la conversion (Luc 13,1-5)

Luc 13

1 À ce moment survinrent des gens qui lui rapportèrent l'affaire des Galiléens dont Pilate avait mêlé le sang à celui de leurs sacrifices.

 2 Il leur répondit: «Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens pour avoir subi un tel sort?

 3 Non, je vous le dis, mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même.

 4 «Et ces dix-huit personnes sur lesquelles est tombée la tour à Siloé, et qu'elle a tuées, pensez-vous qu'elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem?

 5 Non, je vous le dis, mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière.»

Prédication :

            Réponse de Jésus : si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière. Quelle est cette manière ? Nous pouvons penser que la mort de ces gens eut lieu faute de leur part d’un repentir lié à telle ou telle faute… peut-être d’ailleurs à leur faute d’être Galiléens. Vous savez que dans des contextes tendus ce genre de faute génésique peut être invoquée. Et l’on sait que les Galiléens étaient méprisés par les Jérusalémites… On se jette à la figure des insultes mortelles…Mais on ne peut pas se repentir de sa propre naissance.

            Cherchons un peu plus intelligemment. La question est posée à des gens qui arrivent tout à coup auprès de Jésus, et  ces gens sont en quête d’une explication. Pourquoi un massacre a-t-il eu lieu, semble-t-il dans le Temple, massacre dont des Galiléens ont été victimes ? Y a-t-il – il doit y avoir – un lien entre… ils doivent être en quête de ce lien… il doit y avoir une explication… ce doit être une punition… ou quelque chose d’autre. Que cherchent donc ces gens qui interrogent Jésus ? En lisant les versets, voire le chapitre, qui précède, nous pouvons constater l’existence d’une quête de rationalité, quête de logique, quête de causes et d’effets – du genre de ce que nous avons un peu exploré ces dernières semaines en parlant de cette troisième tentation selon Luc, qui est de mettre Dieu à l’épreuve en considérant qu’il est obligé par les Saintes Écritures. Ces gens qui viennent interroger Jésus sont en quête d’obligations divines qui punissent les uns et récompensent les autres.

            Mais ça ne marche pas, parce que si seulement des Galiléens ont été massacrés, toutes sorte de gens de diverses nationalités sont morts dans l’effondrement de la tour de Siloé, et donc sans raison, sans rationalité aucune.

            Jésus va plus loin encore, en affirmant « si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière ». C’est une affirmation très dure. Elle signifie qu’une certaine quête de raison mêlant –  ou ne mêlant pas – Dieu à telles affaires cruelles et injustes, telle quête est morbide, conduit à la mort, à une certaine mort, mort de la parole, mort de l’accueil des éprouvés, mort de la miséricorde…

            Mais il y a un si, et en plus du si, il y a se convertir. Nous pourrions être tentés de dire qu’il y a la conversion, mais mieux vaut utiliser le verbe, car il parle implicitement d’un processus. Renoncer aux pourquoi et aux comment, cela peut prendre du temps, progresser, régresser, progresser encore… Et plus l’épreuve est cruelle et plus l’on peut se perdre dans les genèses et les explications, et les fins. Et chacun le fait selon un rythme et un chemin qui est le sien.

            Les explications viennent à perdre de leur importance, à passer au second plan, puis un jour elles s’évanouissent.

 

            « A ce moment, survinrent des gens qui lui rapportèrent l’affaire des Galiléens dont Pilate avait mêlé le sang à celui de leurs sacrifices. » Nous espérons pour ces gens – et pas pour eux seulement – que les réponses de Jésus auront été libératoires. Amen