Beaucoup de textes biblique aujourd'hui. Nécessaire me semble-t-il. Puis un sermon assez bref, vous verrez. Bonne lecture. A bientôt.
Jean 1
35 Le lendemain, Jean se trouvait de nouveau au même
endroit avec deux de ses disciples.
36 Fixant son regard sur Jésus qui
marchait, il dit: «Voici l'agneau de Dieu.»
37 Les deux disciples, l'entendant
parler ainsi, suivirent Jésus.
38 Jésus se retourna et, voyant
qu'ils s'étaient mis à le suivre, il leur dit: «Que cherchez-vous?» Ils
répondirent: «Rabbi - ce qui signifie Maître - , où demeures-tu?»
39 Il leur dit: «Venez et vous
verrez.» Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait et ils demeurèrent
auprès de lui ce jour-là; c'était environ la dixième heure.
40 André, le frère de Simon-Pierre,
était l'un de ces deux qui avaient écouté Jean et suivi Jésus.
41 Il va trouver, avant tout autre,
son propre frère Simon et lui dit: «Nous avons trouvé le Messie!» - ce qui
signifie le Christ.
42 Il l'amena à Jésus. Fixant son
regard sur lui, Jésus dit: «Tu es Simon, le fils de Jean; tu seras appelé
Céphas» - ce qui veut dire Pierre.
1 Corinthiens 6
13 Les aliments sont pour le ventre, et le ventre
pour les aliments, et Dieu détruira ceux-ci et celui-là. Mais le corps n'est
pas pour la débauche, il est pour le Seigneur, et le Seigneur est pour le
corps.
14 Or, Dieu, qui a ressuscité le
Seigneur, nous ressuscitera aussi par sa puissance.
15 Ne savez-vous pas que vos corps
sont les membres du Christ? Prendrai-je les membres du Christ pour en faire des
membres de prostituée? Certes non!
16 Ne savez-vous pas que celui qui
s'unit à la prostituée fait avec elle un seul corps? Car il est dit: Les deux
ne seront qu'une seule chair.
17 Mais celui qui s'unit au
Seigneur est avec lui un seul esprit.
18 Fuyez la débauche. Tout autre
péché commis par l'homme est extérieur à son corps. Mais le débauché pèche
contre son propre corps.
19 Ou bien ne savez-vous pas que
votre corps est le temple du Saint Esprit qui est en vous et qui vous vient de
Dieu, et que vous ne vous appartenez pas?
20 Quelqu'un a payé le prix de votre rachat. Glorifiez donc Dieu par votre corps.
1 Samuel 3
3 La lampe de Dieu n'était pas encore éteinte, et
Samuel était couché dans le Temple du SEIGNEUR, où se trouvait l'arche de Dieu.
4 Le SEIGNEUR appela Samuel. Il
répondit: «Me voici!»
5 Il se rendit en courant près
d'Eli et lui dit: «Me voici, puisque tu m'as appelé.» Celui-ci répondit: «Je ne
t'ai pas appelé. Retourne te coucher.» Il alla se coucher.
6 Le SEIGNEUR appela Samuel encore
une fois. Samuel se leva, alla trouver Eli et lui dit: «Me voici, puisque tu
m'as appelé.» Il répondit: «Je ne t'ai pas appelé, mon fils. Retourne te
coucher.»
7 Samuel ne connaissait pas encore
le SEIGNEUR. La parole du SEIGNEUR ne s'était pas encore révélée à lui.
8 Le SEIGNEUR appela encore Samuel,
pour la troisième fois. Il se leva et alla trouver Eli. Il lui dit: «Me voici,
puisque tu m'as appelé.» Eli comprit alors que le SEIGNEUR appelait l'enfant.
9 Eli dit à Samuel: «Retourne te
coucher. Et s'il t'appelle, tu lui diras: Parle, SEIGNEUR, ton serviteur
écoute.» Et Samuel alla se coucher à sa place habituelle.
10 Le SEIGNEUR vint et se tint
présent. Il appela comme les autres fois: «Samuel, Samuel!» Samuel dit: «Parle,
ton serviteur écoute.»
11 Le SEIGNEUR dit à Samuel: «Voici
que je vais accomplir une chose en Israël, à faire tinter les oreilles de
quiconque en entendra parler.
12 Ce jour-là, je réaliserai contre
Eli tout ce que j'ai dit au sujet de sa maison, de bout en bout.
13 Je lui annonce que je fais
justice de sa maison pour toujours à cause de sa faute: il savait que ses fils
insultaient Dieu et néanmoins, il ne les a pas repris.
14 Voilà pourquoi je le jure à la
maison d'Eli: Rien n'effacera jamais la faute de la maison d'Eli, ni sacrifice,
ni offrande.»
15 Samuel resta couché jusqu'au
matin, puis il ouvrit les portes de la Maison du SEIGNEUR. Samuel craignait de
rapporter la vision à Eli.
16 Eli appela Samuel et lui dit:
«Samuel, mon fils.» Il dit: «Me voici.»
17 Il dit: «Quelle est la parole
qu'il t'a adressée? Ne me le cache pas, je t'en prie. Que Dieu te fasse ceci et
encore cela si tu me caches un mot de toute la parole qu'il t'a adressée.»
18 Alors Samuel lui rapporta toutes
les paroles, sans rien lui cacher. Il dit: «Il est le SEIGNEUR. Qu'il fasse ce
que bon lui semble.»
19 Samuel grandit. Le SEIGNEUR
était avec lui et ne laissa sans effet aucune de ses paroles.
Prédication
Je voudrais ce matin vous parler d’un Père de l’Église,
écrivain chrétien des premiers siècles, un certain Tatien le Syrien, IIème
siècle, qui est très connu pour avoir entrepris une – la première – Harmonie des quatre évangiles,
entreprise considérable, et considérablement discutée en ce temps – et pas
seulement en ce temps. La question est simple : puisqu’il n’y a qu’un seul
messie, pourquoi y a-t-il quatre évangiles ? Et pourquoi ne pas produire
un Diatessaron, de quatre vers
un ? Tatien donc se met à l’ouvrage et produit un texte qui rencontrera un
succès considérable, jusqu’au 9ème siècle au moins. Plus loin dans
le 20ème siècle, en feuilletant divers ouvrages de piété, j’ai
trouvé des psaumes, diverses confessions, et des harmonies des quatre
évangiles. Quelle est l’utilité de ce genre de travail ? Faut-il vraiment
tourner le dos à ces textes et à ce personnage unique – peut-être bien unique –
qu’ils donnent à connaître ? Discussion âpre. Pour ce texte, peut-être pas
seulement, mais pour d’autres aussi il est considéré comme Père de l’Église. Mais
il est aussi considéré comme hérétique par les Église grecques et latines.
Tatien, pour la fin de sa vie, aurait été encratite,
c'est-à-dire exerçant contre son propre corps une discipline extrêmement
rigoureuse, ni viande, ni boisson enivrante, ni union charnelle, ni sensualité
d’aucune sorte. Quelque chose de violent, comme vous le voyez, avec en plus
diverses doctrines pour certaines particulièrement abstruses. L’Église a, avec
ses moyens, condamné et pourchassé ce genre d’orientation.
Mais nous n’allons pas plus loin. Avec les textes que
nous avons lus, plus Tatien, nous avons tout ce qu’il faut pour poser une
certaine question : que faut-il faire pour être proche de Dieu ?
Ou : pour s’en tenir à Dieu ? Ou : pour obéir à Dieu ?
C’est une question unique mais qui a besoin de plusieurs énoncés. Et
1 Samuel 3 est parfaitement explicite : (1) Dieu, c’est le rituel,
(2) Dieu, c’est une certaine parole, prononcée par une personne pure et
désintéressée, (3) Dieu c’est la justice rendue justement, (4) Dieu, c’est la
gratuité et la liberté pour ceux qui portent leur requête, (5) Dieu, c’est la
soumission à l’ordre de la parole qui vient. Ce ne sont pas des nuances de
Dieu, c’est Dieu tout entier à chaque fois. Et c’est pour cette raison que la
punition sur la famille du prêtre Héli s’annonce si violente. Non que Dieu soit
spécialement vindicatif, mais parce qu’en violentant Dieu, c’est la condition
de la vie qui disparaît. C’est cette condition et sa rupture qu’on nomme Dieu
et ce qui s’ensuit.
C’est ainsi en tout cas que les auteurs du 1er
livre de Samuel ont envisagé qu’on s’approche de Dieu. Et vous voyez que leurs
propositions sont tout à fait différentes de celles de Tatien. Mais la vie en
Dieu, est-elle forcément aussi ampoulée, et aussi dangereuse ? Poursuivons
nos investigations, Paul.
Paul est tout un univers, et nous n’allons pas en
entreprendre la visite ce matin. Ce qui nous intéresse c’est Dieu et c’est ce corps
humain dont nous avons vu qu’à cause de leurs convictions, certains le
mortifient jusqu’aux dernières extrémités, au point pour certains de passer
leur vie entière perchés sur une colonne.
Paul est un personnage particulier, et emporté, mais il
est aussi un prédicateur pour le moins humain. Qu’on croie en Christ – ou en
Dieu – est pour lui une chose, et que la foi soit compatible avec la vie
personnelle, et avec la vie communautaire, c’est une autre chose, le deux étant
idéalement indissociables. C’est ce qui lui fait écrire : « Ne
savez-vous pas que vos corps sont les membres du Christ ? » Et pour
Paul ils le sont dès à présent même s’ils doivent l’être ultérieurement, et
parce qu’ils le furent déjà. Paul est un écrivain génial, dans le sens où il
sait parler du passé, du présent et de l’avenir de manière pertinente dans une
seule phrase. Ce qui fait que sa pensée de l’homme et sa pensée de Dieu sont
une seule et même pensée. Et comme il connait aussi très bien sa Bible, il
peut, toujours en peu de mots, parler de l’homme de Genèse, et méditer sur l’état
de maturité des écritures et des hommes de son temps.
Et qu’est-ce que ça donne pour l’homme et pour
Dieu ? Pas une ascèse, mais une prudence, un bon usage des biens et corps,
un bon usage aussi de la parole. Une certaine conscience aigüe de ce que nul ne
s’appartient, et que les corps – sans exception d’aucun, sont « Temple du
Saint Esprit » Est-ce simple ? Oui, et il est inutile d’en faire tout
un plâtras. Comme souvent avec Paul, les choses apparemment compliquées – comme
on dit aujourd’hui – finissent dans la plus profonde simplicité. « 20
Quelqu'un a payé le prix de votre rachat. » C’est cadeau. « Glorifiez
donc Dieu par votre corps. » C’est merci. Et c’est ainsi qu’on est proche
de Dieu, si proche de Dieu qu’il est même tout en vous.
Mais il reste quelque chose encore. On dit parfois qu’il
est étonnant qu’avec un langage aussi simple il soit possible de dire des
choses si extraordinairement profondes. S’approcher de Dieu, dans l’évangile de
Jean, c’est s’approcher de Jésus – et tous les autres noms qu’il porte. Pour
s’approcher de lui, il faut suivre la route balisée, il y a donc bien des
balises, et les indications de tel et tel témoins, il y en a aussi. S’approcher
de Dieu, cinq lignes dans ce sermon. Quelques mots dans l’évangile de Jean. « Venez
et vous verrez. Ils allèrent et ils virent. » Jésus – et donc Dieu tout
court et tout simplement – est là, pure et perpétuelle présence donnée en
quelques mots.
On se dit parfois que tout, Nouveau Testament et Ancien
Testament, pourrait être ramené à une seule phrase : « Et le Verbe se
fait chair… » C’est justement une phrase de l’évangile de Jean. Qui, si je
comprends bien, nous dit toute la profondeur, la simplicité, et la vitalité de
Dieu.