Ce blog accueille, dimanche après dimanche, autant qu'on le puisse mettre à jour, les prédications prononcées à Vincennes, Temple de l'EPUdF, 15 rue de la Fraternité. Le plus souvent, le prédicateur est le pasteur habituel. Mais, parfois, quelqu'un est invité.
Jean 1,29-34 En ce
temps-là, voyant Jésus venir vers lui, Jean le Baptiste déclara : « Voici
l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ;c’est de lui que j’ai dit
: L’homme qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était. Et
moi, je ne le connaissais pas ; mais, si je suis venu baptiser dans l’eau,
c’est pour qu’il soit manifesté à Israël. » Alors Jean rendit ce
témoignage : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et
il demeura sur lui. Et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé
baptiser dans l’eau m’a dit : ‘Celui sur qui tu verras l’Esprit
descendre et demeurer, celui-là baptise dans l’Esprit Saint. ’Moi, j’ai vu, et
je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. »
Chers Amis, chers Frères et Sœurs,
Sûrement connaissez-vous ces paroles dites
par un homme célèbre du début de notre ère. Plus qu’un roi, il avait été élevé
au rang de dieu. Son nom portait pour initiales J.C.J.C. avait déclaré : veni
vedi vici. Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu, avait dit Jules César, quelques
années avant l’épisode que nous relate aujourd’hui l’Évangile.
Probablement sans intention particulière,
l’Évangile donne aujourd’hui un écho singulier aux paroles de César en les déplaçant
selon une tout autre visée. César parlait de lui-même. Jean le Baptiste en
annonce un autre : Jésus, l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde.
Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu, avait
dit César.
Je suis venu baptiser dans l’eau, j’ai vu
l’Esprit descendre du ciel comme une colombe, dit
Jean Baptiste. Il ajoute : Je rends témoignage : c’est
lui le Fils de Dieu. Jean ne dit pas, comme César : j’ai vaincu,
sauf à considérer qu’en rendant témoignage, il emporte lui aussi une victoire,
mais qui n’a rien de militaire. En effet, rendre témoignage, cela se dit en
grec : connaître le martyre, emporter la couronne, la victoire du martyre.
Martyr, j’ai vaincu.
Ainsi Jean a-t-il commencé par venir et
baptiser dans l’eau les foules de Jérusalem et de Judée. C’était un baptême de
purification. On confessait ses fautes, et on s’en trouvait lavé et purifié. Aucun
doute, Jean était convaincu des bienfaits du baptême qu’il administrait à ses semblables.
Il en savait aussi la faiblesse. Il déclarait : Un homme vient derrière
moi qui est passé devant moi, car avant moi il était, l’Agneau de Dieu qui
enlève le péché du monde. Non pas tel ou tel péché que l’un ou l’autre a
commis, de façon plus ou moins délibérée. Non pas les péchés, la compilation de
tous les péchés du monde, mais bien le péché comme tel ; le
mal pris à la racine, le mal qui s’oppose au plan de Dieu.
Frères et Sœurs, laissons-nous investir par
cette Parole inouïe de l’Évangile : un Agneau, fragile et sans défense,
sans croc pour mordre, ni griffe pour menacer, sans tanière pour
s’abriter ; blanc en signe de pureté, de douceur et de faiblesse. Voilà
que cet être de douceur et de fragilité délivre notre monde de tout ce qu’il sécrète
de violence, de tyrannie, d’absolument détestable : le péché
du monde. Pensons aux violences que des hommes infligent à d’autres, les monstruosités
de la guerre, les enfants abusés ou abandonnés, les femmes humiliées, les
malades accablés, les esclavages, les addictions les plus recuites, en un mot :
LE péché. Ces abominations, un Agneau innocent est venu et vient encore
pour les enlever et nous en délivrer.
Il s’agit bien plus que du blanchissage par
Jean Baptiste de quelques fautes dans l’eau boueuse du Jourdain. Vient
désormais l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde en sa
racine.
Désormais la faiblesse de l’Agneau a vaincu l’ignominie
du mal.
Hors des habitants de Palestine, Jésus était
inconnu à son époque, un homme sans moyen, n’ayant rien écrit, ne s’étant jamais
déplacé au-delà de deux cents de kilomètres de son village, pendant trois
courtes années de vie publique. A la même époque, César gouvernait le plus
puissant des empires et régnait sur trois continents.
Deux mille ans après, l’Empire a disparu. Les
Paroles de Jésus demeurent.
Plus encore, elles continuent à retourner les
cœurs.
Elles poursuivent la transformation du monde.
L’Agneau de Dieu enlève le péché du monde. L’Esprit
de Dieu descend sur l’Agneau comme une colombe, toute blanche, douce et fragile
elle aussi.
Jean a rendu témoignage à Jésus, Fils de Dieu.
Après lui, jusqu’à nos jours, le peuple des croyants poursuit le témoignage :
C’est lui le Fils de Dieu, l’Agneau de Dieu
qui enlève le péché du monde.
Frères et Sœurs, nous qui, deux mille ans
après la venue de l’Agneau, vivons encore aujourd’hui de la Parole dite par le
Seigneur, ne nous trompons pas d’attelage. Ne cédons pas aux vaines gloires.
Ne nous aliénons pas aux logiques de l’avoir,
du savoir et du pouvoir.
Ne nous enchaînons pas aux engrenages de violence.
Comme Jean, nous ne sommes pas dignes de le
recevoir.
Comme Jean, accueillons-le cependant, le
Christ, le Seigneur.
Écoutons sa Parole. Parole de Salut. Elle peut
nous guérir.
Il peut nous sauver. Écoutons-le.
Curé de Notre Dame de Vincennes