Lévitique 19
15 Tu ne commettras point d'iniquité dans tes jugements: tu n'auras point égard à la personne du pauvre, et tu ne favoriseras point la personne du grand, mais tu jugeras ton prochain selon la justice. 16 Tu ne répandras point de calomnies parmi ton peuple. Tu ne t'élèveras point contre le sang de ton prochain. Je suis l'Éternel. 17 Tu ne haïras point ton frère dans ton cœur; tu auras soin de reprendre ton prochain, mais tu ne te chargeras point d'un péché à cause de lui. 18 Tu ne te vengeras point, et tu ne garderas point de rancune contre les enfants de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je suis l'Éternel. (…)
33 Si un étranger vient séjourner avec vous dans votre pays, vous ne l'opprimerez point. 34 Vous traiterez l'étranger en séjour parmi vous comme un indigène du milieu de vous; vous l'aimerez comme vous-mêmes, car vous avez été étrangers dans le pays d'Égypte. Je suis l'Éternel, votre Dieu. 35 Vous ne commettrez point d'iniquité ni dans les jugements, ni dans les mesures de dimension, ni dans les poids, ni dans les mesures de capacité. 36 Vous aurez des balances justes, des poids justes, des épha justes et des hin justes. Je suis l'Éternel, votre Dieu, qui vous ai fait sortir du pays d'Égypte. 37 Vous observerez toutes mes lois et toutes mes ordonnances, et vous les mettrez en pratique. Je suis l'Éternel.
Matthieu 22
34 Les pharisiens, ayant appris qu'il avait réduit au silence les sadducéens, se rassemblèrent, 35 et l'un d'eux, docteur de la loi, lui fit cette question, pour l'éprouver : 36 Maître, quel est le grand commandement de la loi ? 37 Jésus lui répondit : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. 38 C’est le premier et le grand commandement. 39 Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. 40 A ces deux commandements sont suspendus toute la loi et les prophètes.
46 Nul ne put lui répondre un mot. Et, depuis ce jour, personne n'osa plus lui proposer des questions.
C’est aujourd’hui notre
cinquième rendez-vous dans les parvis du Temple de Jérusalem. Et c’est tout à
fait par hasard que nous aurons à méditer dans quelques instants sur deux
commandements, celui de l’amour de Dieu et celui de l’amour du prochain, qui
sont en fait un seul et même commandement, un seul commandement auquel sont
suspendus toute la Loi et tous les Prophètes. Nous ne décidons ni des choix des
textes du jour ni des événements de l’actualité. Nous disons tout de suite aux
croyants que l’indissociable unicité de ces deux commandements est une
impérieuse nécessité.
Mais avant de développer
cela, nous pensons qu’il faut consacrer quelques minutes au premier verset que
nous venons de lire… Jésus, nous dit-on, avait cloué le bec aux sadducéens. Ces
gens-là affirmaient qu’il n’y avait pas de résurrection, et pour démontrer ce
qu’ils affirmaient, ils avaient imaginé que les structures coutumières de la
parenté ne pouvant pas être reconduites à la résurrection, la résurrection
était donc impossible. Si une femme se trouvait veuve sans avoir eu d’enfants,
le frère du défunt devait la prendre pour femme et susciter une descendance à
son frère, c’est la structure ordinaire de la parenté de ce pays. Mais une
femme ayant eu successivement six frères pour mari car n’ayant eu d’enfants
d’aucun d’entre eux, ayant été six fois veuve, de qui serait-elle la femme, à
la résurrection ? Ces gens-là, qui avaient été capables d’inventer une si
sinistre histoire, Jésus les avait traités en substance de fossoyeur de
l’espérance, de passionnés de la mort, et leur avait bien rappelé que Dieu
n’est pas le Dieu des morts mais des vivants. Là où l’on joue la mort gagnante,
il ne saurait être question de Dieu.
Celui qui interroge Jésus le sait, et Jésus le sait aussi. Qu’il y ait une part d’hypocrisie dans la question posée, cela va sans dire. Et que les circonstances de l’interrogation soient mortellement dangereuses pour Jésus, nous le savons. Mais s’agissant de la réponse que Jésus fait, elle semble si simple qu’il est étonnant que, en tant que telle, elle puisse jamais déstabiliser un spécialiste de la Loi. Sauf si, pour ce spécialiste, la lettre de chaque commandement ait formellement une valeur propre et suréminente ; il y aurait alors une collection de commandements individuels considérée sans aucune connexion entre commandements, et sans processus interprétatif lié à leur mise en œuvre… Pour essayer de le dire le plus simplement possible, avec dix commandements seulement, ces dix commandements ne sont pas séparables les uns des autres, jamais ! Cinq parlent apparemment de Dieu et de l’amour de Dieu, cinq parlent apparemment du prochain et de l’amour du prochain, tous sont référés à une seule en-tête, et chacun des dix commandements ne peut être interprété qu’en lien de subordination critique avec les neuf autres. C’est ainsi que l’amour de Dieu et l’amour du prochain sont une seule et même réalité. C’est assez compliqué déjà avec seulement dix commandements ; imaginons ce que c’est avec 613… Et tout ça pour quoi ? Tout ça pour quelque chose qui tient en un petit nombre de mots, parmi lesquels se trouvent miséricorde, justice et équité. Si nous souhaitons parler sérieusement de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain, il nous faut parler de, et mettre en œuvre, miséricorde, justice et équité. Et sinon ? Il s’agira d’idolâtrie.
Il nous faut maintenant essayer de comprendre de
quoi Matthieu veut parler lorsque, dans le Temple de Jérusalem et confronté à
des maîtres de la Loi, Jésus évoque l’amour du prochain.
C’est dans le livre du Lévitique (troisième des cinq livres de la Torah – la Loi) – qu’apparaît la notion d’amour du prochain, précisément au chapitre 19. Aimer son prochain, dans ce chapitre, cela se passe d’abord entre indigènes ; le prochain est d’abord un prochain rigoureusement ethnique, c’est un Hébreu fils d’Hébreu vivant au pays des Hébreux.
L’aimer comme soi-même signifie le traiter en tout points comme un
égal, signifie que la justice doit être la même pour lui et pour vous, que les
poids et les mesures doivent être les mêmes pour tous, que si vous êtes son
employeur, vous lui devez chaque jour le salaire de sa journée de travail, que
vous êtes franc avec lui, et que vous attendez de lui la même franchise, que
vous ne cultivez à son égard ni haine ni rancune, que vous ne vengerez pas de
lui… « Et c’est ainsi, dit le texte, que tu aimeras ton prochain comme
toi-même, c’est moi le Seigneur ». Le petit mot hébreu utilisé pour parler
ainsi du prochain [רֵעַ] signifie tout à la fois
proximité et réciprocité. C’est plus qu’un voisin, c’est un égal, c’est un
frère… Et ce qu’il y a de commun entre vous est une véritable communauté de
destin et de foi, communauté ethnique, redisons-le.
Mais dans le même chapitre, il est question des
étrangers, des émigrés, c’est selon les traducteurs, de ceux qui, n’étant pas
des enfants d’Israël, vivent, et la raison importe peu, parmi les enfants
d’Israël. Il y a un autre petit mot hébreu pour les désigner, le mot [גֵּר] guèr, un petit mot qui décrit tout à la
fois l’origine étrangère de l’étranger et son désir de vivre parmi et comme les
enfants d’Israël ; ce petit mot est aussi utilisé pour parler de ceux qui,
ayant un temps abandonné la foi de leurs pères, se convertissent et y
reviennent ; il peut aussi désigner ceux qui, ayant tout ignoré de cette
Torah et de ce Dieu, choisissent un jour de vivre de cette foi et de prier ce
Dieu – et Dieu sait qu’ils étaient assez nombreux au temps où Jésus enseignait dans le parvis
du Temple. Et bien, l’amour du prochain concerne aussi l’étranger. L’étranger
est un prochain, dans toutes ses dimensions que nous avons évoquées pour les
nés natifs. Et c’est au point même qu’aujourd’hui encore, dans certaines
dénominations du judaïsme, il est interdit de rappeler publiquement à un
ex-étranger qu’il fut un étranger… « Vous traiterez l'étranger en séjour
parmi vous comme un indigène du milieu de vous; vous l'aimerez comme
vous-mêmes, car vous avez été étrangers dans le pays d'Égypte. Je suis
l'Éternel, votre Dieu » (Lévitique 19,34).
Et, avec cela, la question de savoir ce qu’est
l’amour du prochain trouve une réponse que nous saurons incarner, que nous
saurons mettre en œuvre dans la vie que nous menons. C’est un amour, vous
l’avez compris, qui est un amour pratique, sans mièvrerie, sans passion
romantique. Alors, être prochain, c’est partager un destin, c’est appartenir à
une même communauté diversifiée et en laquelle on a foi ; ça n’est pas, ça
ne peut absolument pas être un communautarisme. Et si, ici, la présence du mot
foi était insupportable aux oreilles de certains, la devise de la République
serait un credo satisfaisant. Mais, tous le savent bien, l’amour du prochain est,
dans son déploiement concret, au-delà de toutes les manières de dire.
Mais si le Christ est fils de David, comment se fait-il que David
l'appelle Seigneur? Comment David peut-il appeler Seigneur celui qui est son
descendant ? Pour la généalogie, le Christ descend de David. Mais il
existe une autre filiation que la filiation du sang. Il existe une filiation spirituelle, une
filiation selon la foi en Dieu.
Et dans cette
filiation-là, le Christ - le Messie de Dieu - existe de toute éternité. Ce que
David, «
animé par l'esprit » et
présumé auteur des Psaumes, a pressenti : « Le Seigneur - Dieu - a dit à mon Seigneur - Christ - « assieds-toi à ma droite, jusqu'à ce que je
fasse de tes ennemis ton marchepied. » David appelle donc bien Seigneur celui
qui existe avant lui et depuis toujours. Mais cette phrase exprime aussi que la
posture de Christ est d'attendre que Dieu agisse selon sa promesse. Le Christ
lui-même attend que Dieu agisse. Et même si nous le voyons, dans l'évangile,
agir tout comme il agit, il est aussi dans l'attente. Et même lorsqu'il prend
la parole et agit de lui-même, tout exaucement, tout accomplissement, ne relève
que de Dieu. C'est Lui, Dieu, et Lui seul, qui fera des ennemis du Christ le
paillasson sur lequel le Christ essuiera ses pieds. Mais Il le fera dans le temps qu'il aura choisi.
Prétendre accélérer ce processus c'est empiéter sur le domaine qui
n'appartient qu'à Dieu. C'est une profanation, voire un blasphème. Et c’est en
leur disant bien cela que le Christ cloua le bec aussi aux Pharisiens.
On est Christ, Fils de Dieu, et aussi disciple, par la foi uniquement ;
et la forme que prend la foi, au-delà des formes coutumières de la piété, c'est
l'obéissance pratique au commandement unique de l'amour de Dieu et du prochain.
Au-delà de cette obéissance pratique, Dieu, qui est Dieu, et parce
qu'il est Dieu, veille lui-même à l'exaucement de ses promesses.
A lui soit la gloire. Soli Deo
gloria
Amen
Suite à l’attentat perpétré contre Samuel Paty, Professeur d’histoire géographie : l’enseignement de la liberté ne saurait être mis en cause par quiconque.
Face à l’assassinat odieux et barbare dont a été victime Samuel Paty le 16 octobre, la Fédération protestante de France (FPF) tient à exprimer son indignation et son horreur. La défense de la liberté d’expression est l’honneur de la République. L’Education nationale en est l’un des vecteurs les plus significatifs.
Le bien précieux gagné puis transmis qu’est la liberté d’expression, de conscience et de la presse n’a rien d’abstrait bien au contraire : il s’agit du cœur battant de la République
Le protestantisme se bat depuis toujours pour cette liberté imprenable et réaffirme sa conviction que l’Evangile aussi en est l’un des fondements.
L’assassinat perpétré à l’encontre de Samuel Paty pour avoir transmis à ses élèves les fondements de la liberté et donc de la République est odieux.
La FPF exprime sa compassion à l’égard de la famille, des proches et des élèves de la victime.
L’enseignement de la liberté ne saurait être mis en cause par quiconque.
La défense de la liberté et de la République contre l’agression de l’extrémisme radical politique qui se réclame de l’Islam doit être le combat de chacun et de tous.