Etre soumis à quelqu'un : lui obéir en toutes choses. On peut aussi dire "se soumettre à quelqu'un".
Soumettre quelqu'un : l'amener à vous obéir en toutes choses.
Synonymes : dompter, assujettir, asservir...
Se soumettre à Dieu : Dieu est le maître.
Se soumettre Dieu : se rendre maître de Dieu.
Un Dieu insoumis
Raphaël PICON
Genève, Labor et Fides, 2017
Le titre de cet ouvrage posthume de Raphaël Picon (1968 –
2016) pourrait faire penser qu’il est question d’y exposer l’une des
perfections divines : l’insoumission. Pas besoin d’un ouvrage de théologie
pour cela. Et d’ailleurs toute entreprise visant à établir l’insoumission de
Dieu comme l’une de ses perfections se contredirait jusque dans ses prémisses.
Que Dieu ne se laisse pas soumettre est une idée fort ancienne, très tôt
recueillie par les auteurs bibliques. Que les humains ne cessent de tenter de se
soumettre Dieu est une idée tout aussi ancienne et très bien documentée. Quant
à ce qu’ils sont capables d’accomplir une fois qu’ils se sont soumis Dieu, pas
besoin de le décrire. Un Dieu insoumis
a une double portée, c’est un ouvrage confessant, presqu’autant qu’une
déclaration d’amour, et c’est en même temps un manuel d’autocritique destiné
aux théologiens. Comme Raphaël Picon avait, en 2001, publié Tous théologiens, on comprendra que ce
nouvel opus sera utile à chacune et à chacun. Ou du moins à celles et ceux qui
voudront s’interroger eux-mêmes sur l’usage qu’ils font du mot Dieu. L’intérêt
essentiel est que Dieu n’est pas ici une entité abstraite ou un signifiant
parmi bien d’autres. Il est ainsi envisagé, parce qu’il faut penser et
critiquer, mais il ne cesse jamais d’être, en même temps, un Dieu personnel, un
Dieu en qui l’on peut croire. La tension qui en résulte, aggravée par la
structure fragmentaire de l’ouvrage, est d’ailleurs extrême. C’est une ligne de
crête qui est suivie, sans chuter, ni d’un côté, ni de l’autre. Ces cinquante
éditoriaux parus dans Evangile et liberté
et maintenant rassemblés en un petit volume méritent donc une lecture très
sérieuse et qui sera d’un grand profit. On n’y trouvera nulle contestation
superflue du geste religieux, mais le constat toujours à renouveler que le
geste religieux est par nature conservateur et qu’il est donc nécessaire de lui
opposer « une exigence d’imagination et de créativité. » Exigence
tenue, et invitation à laquelle il faut répondre.
Meilleurs vœux à mes chers lecteurs !