Du long et très dense quatrième chapitre de l'évangile de Jean, je n'ai retenu que quelques versets, pour une courte méditation. Ce sont les circonstances qui imposaient cela. Alors ont été laissés de côté des thèmes comme l'eau vive - mais qui donc nous en donnera à boire ? Jésus nous en donnera à boire ? Mais Jésus qui ? Qui sera Jésus pour moi ? - Laissé de côté "Je le suis moi qui te parle", c'est à dire Jésus déclarant de lui-même qu'il est le Messie... Tout laissé de côté, sauf ceci :
Jean 4
21 Jésus lui dit: «Crois-moi, femme, l'heure vient
où ce n'est ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père.
22 Vous adorez ce que vous ne connaissez pas; nous
adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs.
23 Mais l'heure vient, et c’est maintenant, où les
vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité; tels sont, en effet,
les adorateurs que cherche le Père.
24 Dieu est esprit et c'est pourquoi ceux qui
l'adorent doivent adorer en esprit et en vérité.»
Méditation :
Le Père (Dieu) cherche… vous avez
bien entendu qu’il cherche, il cherche des adorateurs qui l’adorent en esprit
et en vérité.
C’est étonnant, qu’il cherche, Lui
qui sait tout, qui voit tout, qui sonde les reins et les cœurs. Et Il
cherche ?
S’il y a quelque part de tels
adorateurs, le Père (Dieu) sait où ils sont et il n’y a pas lieu qu’il cherche.
S’il n’y en a pas, il le sait et il n’y a rien à chercher.
Et pourtant, Jésus dit que le Père
cherche de tels adorateurs. Absurde ?
En mettant cette phrase dans la
bouche ô combien autorisée de Jésus, l’auteur de l’évangile de Jean s’adresse à
certains adorateurs…
Juifs et Samaritains ?
Apparemment… qui adorent Dieu chacun à sa manière, et se haïssent entre eux. L’évangéliste
s’adresse aussi à toutes sortes de gens qui se réclament de telle et telle
chapelle, Jean, ou les autres Apôtres, qui adorent Dieu et reconnaissent son
Messie, chacun à sa manière, et se détestent les uns les autres. Chacun habité
par une conscience satisfaite de soi, chacun, attaché viscéralement à sa
manière de faire, pense sans doute qu’il est, lui, celui que Dieu cherchait, a
trouvé et approuve.
Mais, pour y réfléchir seulement un
instant, si le Père (Dieu) cherche, comment quelqu’un pourrait-il affirmer
qu’il est lui-même l’un de ces adorateurs que Dieu cherche ? Comment
quelqu’un peut-il affirmer qu’il sait ce que Dieu lui-même ignore ?
A peine oserait-on dire de quelqu’un qu’il est un adorateur en esprit
et en vérité. Une telle parole serait d’une audace folle, ou elle serait un
acte de foi… Mais celui qui affirme qu’il est l’un de ces adorateurs que Dieu
cherche est un blasphémateur. Seuls le Père et le Fils – qui est Un avec le
Père – savent qui sont les adorateurs qui adorent en esprit et en vérité.
De tels adorateurs, le Fils en a cherché toute sa vie… et en a-t-il
seulement trouvé ?
Sommes-nous des adorateurs en esprit
et en vérité ? Nous ne le savons pas, nous n’avons pas à le savoir, le
Père cherche, et lui seul sait.
Mais en méditant encore quelques
instants, avec l’évangile de Jean, nous retiendrons (Jean 3), que si c’est en
esprit que nous adorons, c’est d’en-haut que cela nous est venu. Il nous faut
naître d’eau, de cette chair qui est la nôtre, de ce protestantisme qui est le
nôtre, et naître aussi d’en-haut, d’esprit. Aussi bien notre culte a-t-il son
formalisme propre auquel nous nous
donnons de tout notre cœur, espérant que, d’en-haut, quelque chose de plus nous
soit donné.
Quant à la vérité, en nous souvenant
un instant de la rencontre entre Jésus et Pilate (Jean 18), nous comprendrons
bien que c’est sans masques, sans fard et sans prétention qu’il nous faut vivre
devant Dieu et devant nos frères et sœurs les humains.
Puissions-nous adorer en esprit et en vérité. Que Dieu nous soit en
aide. Amen