dimanche 11 janvier 2015

Père infiniment bon (Marc 1,1-15) Je suis Charlie


Père infiniment bon, qui fais se lever le soleil sur les justes, nous te confions les humains qui – dans leurs vies personnelles et leurs engagements professionnels -  relèvent, guérissent et sauvent. Fais que nous nous tenions, nous aussi, concrètement aux côtés de ceux qui souffrent, pour soigner, consoler et soutenir.

Père infiniment bon, qui fais se lever le soleil sur les justes, nous te confions les humains qui ont la charge de gouverner les états et les peuples. Inspire leurs pensées, leurs paroles et leurs actes. Fais que nous nous comportions en citoyens lucides, responsables et soucieux de la dignité de chacun.

Père infiniment bon, qui fais se lever le soleil sur les justes, nous te confions les autorités des Eglises du Monde. Au-delà du nom qu’elles te donnent, qu’elles parlent de Toi et de ton Esprit avec sagesse. Ne nous laisse pas sacraliser livres, gestes ou lieux. Fais nous nous souvenir de ta parole de vie, vie pour nos semblables et pour nous-mêmes.

Père infiniment bon, qui fais se lever le soleil sur les injustes, nous te confions notre dégoût, nos peurs et nos angoisses devant la violence du monde. Ne nous laisse pas nous abandonner à la haine ou au découragement. Fais nous comprendre que notre calme, notre prière et notre compassion comptent et contribuent à l’apaisement des esprits et des cœurs.

Père infiniment bon, qui fais se lever le soleil sur les injustes, nous te confions nos ennemis, ceux que nous voyons comme tels, ceux qui se déclarent comme tels, ceux qui agissent comme tels. Libère tout homme de l’emportement et fais que la Croix de notre Seigneur Jésus Christ nous couvre de son ombre, pêcheurs que nous sommes tous. 

Père infiniment bon, qui fais lever le soleil sur les justes et sur les injustes, viens en aide à notre incrédulité et accorde nous d’aimer.
Amen

Murielle ANDRE - Jean DIETZ
11 janvier 2015

Marc 1
1 Commencement de l'Évangile de Jésus Christ Fils de Dieu:
2 Ainsi qu'il est écrit dans le livre du prophète Esaïe, Voici, j'envoie mon messager en avant de toi, pour préparer ton chemin.
3 Une voix crie dans le désert: Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers.
4 Jean le Baptiste parut dans le désert, proclamant un baptême de conversion en vue du pardon des péchés.
5 Tout le pays de Judée et tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui; ils se faisaient baptiser par lui dans le Jourdain en confessant leurs péchés.
6 Jean était vêtu de poil de chameau avec une ceinture de cuir autour des reins; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.
7 Il proclamait: «Celui qui est plus fort que moi vient après moi, et je ne suis pas digne, en me courbant, de délier la lanière de ses sandales.
8 Moi, je vous ai baptisés d'eau, mais lui vous baptisera d'Esprit Saint.»
9 Or, en ces jours-là, Jésus vint de Nazareth en Galilée et se fit baptiser par Jean dans le Jourdain.
10 À l'instant où il remontait de l'eau, il vit les cieux se déchirer et l'Esprit, comme une colombe, descendre sur lui.
11 Et, des cieux, une voix: «Tu es mon Fils bien aimé, en toi je me plais
12 Aussitôt l'Esprit pousse Jésus au désert.
13 Durant quarante jours, au désert, il fut tenté par Satan. Il était avec les bêtes sauvages et les anges le servaient.
14 Après que Jean eut été livré, Jésus vint en Galilée. Il proclamait l'Évangile de Dieu et disait:
15 «Le temps est accompli, et le Règne de Dieu s'est approché: convertissez-vous et croyez à l'Évangile.»

Prédication :
            Je me souviens, c’était il y a une quinzaine d’année, d’un culte de Pentecôte, pendant lequel j’avais imposé les mains à quelques catéchumènes. A la sortie de ce culte j’avais été accroché par un Monsieur ; voici le commencement du dialogue qui eut lieu : - C’était un beau culte… - Oui, c’était un beau culte. - Mais l’Esprit Saint n’était pas là… - Comment le savez-vous ? - Les catéchumènes n’ont pas parlé en langues… Je ne raconte pas la suite de l’entretien avec le Monsieur, un entretien qui m’attrista. La lecture du récit que Marc donne du baptême de Jésus vient raviver le souvenir de cet entretien. L’Esprit se pose sur Jésus ; Jésus ne parle pas en langues… A quels signes reconnaît-on que quelqu’un a reçu l’Esprit Saint ?

Moi, je vous ai baptisé d’eau, dit Jean le Baptiste, et lui vous baptisera d’Esprit Saint. L’on peut s’attendre ensuite à ce que l’évangile de Marc précise un peu ce que Jean Baptiste veut suggérer. On lit alors fébrilement tout l’évangile de Marc… et on en est pour ses frais. Marc ne donne aucune précision sur ce baptême d’Esprit Saint dont Jésus baptise.
Bien entendu, on peut considérer que les grands développements du livre des Actes et de la première épître aux Corinthiens viennent dire sur l’Esprit ce que Marc, lui, ne dit pas. Il est effectivement possible de construire une « doctrine biblique de l’Esprit Saint ». Mais procéder ainsi revient à faire violence à l’évangile de Marc. A trop vouloir rassembler les Saintes Ecritures en une seule doctrine, on finit par faire fi de certains textes et violence aux personnes…
Si Marc en dit si peu sur l’Esprit Saint, c’est peut-être bien pour que les choses restent simples, concrètes, et encadrées par un rite. Et puis, si l’évangile prend l’allure d’une histoire racontée, plutôt que l’allure d’une doctrine, c’est peut-être bien parce que la vie chrétienne, la vie dans l’Esprit, n’est pas affaire de doctrine, mais plutôt d’engagement.
Mais faisons pourtant le pari que Marc, en matière d’Esprit Saint, en dit plus qu’il n’y paraît. Lisons… et pensons que les réponses qu’il donne, s’agissant de Jésus, sont les réponses proposées à chaque chrétien.

L’Esprit descend sur Jésus au jour de son baptême. C’est un moment inaugural et intime. Le lecteur est fait témoin de la scène, mais le texte dit bien que c’est Jésus qui vient de lui-même, qui se fait baptiser, et qui voit les cieux s’ouvrir ; quant à la voix, qui lui dit « Tu es… », elle semble – selon certains traducteurs – n’être entendue que par lui.
Premières conclusions sur l’Esprit Saint : (1) le recevoir est un moment secret, au cours duquel quelqu’un s’entend intimement adresser une parole d’adoption «  Tu es mon Fils… » ; (2) cet événement a lieu au cours d’un rite public auquel ce quelqu’un se présente volontairement. A ces deux premières conclusions nous pouvons en ajouter, tout de suite, une troisième, comme il est écrit : lui, il vous baptisera d’Esprit Saint : (3) qui a reçu l’Esprit peut répandre l’Esprit.

Mais avant qu’il ne le répande, celui qui a reçu l’Esprit sera tenté de ne pas le répandre. Il résistera à sa vocation… Jésus fut poussé, par l’Esprit, au désert et fut tenté par Satan. Tenté de quoi ? Vivant en harmonie avec les bêtes sauvages et servi par les anges, rempli en plus d’Esprit, Jésus est tenté de garder tout cela pour lui-même. La tentation, dans l’évangile de Marc, la tentation de l’homme béni, c’est de rester seul avec lui-même. Ce qui nous conduit à une quatrième conclusion sur l’Esprit : celui qui a reçu l’Esprit éprouvera la tentation de garder pour lui-même le don qui lui fut fait. Cette tentation aura sa durée, et sera surmontée, comme nous lisons : « … après que Jean eut été livré, Jésus vint en Galilée, il proclamait la bonne nouvelle de Dieu… (4) Celui qui a reçu l’Esprit Saint éprouvera la tentation de garder ce don pour lui-même, et de cette tentation, il triomphera.

Commencement donc du ministère public de Jésus. Il prêche, il appelle des disciples, il enseigne, il envoie, il nourrit, il guérit, il polémique, il se laisse trahir, il se laisse mettre à mort, le tout sans jamais se réclamer de ce don que le ciel lui fit. D’où une cinquième conclusion sur l’Esprit Saint : (5) celui qui a reçu l’Esprit ne s’en réclame jamais, mais répond de ce don par sa parole, par ses actes, par sa vie toute entière engagée au bénéfice de l’humanité...
Et la suite du ministère de Jésus, l’activité des disciples après sa mort, leur foi concrète et agissante en sa résurrection, attestent bien – dernière conclusion – que (6) celui qui a reçu l’Esprit répand l’Esprit.
L’évangile de Marc nous en dit ainsi beaucoup sur l’Esprit Saint, beaucoup plus que nous ne le pensions. Il nous dit le moment inaugural et intime ; son lien  avec un rite ; la tentation de se retirer ; et puis l’engagement responsable ; et la continuation – Dieu voulant – du témoignage, de la vocation et de l’action.

Retour sur l’entretien qui eut lieu à la sortie d’un culte de Pentecôte, il y a une quinzaine d’années. Les catéchumènes avaient-ils reçu l’Esprit Saint ? Ils sont aujourd’hui trentenaires et font leur chemin… Dieu les bénisse et les garde !
Interrogeons-nous, maintenant, nous qui avons été baptisés. Nous souvenons-nous des cieux qui se sont déchirés et d’une voix céleste qui nous déclarés filles et fils du Très-Haut ? Non ? Le ciel ne peut-il pas se déchirer, et la voix être entendue à l’occasion d’un autre rite que nous pratiquons ? Et pourquoi pas lorsque nous partageons le repas du Seigneur ?
Cène ou baptême, ou n’importe quel autre moment, car libre est l’Esprit, il s’agira toujours d’abord de l’intimité de nos cœurs. Il s’agira toujours de la bénédiction intime de chacune et de chacun, lorsque la voix du ciel nous tutoie et nous déclare son amour.

Que chacun rentre en lui-même et se souvienne. Que chacun aussi se prépare. Et que, chacune, chacun, selon ce qu’il sait faire, selon ce qu’il peut faire, partage cette bénédiction, et répande cet Esprit Saint reçu. Le monde en a grand besoin....