samedi 18 mars 2023

Un aveugle est guéri (Jean 9,1-7) Et le lecteur, alors ?

Jean 9 :

1 En passant, Jésus vit un homme aveugle de naissance.

 2 Ses disciples lui posèrent cette question: «Rabbi, qui a péché pour qu'il soit né aveugle, lui ou ses parents?»

 3 Jésus répondit: «Ni lui, ni ses parents. Mais c'est pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui!

 4 Tant qu'il fait jour, il nous faut travailler aux œuvres de celui qui m'a envoyé: la nuit vient où personne ne peut travailler;

 5 aussi longtemps que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde.»

 6 Ayant ainsi parlé, Jésus cracha à terre, fit de la boue avec la salive et l'appliqua sur les yeux de l'aveugle;

 7 et il lui dit: «Va te laver à la piscine de Siloé» - ce qui signifie Envoyé. L'aveugle y alla, il se lava et, à son retour, il voyait.

 

Prédication : Vincennes 19 mars 2023 – AG de l’ACEPVIM

            Pourquoi ?  Pourquoi cet homme était-il né aveugle ? Le lecteur recevra une réponse. Nous laissons momentanément de côté cette réponse. Et nous prêtons attention à la question, à ce pourquoi qui appelle, peut-être même qui exige, une réponse nette et précise.

            Ce genre de question et le genre de réponse qui va avec n’est absolument pas rare dans les Saintes Écritures.

 

            Qui donc a péché pour que le roi Josias, souverain saint et en tous points exemplaire, meure soudainement alors que la protection de Dieu lui était assurée ?

            Quand et comment donc les parents ont-ils péché pour que les dents de leurs enfants se soient trouvées gâtées ?

            Qui donc avait péché pour qu’à la fin Abel fût trouvé mort ?

            Qui a péché pour que meure le premier fils de Bethsabée et de David ?

            Pourquoi 70.000 hommes durent-ils mourir de la peste après que David ait dénombré l’armée dont il disposait ?

            Pourquoi la tour de Siloé s’écroula-t-elle et tua-t-elle 25 personnes ?

            Qui donc avait péché pour que le cœur de Pharaon soit tellement endurci ?

            Qui donc avait péché pour que Moïse, après l’épisode du veau d’or, ordonne un massacre dans le peuple hébreu ?

            Qui donc avait péché pour que la fille de Jephté soit sacrifiée ?

 

            Avec tout cela, nous avons 10 questions. C’est un tout petit échantillon. Il y a quantité de questions dans les Saintes Écritures. Nous avons laissé de coté presque tout. Ce qui peut nous laisser penser que plusieurs plusieurs dizaines de questions pourraient être posées, certaines résultant directement du début d’un travail de lecture, certaines autres étant inscrites directement dans le texte. Comme la fameuse question : « Rabbi, qui a péché pour qu'il soit né aveugle, lui ou ses parents ? » Ces dernières étant en général plus prisées des lecteurs parce que la réponse suit la question… La réponse alors peut être composée d’un élément verbal : « Ni lui ni ses parents… » et d’un élément opérationnel : « il fit de la boue avec sa salive… » Ainsi, la réponse suit la question, de manière efficace, et le lecteur est content.

            Le lecteur est content, durablement satisfait, pourvu qu’il considère que l’intervention de Jésus est l’intervention d’un thérapeute compétent. Mais est-ce le cas ? L’intervention de Jésus serait celle d’un thaumaturge, d’un faiseur de miracle ? Si oui, une question se poserait de savoir d’où ce pouvoir lui viendrait-il ? Et nous – le lecteur – serions ramenés à cette liste par laquelle nous avons commencé, et dont il semble bien que nous ne puissions pas nous défaire. Et nous nous retrouvons devant nos dix question qui sont un échantillon, mais échantillon de quoi ?

 

            D’abord nous disons que, s’agissant de Dieu, nous ne pouvons pas imaginer qu’il existe toujours une réponse à ces questions que nous avons effleurée, même si c’est dans la Bible. Nous ne pouvons pas remplir les vides que Dieu – et les textes qui parlent de lui – creusent dans nos réflexions et dans nos vies. Autrement dit, lorsque nous lisons, étudions et méditons, nous ne cherchons pas à vérifier nos points de vue. Même s’il se peut qu’une vérification nous soit donnée, ça n’est pas l’objectif… cela vient par surcroit.

            Ensuite, je partage avec vous quelque chose qui est pour moi assez précieux. Dans le temple de Saint-Agrève (Ardèche) il y a, sur le mur du fond, une très belle représentation des Dix Commandements. Ça n’est pas un alignement de phrases, comme une liste de course, mais un buisson. Chaque commandement est une branche du buisson, et les branches toutes emmêlées forment ensemble les dix commandements avec – c’est essentiel – de l’espace. Ou, encore, si l’on veut, il n’y a pas de différence, entre le buisson et les Dix Commandements, mais infiniment d’espace ainsi qu’un dynamisme renouvelé.

 

 

Nous revenons à une réponse, qui va avec une question, début de notre méditation.

3 Jésus répondit: «Ni lui, ni ses parents. Mais c'est pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui!

 4 Tant qu'il fait jour, il nous faut travailler aux œuvres de celui qui m'a envoyé: la nuit vient où personne ne peut travailler;

 5 aussi longtemps que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde.»

 6 Ayant ainsi parlé, Jésus cracha à terre, fit de la boue avec la salive et l'appliqua sur les yeux de l'aveugle;

 7 et il lui dit: «Va te laver à la piscine de Siloé» - ce qui signifie Envoyé. L'aveugle y alla, il se lava et, à son retour, il voyait.