« Heureux
ceux qui ont faim et soif de la justice, ils seront rassasiés »
Nous n’allons pas évoquer seulement
Silo. Car la justice construit aussi les relations entre les personnes. C’est
la justice ordinaire, celle par laquelle peut-être tout commence et à laquelle
aussi tout revient. A-t-on faim et soif de cette justice, celle de la
fraternité quotidienne ?
Il y a toujours des actes qui
peuvent lui donner corps. La mettre en œuvre conduira à une forme particulière
de satiété, la joie, ou la paix. Ceci étant dit, nous savons que la satiété vient
après le repas, mais que la satiété n’est qu’un état transitoire. Tous les
petits actes de la justice fraternelle, dont certains sont presqu’invisibles
dans leur banalité, sont l’une des nourritures de la vie familiale, amicale, ou
communautaire. La faim et la soif de les accomplir ne peut jamais totalement cesser.
C’est en les accomplissant qu’on se rassasie d’eux.
En élargissant un peu ce premier
cadre, voici la justice qui ne regarde pas au faciès mais qui tâche de
comprendre ce qu’il y a au cœur de l’homme ; la justice qui ne juge pas
selon qu’on est homme ou femme, blanc ou de couleur, Capulet ou Montaigu… L’ancien Israël était
structuré en tribus, clans et familles. Et l’idée que ces tribus toutes
ensemble aient constitué un seul peuple et partagé un même destin ne va
absolument pas de soi, même dans la Bible qui, en matière de brouille furieuse
et de réconciliation émue, explore probablement tout ce qui est possible. La
question posée est très simple : « Qui est mon frère ? » Et
la réponse – biblique elle aussi – est simple aussi : ton frère est celui
à qui tu concèdes les mêmes droits qu’à toi.
Retour sur les droits, retour sur la
justice, mais dans un cadre plus élargi, au-delà des familles dont nous avons
déjà parlé, considérons celles et ceux qui habitent un même territoire. Faim et
soif de justice, assurément. Rassasiés ? Pensons à ceux qui frappent aux
portes d’un pays, et à d’autres qui viennent en aide à ceux qui vivent dans la
rue. Seront-ils rassasiés, un jour ? Chaque demande, et chaque engagement,
même s’il relève de la même justice, demande à être évalué pour lui-même. Mais
pour tous, sur l’horizon, la justice est accomplie, et la proclamation est la
même.
Même lorsque les prédicateurs de la fin prochaine et du chaos font entendre leurs voix criardes, nous espérons en une justice universelle qui rendra possible la réconciliation entre tous les peuples, et tous les humains. C’est une grande espérance, la plus grande que nous puissions imaginer sur cette terre et sous ce ciel. Nous voyons certains de nos semblables se tenir ardemment à cette tâche. Nous les disons Bienheureux. Nous leur disons aussi merci.
Pasteur Jean DIETZ, 17 février 2021