1 Corinthiens 15TOB
1 Je vous rappelle, frères, l'Évangile que je vous ai
annoncé, que vous avez reçu, auquel vous restez attachés,
2 et par lequel vous
serez (êtes) sauvés si vous
le retenez tel que je vous l'ai annoncé; autrement, vous auriez cru en vain.
3 Je vous ai transmis en
premier lieu ce que j'avais reçu moi-même: Christ est mort pour nos péchés,
selon les Écritures.
4 Il a été enseveli, il
est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures.
5 Il est apparu à Céphas,
puis aux Douze.
6 Ensuite, il est apparu
à plus de cinq cents frères à la fois; la plupart sont encore vivants et
quelques-uns sont morts.
7 Ensuite, il est apparu
à Jacques, puis à tous les apôtres.
8 En tout dernier lieu,
il m'est aussi apparu, à moi l'avorton.
9 Car je suis le plus
petit des apôtres, moi qui ne suis pas digne d'être appelé apôtre parce que
j'ai persécuté l'Église de Dieu.
10 Mais ce que je suis,
je le dois à la grâce de Dieu et sa grâce à mon égard n'a pas été vaine. Au
contraire, j'ai travaillé plus qu'eux tous: non pas moi, mais la grâce de Dieu
qui est avec moi.
11 Bref, que ce soit moi,
que ce soit eux, voilà ce que nous proclamons et voilà ce que vous avez cru.
Je ne sais pas si vous
avez remarqué, nous avons modifié l’ordre de lecture des textes bibliques.
C’est un peu pour dire que l’ordre de
lecture de ces textes dans notre culte n’a rien de canonique, c’est aussi et
surtout pour essayer de nous souvenir quelques instant de plus d’un petit mot
rencontré dans la lecture des Corinthiens, un petit mot de deux lettres qui est
bien embarrassant dans le verset 2, et ce petit mot c’est si. Voici le
verset en question – il faut lire 1 et 2 : (TOB)" 1 Je
vous rappelle, frères, l'Évangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu,
auquel vous restez attachés, 2 et par lequel vous serez sauvés si
vous le retenez tel que je vous l'ai annoncé; autrement, vous auriez cru en
vain."
Première remarque, le
traducteur propose vous serez sauvés si… mais
le verbe n’est pas au futur. La question du salut n’est pas pour Paul une
question sur le futur, mais sur le présent donc vous êtes sauvés si… le verbe est au présent.
Deuxième remarque, le
texte signifie que vous n’êtes sauvés que si vous retenez l’Évangile,
question de mémoire peut-être, ou encore vous n’êtes sauvés que si vous
vous en tenez totalement et exclusivement à l’Évangile. Mais quel Évangile ?
Troisième remarque, quel
Évangile ? Nous pouvons penser – et le texte nous y porte, qu’il n’y a
qu’un seul Évangile. Il n’y en qu’un seul, nous pouvons souscrire, mais il
semble que du temps de Paul il y en ait eu plusieurs, disons plusieurs textes
circulaient qui se prétendaient, et plusieurs personnes pour soutenir plusieurs
textes. Et là-dessus, Paul se prononce : un seul témoin est le bon :
le sien. Bon, cela signifie le salut maintenant et sans délais pour quiconque
croit… mais croit quoi ? Nous allons trop vite.
3ème bis :
Un seul texte est le bon selon Paul, et si l’on se cramponne à ce texte (si
vous le retenez, si vous vous en tenez à lui), alors c’est comme ça qu’on est
sauvés. Alors voilà le texte de nouveau (s’il faut s’y tenir) " 3
Je vous ai transmis en premier lieu ce que j'avais reçu moi-même: Christ est
mort pour nos péchés, selon les Écritures. 4 Il a été enseveli, il
est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures."
Premier témoignage de
l’Évangile, scripturaire, et les Écritures sont donc unanimes, selon Paul, pour
affirmer la Résurrection. Mais où le lit-on dans le Premier Testament ? Ce
qui fait que le premier témoignage de l’Évangile ne peut faire l’économie d’une
étude sérieuse et d’une méditation profonde des Écritures. Croire ?
Croire, c’est étudier, croire, c’est méditer.
3ème ter :
Mais ça n’est pas tout, car il vient ceci : (Jésus) " 5 Il
est apparu à Céphas, puis aux Douze. 6 Ensuite, il est apparu à plus
de cinq cents frères à la fois; la plupart sont encore vivants et quelques-uns
sont morts. 7 Ensuite, il est apparu à Jacques, puis à tous les
apôtres. 8 En tout dernier lieu, il m'est aussi apparu, à moi
l'avorton. …" Croire donc c’est croire la Résurrection, croire le témoignage
des témoins des apparitions comme si ces témoignages faisaient partie des
Saintes Écritures. Le geste de Paul est bien ajusté, si judicieusement pensé,
qu’il ne va pas laisser le moindre espace à ceux qui affirmeraient l’avoir vu
et que ça leur vaut autorité. En somme, il n’y a pas de spectateurs de la
Résurrection, il n’y en a que des témoins. Et la Résurrection, en tant que
sainte écriture, s’étudie et se médite,
Quatrième remarque :
Pourquoi être sauvé suppose-t-il qu’on s’en tienne à Paul et à sa manière ?
Nous avons effleuré déjà la réponse. Paul, résumant tout son message au
témoignage des Saintes Écritures et au témoignage de témoins de la
Résurrection, le résume à deux choses, deux pôles qui n’appartiennent à
personne, ou encore à deux antagonistes : la continuité pour le texte
biblique, et la singularité pour le spectateur de la Résurrection :
4ème bis :
Et sauvé de quoi ? Ceux qui ne sont propriétaire de rien sont, si l’on
veut, libres comme l’air. Propriétaires de rien ni de personne. Et alors,
l’Évangile selon Paul aux Corinthiens serait un Évangile de la liberté, et
d’amour.
Mais tout cela sous une
clause que nous avons lue et déjà rappelée. La voici une fois encore :
" 1 Je vous rappelle, frères, l'Évangile que je vous ai
annoncé, que vous avez reçu, auquel vous restez attachés, 2 et par
lequel vous êtes sauvés si vous le retenez tel que je vous l'ai annoncé;
autrement, vous auriez cru en vain."
Ce salut donc, même s’il
est en quelque manière toujours donné et reçu par grâce, est toujours menacé,
et doit être entretenu. Ça fait un peu bizarre, de dire qu’il faut un entretien
du salut. Ça sonne un peu comme si le salut était un véhicule, ou comme s’il
était totalement l’être humain, cette machine humaine totalement concrète et
totalement dans le monde, en somme soi-même qui serait perpétuellement menacé
d’une dérive consumériste, et qu’il faudrait sauver de la gloutonnerie,
spirituelles. Parce que si le salut de notre âme immortelle relève de la
puissance du Dieu créateur, le salut de nos personnes relève bien – selon Paul
– de nous-mêmes. Amen